La parole tranchée et engagée pour conscientiser le peuple congolais à un sursaut national.
Par : Andrea Papus NGOMBET MALEWA
» Nous saignons avec le Pool »
Monsieur Andrea, vous êtes l’un des coordonnateurs du collectif « Sassoufit » qui milite entre autre pour le départ de SASSOU et la restauration des libertés bafouées au Congo-Brazzaville. Vous vous êtes fait distingué par une prise de parole tranchée et engagée pour conscientiser le peuple congolais à un sursaut national. Agé de 32, Andrea réside en France ou il est très actif dans les médias pour dénoncer le régime dictatorial installé de force à Brazzaville depuis 1997. DAC e NEWS s’est rapproché de lui pour récolter ses impressions.
DAC : Bonjour Mr ANDREA et merci de nous accorder cette interview. Vous êtes l’un des leaders du collectif « SASSOUFIT » peut-on savoir un peu plus sur ce collectif ?
Le Collectif Sassoufit est né d’une première initiative “Sassou dégage” d’Avril 2012. Il a été créé en Avril 2014 comme force pour sensibiliser et mobiliser les congolais sur la question du changement de la constitution. Il travaille à construire les conditions et à réunir les moyens pour aider les congolais à réussir une insurrection populaire.Nous avons une branche USA, CANADA, Pays Scandinaves, Italie, Europe de l’Est et des comités locaux d’action clandestin à travers l’ensemble du territoire congolais.
Nous venons de sortir notre rapport 2018 sur les violations des droits humains ayant eu lieu en 2017, j’invite les congolais à le lire. https://www.facebook.com/notes/touche-pas-%C3%A0-larticle-57/rapport-2018-sur-l%C3%A9tat-de-la-libert%C3%A9-de-la-presse-de-manifester-et-dinternet/1227589374009730/
DAC : Pourquoi le collectif avec un tel objectif ne fédère-t-il pas les congolais ?
Qu’entendez-vous par fédérer les congolais ? En Septembre et octobre 2015 les congolais sont sorties massivement avec ce #Sassoufit. Nous travaillons avec les forces républicaines du FROCAD-IDC-CJ3M en passant par le Pasteur Ntumi jusqu’à la société civile locale.
L’idée structurante d’une insurrection populaire a été difficile à admettre pour beaucoup, nous avons peut-être eu tort d’avoir raison trop tôt. La porte du Collectif est ouverte à tous les républicains désireux de travailler pour la libération du Congo. Le Collectif est un atelier de travail exigeant. Nous profitons de cet interview pour appeler à cette fédération autour d’une ligne claire, républicaine et sans concession avec pourquoi pas l’autorité morale Alain MABANCKOU comme tête de liste.
DAC : Vous vous êtes sacrifié au point d’être bastonné cet exemple aurait suffi à dynamiser l’engagement de congolais à vouloir plus de démocratie, pourquoi la mayonnaise ne prend que partiellement ?
A cause du tribalisme, des pesanteurs culturelles sur l’âge et des calculs politiciens de chacun. Nous avions choisi dès le départ la stratégie de la locomotive. L’urgence était trop grande pour attendre de convaincre la majorité des congolais que nous avions trouvé la bonne méthode pour combattre Sassou : Moins d’affichage plus de travail pour détruire les réseaux et soutiens du tyran à travers le monde et dans le pays.
De plus, les congolais même dans le malheur voulaient tester la solidité de nos convictions et la constance de notre engagement. 3 ans après, nous pouvons dire que n’ont seulement nous sommes prêt en tant que Collectif Sassoufit mais que les congolais qui savent ce qu’ils veulent rejoignent le Collectif #Sassoufit.
DAC : Votre engagement au sein du Collectif vous place au-devant de la scène quelles actions comptez-vous mener pour aplanir les dissensions qui minent la diaspora congolaise de France ?
Nous ne voyons depuis notre fenêtre aucune dissension. Les républicains travaillent en concertation de manière efficace. C’est toujours perfectible, et nous travaillons à améliorer cette coordination entre les républicains. En revanche, une alliance de façade de la diaspora n’aura pour effet que d’éteindre la voix du Collectif Sassoufit. Les dissensions en réalité concernent des gens et structures aux agendas complexes et fondamentalement antinationaux. Les résistants de la cause du Congo savent se retrouver sur l’essentiel.
DAC : Votre brillante intervention sur TV5 Afrique devrait servir de déclic pour la nouvelle génération de se prendre en charge pourquoi encore cette hésitation à couper le cordon ?
Nous sommes dans un combat de dépassement. Il ne s’agit pas de faire triompher une génération sur une autre, un clan sur un autre. Il n’y a aucune hésitation car nous n’avons aucun cordon et nous nous prenons en charge depuis le début du Collectif. C’est par l’exemple que nous travaillons. Il existe des jeunes collabo du régime comme il y a des vieux résistants et vice versa. Le Collectif #Sassoufit est indépendant et autonome, c’est la société civile qui porte un combat citoyen. Il s’agit de faire gagner le Congo de Betou à Conkouati et celà ne se fera pas sans les congolais qui sont encore sincèrement dans l’erreur au service de la tyrannie. Nous devons les amener eux aussi vers la république. C’est ainsi que nous vaincrons.
DAC : Nous savons tous que le combat pour la libération du Congo se joue non seulement en France mais surtout au Congo, sur le terrain, avez-vous des partenaires qui vous soutiennent ?
Nous avons eu des comités locaux d’action dès Septembre 2015. Nous avons des relais dans l’ensemble de la république. Avec la répression, ils sont discrets, certains sont en exil, certains en prison, hélas certains sont morts du fait de la répression de Mars 2016. Nous avons toujours besoin de plus de relais surtout en zone rurale donc je profite encore de votre interview pour lancer l’appel à tous les congolais des villes comme des villages à former des comités locaux d’actions et à prendre attache directement avec nous.
DAC : Comment le collectif pense –t-il fédérer au-delà de sa propre structure car les multitudes des associations restent un frein au combat selon plusieurs observateurs. Quel est votre sentiment ?
Fédérer sur la base d’une ligne claire. Pour nous la multitude des associations n’est un frein qu’à cause de la multitude de vision. C’est un reflet de la vitalité du débat congolais et dans ce sens c’est une bonne chose pour la démocratie. Nous laissons chacun faire son chemin jusqu’à l’épuisement puis, s’il trouve que le Collectif fait un travail particulier et efficace et souhaite le renforcer, la porte est ouverte. C’est un atelier de travail. En revanche, l’avis des observateurs français souvent est le résultat d’une paresse intellectuelle. Entre des structures qui prônent la collaboration avec le régime et par exemple le collectif #Sassoufit, il n’y a aucune fédération possible. Entre des structures à fondation tribaliste et le Collectif, il n’y a aucune fédération possible. Pourtant, le travail pour la libération du Congo avance et il va se renforcer.
Pour être encore plus clair, les 3 dernières années ont été pour faire un parallèle comme une “primaire” des structures congolaises. Aux Congolais maintenant de librement sélectionner quel est l’instrument associatif qui a la ligne la plus cohérente et la méthodologie la plus efficace pour sortir le pays de la tyrannie. A la fin que les observateurs observent, et que les acteurs agissent.
DAC : Pensez-vous installer des cellules « SASSOUFIT » ailleurs qu’à Paris ?
Nous sommes déjà en Amérique, en Scandinavie, en Italie, en Europe de l’Est et au Congo. L’oeuvre reste perfectible. La structure combattante est souvent déroutante pour beaucoup de compatriote habitué à des formes d’organisation plus formelle. Par exemple, nous ne tenons pas de réunion publique en salle, nous travaillons en flux continue sur les plateformes d’échange, etc. Nous pourrions améliorer notre capacité de levée de fonds, ça sera bien utile. En revanche, nous lançons des activités – actions – au-delà des membres adhérents : APPEL PATRIOTIQUE, ACTION PATRIOTIQUE etc. Nous invitons les congolais à se prendre en charge par des actions simples, faciles et efficaces.
Le Collectif #Sassoufit fonctionne comme un groupe de pression qui a pour mission de défendre les intérêts du peuple congolais.
Quand vous appelez un ennemi du régime, réalisée une action patriotique vous êtes dans l’esprit du Collectif #Sassoufit. Nous privilégions avant l’adhésion administrative, le fait de réagir et d’exécuter les actions patriotiques nécessaires à la libération nationale.
Maintenant nous pensons à un statut de membre-soutien avec une contribution patriotique de 10 à 50€ par mois que chaque congolais pourrait apporter au Collectif pour le permettre d’amplifier son activité. Nos coordonnées bancaires sont sur notre site internet www.sassoufit.org
DAC : Après la bataille contre le referendum, la dénonciation de la victoire de sassou aux élections de 2016 et l’embrasement du pool, le pouvoir vient de signer des accords avec le révérend NTUMI en décembre 2017, quel est votre analyse suite à ces accords ?
Nous avons réagi par dépêche AFP le jour même de l’accord pour apporter une précision fondamentale : NTONDO est un prisonnier de Sassou et n’avait pas la liberté nécessaire pour signer l’accord en faisant respecter les points non négociables du Pasteur Ntumi.
Nous avons parlé d’accord sous contrainte. La paix est une bonne chose en particulier pour nos parents qui sont déplacés depuis avril 2016. L’ONU a promis d’envoyer des experts pour superviser le cessez le feu.
Nous constatons que la crise du Pool est la continuité par les armes du Hold Up électoral et référendaire, c’est pourquoi comme le Pasteur Ntumi nous réclamons un règlement avec la communauté internationale, la libération des prisonniers politiques et le retour à la case élection après une transition.
DAC : vous êtes jeune et plein de ressources que vous faut-il de plus pour imprégner votre marque ou vous vous contentez simplement d’accompagner les leaders existants. A quand le renouveau du Congo ?
Je ne considère pas qu’à 32 ans on est encore jeune. Le combat je l’ai dit est un combat de dépassement collectif. Les leaders existants, les jeunes, les vieux, les femmes c’est ensemble seulement que nous pourrons accoucher du renouveau du Congo. Si ce renouveau n’inclut pas les leaders existants, ils le saboteront à juste titre. Si ce renouveau ne fait pas une place à la jeunesse, elle s’en détournera. L’oeuvre du Collectif Sassoufit c’est cela, c’est faire la synthèse et inclure dans son action tous les congolais épris de justice et de liberté. Nous sommes au temps de la sueur, des larmes et du sang.
Que faut-il pour imprégner ma marque ? Cette question ne se pose pas en ce sens pour moi. Que les congolais adhèrent à la vision post-ethnique et exigeante du Collectif Sassoufit, qu’ils suivent et réagissent aux actions lancées, qu’ils apportent leurs génies et leurs moyens, qu’ils ajoutent leurs relais à nos relais existants, qu’ensemble nous gagnions cette bataille de la restauration démocratique. Voilà ma marque.
DAC : Comptez-vous demain être un acteur politique ou votre engagement s’arrêtera la fin de la dictature de sassou ?
Le Collectif Sassoufit a vocation à devenir une sentinelle de la démocratie et des droits humains au Congo. Ceux des membres qui se trouveront des destins politiques nous les soutiendront sur la base de cette exigence de clarté qui nous guide. Mais c’est au peuple congolais d’en juger, si les congolais en exprime le besoin, nous serons disponible pour la République selon la forme et les circonstances qui se présenteront.
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DAC : Quelle est votre appréciation des leaders de l’opposition sur le terrain, pensez-vous mutualisez demain vos efforts ?
Nous mutualisons déjà nos efforts avec eux depuis septembre 2015, c’est cela même la particularité du Collectif #Sassoufit. Nous mutualisons aussi nos efforts avec des républicains qui sont encore dans les rangs de ce qui sert de majorité présidentielle afin de faire progresser le combat pour le Congo libre. L’œuvre reste perfectible, nous devons encore mieux mutualisez.
DAC : Votre mot de fin
Congolais, donnez au Collectif #Sassoufit les moyens d’aider le pays, suivez les mots d’ordre et exécutez les actions qui sont proposées quand vous le pouvez. C’est de la somme des petits gestes de chacun que la libération du Congo adviendra.
Merci à Dac e news .