Le Gaz congolais remet en selle monsieur Denis Sassou Nguesso à Paris.
Le Gaz congolais sent le soufre !
Par Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

C’est le retour en grâce de monsieur Denis Sassou Nguesso à Paris à cause du gaz congolais. Hier pestiféré à cause de sa dictature au Congo-Brazzaville, monsieur Denis Sassou Nguesso se retrouve dans les petits papiers de la France en proie à des difficultés énergiques.
Dans une constance machiavélique, Paris applique sa maxime héritée du Général de Gaulle en politique étrangère vis-à-vis de ses anciennes colonies : « la France n’a pas d’amis mais des intérêts ». Le ton est donné.
Tous ceux qui pensaient jusqu’alors que la France était le pays de droits de l’homme doivent se réveiller. La France qui interdit de séjour sur son territoire une militante africaine et qui annule le visa d’un autre militant africain, préfère recevoir en grande pompe le dictateur Denis Sassou Nguesso en lui déroulant son tapis rouge au Palais de l’Élysée. Monsieur Denis Sassou Nguesso est ce nègre de maison qui affirma jadis qu’il était le Président du Congo-Brazzaville pour défendre les intérêts de la France. Quelle absurdité ! Le Président français défendrait-il les intérêts des Américains en France ? Si c’est le cas, cela vaudrait à ce dernier une destitution en bonne et due forme pour haute trahison.
Un ancien colonisateur peut-il se prévaloir d’être le défenseur des droits de l’homme ? C’est Anatole France qui disait : « Ne perdons rien du passé. Ce n’est qu’avec le passé qu’on fait l’avenir ».
Monsieur Denis Sassou Nguesso a tellement défendu les intérêts français au Congo-Brazzaville, qu’il a déclenché le 5 juin 1997 une guerre contre le peuple congolais qui fit 400 000 morts soit un dixième de la population congolaise pour sa deuxième accession à la magistrature suprême. Le pétrole rouge de Total servi en France est mélangé au sang des martyrs congolais. Ce drame congolais, un crime de guerre, n’est nullement évoqué dans les médias officiels français ou occidentaux car à défaut d’être des chairs à canon comme pendant la première et la deuxième guerre mondiale, la mort des millions d’Africaines et d’Africains est un détail de l’Histoire de l’humanité tant que la France et l’Occident peuvent avoir de l’énergie et continuer à se moderniser.
Nous allons maintenant écrire et enseigner notre histoire nous-mêmes.
La guerre que se livre la Fédération de Russie et l’Ukraine a rebattu les alliances stratégique et géopolitique à travers le monde. La guerre froide a laissé la place à différents mondes qui s’affrontent avec notamment un bloc autoritaire et/ou religieux et le modèle occidental. Les dictatures africaines sont enclines à suivre le modèle autoritaire qui leur promet une conservation du pouvoir ad vitam aeternam. Le Congo-Brazzaville en fait partie.
Les guerres économiques prennent la place des guerres idéologiques d’antan. Déjà mal en point en Afrique de l’Ouest, la France ne veut pas perdre le Congo-Brazzaville sa vache à lait, même si le croque-mitaine qu’ils ont créé tente de leur échapper.
Le Congo-Brazzaville, ce pays situé en Afrique centrale, qui nous fait honte en tant qu’État voyou (Rogue State), à l’avantage pour les Occidentaux d’avoir du pétrole, du bois, et maintenant du gaz longtemps brûlé à faire valoir.
Dans cette course au gaz congolais dont les réserves sont immenses, Eni, la compagnie pétrolière italienne dirigée par monsieur Claudio Delcazi (président-directeur général d’Eni), époux de la soi-disant nièce du Président congolais, a un avantage indéniable devant Total, major compagnie pétrolière française. Un mélange de genre frisant le conflit d’intérêt.
Longtemps brûlé, le gaz congolais en ces temps durs pour certains est sujet à de nombreuses convoitises. La France faisant fi des droits de l’homme convoque monsieur Denis Sassou Nguesso à Paris afin de s’assurer de sa quotepart du gaz congolais.
Au Congo-Brazzaville, il y a des prisonniers politiques dont la France avait demandé la libération à travers son ministre des Affaires étrangères qui avait assuré avoir parlé les yeux dans les yeux à monsieur Denis Sassou Nguesso, sans succès jusqu’à ce jour. On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, surtout quand ce dernier est un dictateur futé, plein de malice, dont dépend la France pour la sauvegarde de ses intérêts. Même les dictateurs africains se rebiffent contre la France, car leurs crimes économiques en France ne sont plus garantis par cette dernière avec cette lutte « infâme » contre les biens mal acquis.
Le Congo-Brazzaville dispose d’importantes réserves gazières, notamment dans le permis Marine XII, mis en œuvre par Eni-Congo (41 milliards mètres cubes). Ce gaz appartient déjà au Congo-Brazzaville car il n’y a pas besoin d’exploration. Pour l’année 2023, date de début de son exploitation, le Congo-Brazzaville va écouler 4,5 milliards mètres cubes. À partir de 2024, l’exploitation du gaz congolais va augmenter.
Eni, à travers sa filiale Eni Congo, est l’opérateur du bloc Marine XII avec une participation de 65%. Les autres partenaires sont New Age, avec 25% du capital, et la société publique congolaise Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC), avec 10% du capital.
« La société italienne Eni a annoncé, le 5 août 2022, avoir acquis Tango FLNG pour produire et exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) depuis la République du Congo. L’installation flottante de liquéfaction construite en 2017 commence ses activités au second semestre 2023. La plateforme fera ainsi partie des opérations d’Eni du projet de développement de gaz naturel du bloc Marine XII. Le groupe italien indique, dans un communiqué, que la production de GNL de Marine XII devrait commence en 2023 et, lorsqu’elle sera pleinement opérationnelle, elle fournira des volumes de plus de 4,5 milliards de mètres cubes par an. »
Le silence de Total qui possède des blocs d’exploitation du gaz congolais à travers ses champs est déconcertant. Que cache-t-il ?
Le gaz congolais est un pactole qui normalement avec le pétrole devrait transformer le Congo-Brazzaville en une petite Suisse comme disait l’autre. Mais hélas comme d’habitude, monsieur Denis Sassou Nguesso et son clan transforment tout l’or congolais en plomb.
La belle embellie sur la vente du pétrole a permis au Congo-Brazzaville d’engranger des recettes faramineuses de 2000 milliards hors budget sur l’exercice budgétaire 2022 en cours, et ce n’est pas fini. Il a été privilégier de rembourser les créanciers, ceux qui détiennent la dette du Congo-Brazzaville d’environ 9 milliards de dollars, entre autres la famille Sassou Nguesso et son clan. Les Congolaises et les Congolais travaillent tous les jours sous un soleil ardent afin de payer la famille impériale congolaise détentrice d’une partie de la dette congolaise. N’oublions jamais que monsieur Denis Sassou Nguesso a dérobé sans être inquiété 14 milles milliards de francs CFA du fonds des générations futures soit au bas mot 28 milliards de dollars, environ 3 fois la dette congolaise en cours. C’est le casse du siècle.
Après la cession de 120 km² de terres arables au Rwanda pour de raisons sécuritaires liées à la survie de son régime tyrannique, la cession du gaz congolais à la France devra s’accompagner d’une contrepartie liée à une révision constitutionnelle par voie parlementaire au Congo-Brazzaville avec la création d’un poste de Vice-président de la République sur laquelle Paris fermerait les yeux.
Aucune Congolaise, aucun Congolais n’oubliera cette citation sournoise, alambiquée, prononcée avant le référendum de septembre 2015 par monsieur François Hollande tout en sachant que le but inavoué était anticonstitutionnel au regard de la Constitution congolaise en vigueur : « Le Président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre. Ensuite, une fois que le peuple aura été consulté, ça vaudrait pour tous les Chefs d’États de la planète, il faut toujours veiller à rassembler, et à respecter et à apaiser ».
L’ironie dans cette histoire tragi-comique c’est qu’après monsieur François Hollande n’avait pas pu consulter le peuple français pour un deuxième mandat, n’étant pas en mesure ni de rassembler, ni de respecter et ni d’apaiser les Françaises et les Français. C’est un Président socialiste français qui a planté le dernier clou dans le cercueil de la démocratie congolaise qu’il nous revient d’enlever.
Après avoir adoubé le fils d’Idriss Deby Itno, ce jeune homme qui tire sur la population tchadienne faisant au moins 50 morts avec une tape sur la main de la France en guise de réprobation, monsieur Emmanuel Macron serait-il prêt à favoriser ce stratagème sinistre de confiscation du pouvoir au Congo-Brazzaville ? Toujours est-il que c’est aux Congolaises et aux Congolais de prendre leur destin en main.
Qu’on se le dise, les Congolaises et les Congolais doivent d’abord défendre les intérêts du peuple congolais avant ceux de nos partenaires. Personne ne le fera à notre place. Le masque de défenseur des droits de l’homme de la France en Afrique noire est tombé. Le Roi est nu. La vie n’est pas un songe.
Le mépris de la classe politique française vis-à-vis des dirigeants de l’Afrique noire n’est plus à démonter. Le ministre congolais de l’Économie et des Finances a été reçu le 19 octobre 2022 à Bercy par le directeur général du trésor français et non pas par son homologue français soi-disant empêché. Comme le ridicule ne tue, le gouvernement congolais à travers son ministre de l’Économie et de Finances « a sollicité le soutien de la France pour plaider en sa faveur pour une réduction de manière progressive des subventions du FMI (Fonds Monétaire International), au lieu de le faire de manière abrupte ; Ce qui conduirait à la fragilisation de ménages congolais ! ». De qui se moque-t-on ? Le Congo-Brazzaville a déjà bénéficié dans son histoire de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) avec l’annulation d’une dette qui représentait 2,4 milliards de dollars en 2010 sans résultats probants pour le peuple congolais sinon qu’une gabegie à tous les étages. Le directeur du trésor français a par ailleurs plaidé en faveur de l’apurement des arriérés au profit des sociétés privées françaises présentes au Congo-Brazzaville. C’est un mélange de genre dont seule la Françafrique, cette pompe à fric, a le secret dans l’évasion des capitaux de l’Afrique noire vers la France. Dans ce système avec le franc des Colonies Françaises d’Afrique (franc CFA), point de développement pour le Congo-Brazzaville.
Le peuple congolais à travers sa jeunesse et sa société civile reste et restera le seul interlocuteur crédible des partenaires politique, économique, financier, culturel …
La pensée de Frantz Fanon, une vivifiante source d’inspiration, nous rappelle que « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ».
Pour les Congolaises et les Congolais que nous sommes, nous nous devons de remplir notre mission afin que le Congo-Brazzaville resplendisse de nouveau, en mettant en place un ordre nouveau et équitable pour tous.
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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
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