Par: Guy MAFIMBA MOTOKI
André Okombi Salissa, dix mois de détention arbitraire, prisonnier politique, prisonnier pour ses convictions.
Depuis le 20/03/2016 le régime autocratique de Denis Sassou Nguesso a été désavoué par le peuple souverain du Congo-B qui a accordé son quitus et son choix préférentiel à l’opposition pacifique et démocratique des forces vives de la nation regroupées autour de l’alliance Frocad-Idc-J3m, ce, pour conduire, en toute transparence, le redressement national.
La falsification éhontée des résultats des urnes, l’état de siège, le climat d’intolérance, la radicalité extrémiste de la raison d’État ainsi que l’obsession de conservation autoritaire et ethnique du pouvoir d’État ont conduit, par voie de fait, Sassou Nguesso de s’autoproclamer, Président du Congo-Brazzaville
André Okombi Salissa, le républicain transpartisan
Cette imposture et cette confusion, ce déni de la normalité démocratique ont installé le Congo dans une gouvernance à double légitimité : la légalité de fait et la légitimité de droit. L’une s’appuyant sur un raison politique indéfendable, celle de l’instrumentalisation et du dévoiement des résultats des urnes avec une logique d’imposition armée s’arrimant à un coup d’État contre la République, mais aussi à un coup d’Etat contre l’alternance politique, démocratique et pacifique. Telle est la légalité de fait, c’est-à-dire la liquidation de la civilisation et du consensus politique, par conséquent l’apologie de la barbarie, de la criminalité et de l’inhumanité.
Par contre la légitimité de droit, c’est celle que s’accorde à honorer le combat héroïque et vertueux du peuple souverain, mobilisé dans tout le territoire national, pas pour plébisciter un déviant, mais pour entrainer à la tête de la gouvernance alternative du pays, une alliance novatrice dans laquelle un républicain transpartisan, j’ai nommé André Okombi Salissan qui au côté de Jean Marie Michel Mokoko et Claudine Munari sont aujourd’hui ‘’prisonniers de leurs convictions’’, telle que l’affirme Friedrich Nietzsche dans l’Antéchrist à savoir : Les convictions sont des prisons.
Cette forfaiture et cette rupture historique du pacte social né de la Conférence Nationale Souveraine dont l’alternance démocratique est l’un des acquis fondamentaux, André Okombi Salissa a tenu à le défendre coute que coûte dès 2013, au sein du PCT, parti au pouvoir. Il sied de rappeler qu’en 1993, il prit la coordination du Comité d’Action de Défense de la Démocratie Mouvement de Jeunesse, le CADD-MJ, pour participer à la promotion et à la défense des idéaux et résolutions que nous avions tous acceptés à la conférence nationale souveraine de 1991 selon sa lecture politique en cette période.
En 1992 le président Pascal Lissouba est élu au suffrage universel lors des élections, libres, équitables et transparentes. En 1997, comme dans tout processus démocratique embryonnaire et balbutiant, Sassou Nguesso conçu et enclencha un coup d’Etat qui se transforma en guerre civile sanglante. André Okombi Salissa animé par un certain idéalisme se rangea du côté de Sassou Nguesso à la tête d’une unité de combat le »Front 400 ». Seul civil parmi les colonels pro-Sassou à diriger un Front militaire, ce Front 400, Okombi, on le lui reconnaît, a montré que son passage en URSS a fait de lui un homme équilibré sur tous les plans : intellectuel, politique (patron du CADD-MJ) et membre du bureau politique du PCT, le saint des saints du parti de Denis Sassou Nguesso, et surtout, militaire (Front 400).Loin de moi de sublimer cette période tragique de notre pays, étant moi-même partisan du président Pascal Lissouba.
André Okombi Salissa le dira lui-même dans une déclaration le 11/07/2015 en ces termes, je cite : .
« Un peu dans la filiation de l’ancien Président Marien Ngouabi, André Okombi Salissa sait reconnaitre ses erreurs, il ira plus loin toujours lors de cette déclaration du 11/07/ 2015 » fin de citation
André Okombi Salissa, volonté libre et autonome
La traque puis l’arrestation arbitraire de André Okombi Salissa a pour enjeu d’éliminer une volonté libre et autonome qui a rompu avec la sédentarisation ethno géopolitique du pouvoir, qui ne pense pas la problématique politique congolaise en terme de Nord/Sud, qui considère que les partis politiques ne sont pas des propriétés des individus quelconques mais des structures de débats critiques et contradictoires pour l’élévation politique de l’Etat-Nation afin de redéployer la dynamique de la totalité nationale réconciliée.
André Okombi Salissa est celui avec d’autres bien avant comme Marion Madzimba et Charles Zacharie Bowao ont commencé à faire le travail de déconstruction critique des limites objectives et stratégiques du PCT, en tentant aussi des alliances de progrès et de modernisation avec les forces patriotiques du pays. Toujours de ce registre, André Okombi Salissa, un homme de fortes convictions, patriotes et animés par l’esprit républicain, martelait dans sa célèbre phrase prononcée alors qu’il était encore ministre de la République, je cite : .
Ainsi le pouvoir autoproclamé de Brazzaville a kidnappé, enlevé et capturé André Okumi Salissa en vue de raturer le 20/03/2016 et contraindre le peuple héroïque du Congo à la capitulation pour que disparaisse la revendication de sa victoire populaire issue des urnes. Naturellement, le combat pour l’alternance démocratique enclenché en 2013 alors qu’il était en fonction, va relever le courage, le sens du sacrifice et le patriotisme d’André Okombi Salissa.
Depuis le dialogue alternatif de Diata, en passant par la campagne référendaire puis l’élection présidentielle, aujourd’hui le bras de fer politico-militaire que nous impose Sassou Nguesso, André Okombi Salissa est au cœur de toutes les batailles. Fort de ses convictions politiques, il s’est approprié la leçon du philosophe SENEQUE : . Liant la parole aux actes, ce pour notre quête perpétuelle de liberté et démocratie, il refuse et abandonne tous les privilèges liés au pouvoir pour se lancer dans la bataille pour l’alternance démocratique.
Conséquence, André Okombi Salissa était devenu l’homme à abattre par le pouvoir. Des rafles sont opérées dans son entourage. Membres de sa sécurité, collaborateurs, parents et amis subissent tour à tour la furie de Sassou Nguesso. Dans le bras de fer qui s’enclenche avec beaucoup plus d’intensité, André Okombi Salissa reste la cible privilégiée du pouvoir et paye le plus lourd tribut. Emmanuel Banangadzala et Blanchard Oba de son équipe de campagne son tour à tour arrêtés arbitrairement, le second libéré depuis. Antoine Kossaloba, Alain Ngoya Kessy et Augustin Kalakala ses plus proches collaborateurs sont portés disparus pour le premier, arrêté puis libéré pour le second, enfin Augustin Kalakala enlevé, torturé puis laissé presque sans vie devant la morgue de Brazzaville est aujourd’hui un homme en sursis. A ce jour plus de 50 personnes de ses partisans et collaborateurs croupissent encore dans les geôles du pouvoir.
Survint plus tard cette scabreuse affaire de détention d’armes de guerre collée à son jeune frère Roland Ngambou. Arrêté sans jugement depuis plus de 4 mois, torturé, celui-ci a succombé aux tortures dans les locaux de la DGST le 21/12/2016. Très affecté par la disparition de son jeune frère ainsi que les sévices et tortures infligés à ses collaborateurs, tout comme la tragédie du Pool et une certaine léthargie de l’opposition, André Okombi Salissa avait multiplié des contacts qui ont permis aux barbares du pouvoir de le localiser, ainsi procéder à son arrestation arbitraire. Entre temps, fidèle à ses convictions, il a refusé toute forme d’exfiltration du territoire nationale, arguant sa volonté d’être au côté du peuple qui souffre le martyr.
André Okombi Salissa est-ce la victime de trop de la « fatwa de SASSOU »?
Le volet judiciaire de l’affaire André Okombi Salissa commence véritablement le lundi 23 janvier, à Brazzaville, au Congo. Venu défendre l’opposant congolais André Okombi Salissa, accusé de détention d’armes de guerre et d’atteinte à la sureté de l’État, l’avocat sénégalais a été interpellé et conduit à la Direction générale de surveillance du territoire (Dgst) avant d’être relâché. Surpris par l’incident, Me Diallo a déclaré avoir assisté « au deuil du droit au Congo-Brazzaville ». Le ton est donné.
En réalité, nous sommes là dans le cadre des procès politiques dont le PCT et monsieur Sassou Nguesso sont passés maître. La cabale judiciaire, le « Deuil du droit ; ilot d’injustice, etc. » selon l’expression de Me Bouncounta Diallo avocat d’André Okombi Salissa est décryptée lors d’un point de presse à Paris le 03/03/2017. Me Bouncounta Diallo de rappeler la vacuité complète qui entoure le dossier d’inculpation de son client, André Okombi Salissa. « On nous dit que mon client a été incarcéré pour délit de flagrance. Mais alors pourquoi ouvrir une information judiciaire à l’encontre de mon client ? En matière de flagrant délit, on est directement déféré devant le tribunal et non devant le parquet ; en matière de flagrant délit, le juge d’instruction n’intervient plus », va-t-il affirmé.
Par ailleurs, l’ordonnance du juge d’instruction du 15 février dernier constitue un aveu d’impuissance, a poursuivi Maître Bouncouta Diallo, puisque le juge d’instruction lui-même avoue qu’en « l’état actuel du dossier, le modus operandi n’est pas connu » (resic). En fait, la Justice au Congo lui paraît déroutante. « Comment le ministre de la Communication, juriste de formation, peut-il affirmer que dès l’instant où quelqu’un a été condamné, il n’a plus besoin d’avocat ? C’est une situation inédite dans l’histoire de la Justice universelle », déplore l’avocat sénégalais. Pour lui, il est évident qu’au Congo « le Droit n’a pas droit de cité ». L’illustration en est donnée par le reniement de la Haute Cour de Justice : dans une loi organique de 1999, tout membre du gouvernement et tout élu jouissent du privilège de cette haute juridiction. Par conséquent, le cas d’André Okombi Salissa relève de la Haute Cour de Justice, dans la mesure où il était encore député au moment de sa capture. Et que l’acte d’accusation ne pouvait venir que de l’Assemblée nationale. « Au lieu de ça, les autorités judicaires congolaises ont procédé autrement » a soupiré l’avocat Sénégalais. A n’en point douter, le Congo souffre « d’une carence intellectuelle » (repic). « Et que si l’on veut sauver la face de la Justice, donc du Droit, il est nécessaire de convoquer le symbole et la libération immédiate d’André Okombi Salissa sera un symbole fort pour cette Justice », a-t-il conclu. (Retranscription article de BB).
Surfant en vide sidéral du dossier et privation des libertés fondamentales, l’affaire André Okombi Salissa est passée 4 juillet mardi devant la Cour suprême. Pour son avocate, Me Stéphanie Le Meignen, les droits de la défense sont bafoués. « Depuis le jour de son interpellation, il y a eu une méconnaissance totale de ses droits de la défense. Donc nous avons tenté [mardi] une fois de plus d’expliquer que ce dernier, en tant qu’inculpé, a bien entendu le droit de contester la procédure qui le concerne et qui l’amène à être placé en détention depuis cinq mois dans des conditions extrêmement difficiles. On espère que cette Haute juridiction pourra rétablir l’état de droit qui devrait exister au Congo. On a l’impression que du côté de l’Etat congolais on se cache derrière ce problème d’irrecevabilité. Ils n’ont même pas répondu sur les arguments de fond, à savoir est-ce qu’en vertu du droit pénal congolais monsieur Okombi Salissa a bel et bien droit à contester cette procédure ? L’Etat congolais n’a même pas abordé ces questions-là. Ils se sont cachés derrière cette irrecevabilité qui se base sur des arguments qui ne sont en tout cas absolument pas juridiques. On espère encore une fois que la Haute juridiction – pour une fois – se basera bien sur les textes et permettra à monsieur Okombi de se défendre correctement ».
Epilogue, la Cour suprême a ordonné vendredi matin 28 juillet à la chambre d’accusation d’examiner la requête en annulation déposée par les avocats de l’opposant André Okombi Salissa. Pour Boucounta Diallo l’un des avocats d’André Okombi Salissa : « La chambre de mise en accusation qui est logée à la cour d’appel va chercher de nouveaux magistrats qui vont nous convoquer pour que l’affaire soit évoquée aussi en tenant compte de ce que la cour a relevé comme violation de la loi. Et, juridiquement, c’est une révolution, parce qu’une Cour suprême, au Congo, dans une affaire très sensible, va déduire la chambre d’accusation. Voilà un cas typique qui doit encourager tous ceux qui croient à la force du droit et non pas à la force de la violence. »
Dix (10) mois après son kidnapping, André Okombi Salissa est toujours en détention préventive dans les locaux de la DGST dans des conditions d’incarcérations et d’isolement extrêmes. Sassou Nguesso et les siens prennent une lourde responsabilité historique et politique des maltraitances infligées aux prisonniers politiques de son régime, le peuple jugera en connaissance de cause, avec discernement et objectivité, pour que la justice, dans la République restaurée ne soit jamais bafouée. A celles et ceux qui privent André Okombi Salissa de sa liberté nous leur rappelons cette citation : ‘’Seul le corps peut aller en prison, l’esprit ne peut être prisonnier, on ne peut pas attraper le vent.’’Sahar Khalifa Artiste, écrivaine. En cette journée je dis et redis ‘’Je suis AOS ‘’Tout Bouge’’.
Par Guy MAFIMBA MOTOKI Membre du directoire de l’IDC
Représentant du candidat à la présidentielle André OKOMBI SALISSA