Congo-Brazzaville : Stratégies pour sortir d’en haut
Par Ghys Fortune BEMBA DOMBE
Cohésion, solidarité, unité nationale, patriotisme, conscience et valeurs, sont le leitmotiv que toutes les intelligences des grands pays actionnent pour enrayer le Covid-19 et se projeter vers l’avenir, le bien-être harmonieux des populations et le développement. Certes, au Congo des discours se tiennent dans ce sens, mais sur le terrain, le tribalisme, les crocs en jambes et les antivaleurs grippent encore la machine.
Tribalisme, crocs en jambes et les antivaleurs
Face à la crise sanitaire et économico-financière que traverse le Congo, quelques esprits subtils ne cessent de polluer l’atmosphère. Pourtant, dans son message sur l’état de la Nation prononcé le 29 décembre 2018 devant le Parlement réuni en Congrès, Denis Sassou Nguesso déclarait : » Face aux antivaleurs, il n’y aura ni boucher de protection pour les uns, ni rampe de sanctions pour les autres. Il n’y aura ni menus fretins, ni gros poissons, tout se passera dans la nasse de la justice ». Curieusement, le ministre Gilbert Ondongo a été nommé Coordonnateur de la Task Force de lutte contre le Covid-19 alors qu’il est pointé de doigt par les champs lexicaux récurrents des articles des médias et des services de police qui planchent sur diverses magouilles. Que peut-on s’attendre d’un monsieur qui a mal géré l’allocation spéciale attribuée aux sinistrés de l’explosion du 4 mars 2012 mais aussi, qui n’a pu justifier la disparition mystérieuse des 14000 milliards des fonds des générations futures ? Que dire de divers scandales qui collent à la peau de Gilbert Ondongo ?
Parlant des scandales qui secouent le Congo, plus d’une personne ne comprend pas comment et pourquoi le premier don du milliardaire chinois Jack Ma aux Congolais s’est retrouvé à la présidence de la République, dans les départements ministériels et auprès des dignitaires du pouvoir de Brazzaville alors que le corps médical et la population en a besoin. Drôle de similitudes, en ces temps où les vols sont rares, les frontières sont fermées et les fournisseurs hyper saturés, les dignitaires du pouvoir de Brazzaville font des dons qui ressemblent à ceux envoyés par Jack Ma à tous les pays africains dont le Congo.
Comment la ministre des affaires sociales Ndinga Nzondo, à la place de monter une banque alimentaire avec la cagnotte de la Banque mondiale et autres destinée à soulager les populations en ces temps de Covid-19 préfère se baser uniquement sur la liste établie du projet Lisungui ? Ignore-t-elle que le Covid-19 fait beaucoup de chômeurs et augmente le nombre des ménages pauvres ?
Qu’est ce qui fait courir les ministres Ebouka Babackas, Ondongo et le président Sassou Nguesso pour se précipiter dans un recensement général de la population et de l’habitation en plein Covid-19 ?
En sus, les Congolais que nous avons interrogé sont dubitatifs que les 57 milliards des francs CFA versés par la société pétrolière Perenco destinée à la dépollution des sites à la fin des activités dudit société ne prennent pas la tangente. De même, rien ne rassure que le décaissement des bagatelles annoncé au cours du dernier conseil des ministres du 22 avril 2020 pour achever deux hôpitaux et acheter du matériel de recherche scientifique ne termine pas dans les poches des tiers ?
Les interrogations des populations se justifient quand on sait qu’au Congo, comme dans un trou noir cosmique, le moindre franc qui côtoie l’horizon des évènements est siphonné par les hommes du pouvoir pour ne plus jamais apparaitre sur le sol national. On le retrouve dans le monde parallèle: les paradis fiscaux, les trusts, les villas, etc. Sinon, comment expliquer que nonobstant les milliards décaissés, aucun des douze hôpitaux n’est terminé et le système de santé en général reste très déficitaire au Congo.
Tribalisme, crocs en jambes et fakes news
Le tribalisme, les crocs en jambes et les fakes news ! Oui, on doit encore en parler comme une hydre dans l’eau, vue la kyrielle des conséquences qu’ils génèrent. S’il est une équation que M. Sassou et toute l’élite devraient résoudre impérieusement, c’est le tribalisme, la promotion et la protection des compétences : 7/10 des dirigeants au Congo ont pour directeurs de cabinet et conseillers de premier plan, les ressortissants de leur ethnie. Les cadres promus à des postes de responsabilités ne cessent de subir des pressions et divers pièges. Tenez, selon nos informations, une officine qui craint le remplacement à la tête de la police du général Ndengué par le Colonel Obami Itou aurait mis en chantier des pillards et des bandits pour éventrer des magasins, braquer, créer le désordre çà et là, question d’ébranler le moral de la nation. Cette information semble se vérifier. La preuve, le tortionnaire – assassin – pillard et tristement célèbre lieutenant Ata et ces hommes, bras séculiers du général Ndengué refusaient d’obtempérer aux ordres de leur chef hiérarchique. Et puis, comment expliquer qu’à chaque fois qu’on parle de la relève du général Ndengué, des actes de banditisme ressurgissent au vu et au su de ces collabos qu’il a positionnés partout ? Après des grèves lancées dans les hôpitaux de Loandjili et d’Oyo, il était annoncé sur plusieurs plates-formes des sit-in devant les sièges de l’Arpce, Congo – Télécom et Airtel dans le seul but en réalité de nuire aux directeurs généraux Castanou et Sakala (ressortissants du sud-Congo). Comment vouloir paralyser un secteur clé de développement comme le numérique ? Le docteur Vital Ebelebé qui a fait ses preuves en dirigeant des grands hôpitaux au Sénégal, au Gabon, etc. malgré les efforts qu’il fournit pour redorer le blason de l’hôpital de Loandjili, subit des croques en jambes. Des indiscrétions font état aussi, des Sénateurs qui seraient pointés du doigt pour avoir dénoncés les contrats de partage de production Kombi, Likouala, Libondo II et Émeraude à la société pétrolière Pérenco. La liste des cadres qui sont mis au placard au profit des médiocres n’est pas exhaustive. Les crocs en jambes sont encore plus graves entre les ministres, les parlementaires et autres d’un même bloc qui se donnent des tacles. Par ailleurs, les internautes ne devraient pas prendre pour argent comptant, tout ce qui existe sur les réseaux sociaux car, il y a plus du faux que du vrai.
Comment sortir d’en haut ?
« Il faut sortir de la crise par le haut, disent les gens bien placés. Nous pensons exactement l’inverse : quand c’est du haut que vient le chaos, c’est par le bas qu’on en sort ». S’il est vrai que l’Exécutif est en train de procéder au ‘‘retro – pédalage’’ recadrer les choses pour sortir le Congo des crises sanitaires et économiques, cependant il sied de dire que le Congo n’est pas pauvre, il n’est non plus dépourvu des moyens financiers et des compétences requises, mais c’est l’amour du prochain et de la patrie qui fait défaut. Le plus grand Best-seller de tous les temps nous apprend à ce sujet que le vrai amour est patient, il est plein de bonté, il n’est pas envieux, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité, il espère tout. Ces temps de confinements devraient changer notre logiciel mental.
Ghys Fortune BEMBA DOMBE
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