Interview de SASSOU NGUESSO » Seul Dieu peut le détrôner » ,
c’est l’arrogance du dictateur zélé »
Par Jean-Claude BERI

Après son passage sur l’une des télés françaises, en particulier TV5, le dictateur SASSOU déroule son mensonge habituel toute honte bue. Sassou devrait être en train de boire son petit-lait, savourant un autre trophée sur son long chemin de règne parsemé de cadavres et de trafic odieux. Sur les questions des prisonniers politiques et sur les affaires financières Panama et Pandora Paper’s, le despote, n’a trébuché qu’une seconde avant de retrouver très vite ses réflexes d’assassin-pilleurs et apporte une réponse qui est simplement un renoncement aux valeurs républicaines, une vision caricaturale de l’état et une fénéantise intellectuelle mit en selle pour des lendemains illusoires.
Pas concerné pour le malaise grandissant des classes moyennes au Congo, ou le sentiment d’abandon des populations terrassé par une misère asphyxiant d’un côté et une castre insolente qui s’est emparée des richesses nationales et qui continuent à les priver même de l’air de l’autre.
L’opposition plongée dans une situation de mort annoncée affiche sa faiblesse. Au risque d’ajouter à la confusion ambiante et de jeter le trouble, en pleine convulsion de cette opposition, l’heure est grave. Pendant que SASSOU déroule son plan machiavélique l’opposition, selon moi, continue de patauger dans le déni. Pour cela, on peut citer trois erreurs mortelles : le renoncement, par aveuglement et calcul politique, aux valeurs républicaines ; une vision passéiste, caricaturale et idéologique de la politique ; une paresse intellectuelle qui l’aurait réduite au silence à coup de corruption massive sur ses thématiques de prédilection : lutte contre les inégalités, défense des droits humains, école ou laïcité et les violations et pour finir à la confiscation des richesses nationales. Tout est hachuré, détruit et galvaudé, le Congo n’est plus un pays respecté dans le concert des nations.
SASSOU qui use d’un sens aiguisé dans la provocation et le dénigrement n’hésite pas de plaisanter sur la vie des braves compatriotes embastillés ou lâchement assassinés, espérant faire bouger les lignes pour voir les réactions de ceux qui souhaitent dans un proche avenir un coup d’état au Congo. Mais la politique à la hussarde, hyperactive, est au final plutôt stérile. Le monde bouge, sauf SASSOU qui est resté immuable . L’opposition ne se laissera pas dicter sa conduite.
Quant à la diaspora, l’efficacité, la crédibilité, la capacité à obtenir gain de cause sur le terrain ne viendront jamais sans un minimum consensuel. Parler juste, et faire des « coups de bluff » ne sont pas suffisantes pour marquer des points, comme l’a montré le camouflet infligé à Paris par les récents voyages de SASSOU qui a finalement étalé au grand jour le petit jeu des soi-disant opposants de la diaspora.
Aucune résistance ne vaincra SASSOU dans le désordre et l’inorganisation, mettons-nous au travail.
C’est nous qui subissons l’aliénation et sommes trompés par les apparences du simulacre politique actuelle. Il faut donc sortir de la bande dessinée sassouiste en cours pour entrer de plain-pied dans le réel, de la même façon que les autres africains se réveillent, les Congolais doivent renoncent à un autre monde pervers régie par la corruption à outrance. Inutile de chercher ailleurs, dans les limbes du temps et de l’espace, ce qui se trouve ici. Le cauchemar de la modernité a déjà commencé dans un monde illusoire créé par des menteurs des charlatans politiques et qui ne se cesse de se multiplier, de se déformer vers sa propre fin programmée. Car un projet a toujours un début, un corps du projet et une fin. Or, dans ce cas précis, ceux qui ont conçu le projet SASSOU ont longtemps quitté le navire. Ceux qui ont repris le projet ne s’intéressent qu’ à la pérennisation du pouvoir sans en être conscient pourquoi ils s’y sont. Et la fin du projet est bien résumée par SASSOU lui-même par sa phrase célèbre « ALLONS SEULEMENT ». En définitif, le projet n’est plus. C’est l’amateurisme qui prédomine. Il a tout essayé , sauf ce qui marche. Si le PCT sème les graines de sa propre destruction en réprimant les manifestations d’opposants, dans cette interview où il assume tout. Le système sassou et les membres du pouvoir ont agi comme ils l’ont fait, lorsque les premières manifestations ont commencé et que les gens ont été brutalisés, ils ont perdu leur ascendant moral devant le peuple et dans tout le pays. Seulement , à quand le réveil de la refondation et réconciliation d’une opposition morcelée ?
En clair, ce qui reste de la « puissance de sassou » qui le pousse à narguer le peuple en affirmant que seul Dieu peut le détrôner, c’est sa paranoïa aiguë qui fait plonger le pays dans la peur de la torture depuis 1997 et entraîne de très nombreuses disparitions de journalistes et d’opposants, c’est l’arrogance du dictateur zélé. Ce même peuple dont sassou se moque aujourd’hui l’a déjà humilié et chassé du trône. Cette arrogance dont se targue sassou repose sur des troupes ethnitisés, à la capacité militaire douteuse, exige d’exceller dans les rapports de force. Sans les diplomates français SASSOU n’est à l’aise sur aucun domaine à part armer une milice pour tuer son peuple. L’opposition doit intégrer qu’elle faille devoir prendre des décisions difficiles pour la sortie de la crise politique, tout en appelant les Congolais à ne pas avoir une vision catastrophiste de la situation du pays..
Jean-Claude BERI
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