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Le Congo-Brazzaville continue de subir de manière fulgurante les conséquences dévastatrices de la crise alimentaire mondiale actuelle. Chaque jour, les prix des denrées alimentaires de base s envolent de façon hallucinante. Même les biens alimentaires produits au Congo, comme la farine de manioc (foufou), le poisson frais d eau douce, le poisson fumé, l igname, la pomme de terre, la patate douce, la banane plantain, l ananas, la papaye, l avocat, la banane douce, coûtent horriblement cher et ne sont plus à la portée de la bourse du plus grand nombre.
Par exemple, le prix du sac de farine de manioc est passé de 10.000 F CFA à 40.000 F, celui du litre d huile végétale, de 650 F CFA à 1.950 F, celui du kg de viande bovine avec os, de 2.500 F CFA à 4.000 F, celui du kg de viande bovine sans os, de 3.000 F CFA à 5.000 F, celui du kg de poisson Mosseka ou de poisson Corvina, de 2.000 F CFA à 2.800 F, celui du kg de cuisses de poulet, de 1.000F CFA à 1.500 F, celui du manioc de voumba, de 500 F CFA à 1.500 F, celui du manioc Yaka, de 1.000F CFA à 2.500 F, celui du sac de charbon, de 2.000 F CFA à 7.000 F, etc.
Ces hausses abusives des prix des produits de base impactent très gravement le pouvoir d achat déjà dérisoire des populations qui nen peuvent plus. Le nombre de Congolais en situation de pauvreté extrême s accroît à une vitesse folle. Les salaires, les pensions et les bourses ne sont pas indexés sur l inflation. Les conditions de vie des couches populaires empirent chaque jour davantage. L écrasante majorité des Congolais ne mangent plus à leur faim.
Face à cette situation terrifiante, le gouvernement qui avait prétendu à grand renfort de propagande, qu il avait élaboré un plan de résilience d un coût global de 128 milliards 300 millions de francs CFA, (pour les douze prochains mois) et pris une batterie de mesures, aux fins de garantir dans l immédiat et à court terme, les approvisionnements en biens alimentaires, stabiliser les prix des produits alimentaires de base et renforcer la production nationale en matière alimentaire, à l effet de dynamiser l offre alimentaire et agricole, le gouvernement disions-nous, est totalement invisible sur le terrain et ne fait absolument rien, en vue de concrétiser ses promesses mirobolantes contenues dans le plan de résilience. Les actions et les financements ne suivent pas les discours ronflants.
Toute honte bue, le Premier ministre, Collinet Makosso, a eu le front de déclarer publiquement à la tribune de l Assemblée Nationale, le jeudi, 17 novembre 2022, que « le gouvernement est à la manœuvre », alors que dans les faits, il s illustre tristement par son impuissance et son incapacité à soulager les peines des populations, en opérationnalisant des mesures concrètes de lutte contre la vie chère et contre la crise alimentaire. De son côté, le parlement croupion reste étonnamment muet comme une carpe, face au drame de la flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité qui érode de manière implacable le pouvoir d achat des populations.
La paupérisation très préoccupante des populations, aggravée par l inflation galopante, laisse indifférent l Etat/PCT, uniquement préoccupé par son maintien à la barre, quoi qu il en coûte. Le renchérissement des prix des denrées alimentaires de base constitue une véritable catastrophe pour les couches populaires et déshéritées. Pour juguler la flambée des prix, il est impératif de mettre en œuvre dans l urgence des mesures concrètes, appropriées et fortes, parmi lesquelles on peut citer :
le blocage temporaire, des prix de certains produits alimentaires de base, tels : la farine de manioc (foufou), le poisson frais deau douce, le poisson fumé, le poisson salé, le poisson de mer congelé, la volaille, la viande bovine et porcine, la banane plantain, l igname, la pomme de terre, la patate douce, l huile de palme, l huile végétale, la farine de blé, les fruits et légumes ;
la défiscalisation de tous les intrants, équipements et accessoires des filières agropastorales et halieutiques, à l exception des taxes communautaires ;
l instauration d un contrôle permanent des prix par des agents assermentés des services compétents, dans les marchés forains et domaniaux, les gares routières, les ports secondaires, les grandes surfaces, les magasins ;
la prise de sanctions
conséquentes à l encontre des opérateurs économiques qui se rendent coupables d augmentations abusives et illégales des prix des denrées alimentaires de base ;
la baisse du coût des péages sur la route nationale n° 1 (Pointe-Noire-Brazzaville).
A titre de comparaison, au Cameroun, les frais de péage pour une voiture ordinaire sont fixés à 500 francs CFA, alors qu au Congo, ils s élèvent à 1500 francs CFA ;
la réduction du nombre des péages et la nationalisation de la Congolaise des routes ;
la levée des barrages routiers érigés le long de la route nationale n° 2 (Brazzaville-Ouesso), barrages aujourdhui transformés en hauts lieux d arnaque des commerçants par des fonctionnaires véreux ;
la lutte effective contre la corruption et la concussion ;
l harmonisation des contrôles entre les administrations et la suppression des nombreuses taxes illégales, instituées par certains services de l État dans les marchés forains, domaniaux, les gares routières, les ports secondaires et les magasins ;
l accompagnement financier et technique par les pouvoirs publics, des producteurs locaux agropastoraux et halieutiques ;
la promotion et le renforcement des capacités des structures de production d aliments de bétail et du poisson ;
l ouverture et l entretien des pistes agricoles et des routes secondaires, pour faciliter l évacuation des produits des bassins de production vers les centres de consommation ;
la réhabilitation de la voie ferrée et l acquisition de nouveaux trains- marchandises ;
le dragage des cours d eaux navigables et l acquisition de bateaux de transport des marchandises ;
l appui financier et technique de l État au développement de l industrie agro-alimentaire ;
l amélioration significative du pouvoir d achat des Congolais et l indexation des salaires, des pensions et des bourses sur l inflation ;
la constitution de stocks de sécurité en produits alimentaires de base ;
la mise en place d un Comité de suivi, de contrôle et dévaluation de l exécution des mesures énumérées supra.
Si ces mesures incontournables ne sont pas mises en œuvre dans l urgence, la crise alimentaire et l envolée des prix des denrées alimentaires de base vont s approfondir davantage et aggraver considérablement la situation sociale déjà épouvantable des populations. Un tel environnement mortifère est explosif et de nature à engendrer des conflits socio-politiques aux conséquences dramatiques.
Pour conjurer le retour d épreuves tragiques dont le peuple congolais a pâti dans un passé récent, il est urgentissime que le gouvernement congolais accorde ses actes à ses paroles, en traduisant en actes concrets, son fameux plan de résilience. Il y va de sa crédibilité, mais aussi et surtout, de la survie du peuple congolais et de la paix sociale en République du Congo.
Fait à Brazzaville, le 25 novembre 2022
La Conférence des présidents
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