Après les « consultations en famille » et maintenant ?

Faut-il s’offusquer de voir le nombre des voix qui s’élèvent aujourd’hui pour condamner la décision prise par  la Présidence de la République, ce 18 Mai 2015 en appelant à une consultation générale. Au regard du poids des partis et associations ayant répondu à cet appel, quel crédit peut-on accorder à ces bénis oui-oui qui les uns s’agitaient en critiquant hier la mauvaise gouvernance de Sassou et d’autres freinant l’amnésie s’empressent à aller embrasser le bourreau de la République sous prétexte de respecter l’institution Présidence de le République ? A-t-on dans cette décision visé un seul instant l’intérêt du peuple congolais?

L’entrée en scène quasiment des griots et des courtisans «aboyeurs» au service du délitement de la nation et tout particulièrement du monarque ne vise qu’un seul but, garder leur position quitte à se renier, à se fourvoyer au pire à exceller dans l’arrogance et l’infamie au détriment de la volonté manifeste de tout un peuple qui ne cesse de réclamer une justice équitable et une alternance apaisée avec le départ sans condition de Mr Sassou ?

A croire que le ciel leur est tombé sur la tête. Il y a le feu à la maison. Pour essayer d’éteindre ce feu allumé par leur propre chef qui durant 38 ans de règne ne s’est pas soucié de son peuple, ils sont tous mobilisés en créant une confusion et de loin une diversion dont ils ont tous la méthode bien apprise sous le monopartisme.  Comme on le dit souvent que «  les petits politiques sans grandeur s’accrochent au pouvoir et à ses avantages quitte à se renier et s’humilier ».

Il y a une grande injustice et une grande hypocrisie à exiger des populations assujetties par un système qui l’humilie et le ruine au point de l’appauvrir au jour le jour de se mettre en branle pour soutenir un groupe qui n’est rien d’autre que ses tortionnaires moraux. Des consultations où on ne parle ni du changement des conditions de vie, ni des maux qui minent cette société congolaise désarticulée serait-elle bénéfique ?

Cette population souvent en grande difficulté n’a jamais bénéficié des retombées économiques dont elle était  en droit d’attendre. Les malversations, la corruption galopante, l’injustice sociale inacceptable, etc, tous ces maux qui ne cessent de ravager le Congo-Brazzaville se sont multipliés au point qu’on les pense souvent comme une fatalité, comme un inévitable fléau pour les douze régions de notre pays.

Pourquoi les congolais devraient-ils se sentir aujourd’hui offenser lorsqu’on leur ouvre une porte qui leur expliquerait l’origine de leur malheur et la possibilité de pouvoir juger ceux qui les y condamnent chaque jour ? Pourquoi les congolais devraient-ils accepter d’être « condamnés » dans la misère alors qu’une infime partie d’hommes politiques  jouissent injustement d’une opulence et d’un embourgeoisement «  inexpliqués ».

Nous voilà loin de l’ambition d’un homme baptisé  « homme des masses », fervent  acteur du « chemin d’avenir » qui se découvre aujourd’hui un serviteur d’une « fuite en avant » recroquevillé derrière ses « aboyeurs » outranciers et orduriers qui se sont lancés dans le sauvetage d’un navire de plus en plus encerclé par une volonté populaire de justice. Peuvent-ils réellement corrompre tout un peuple, même avec des millions ou des milliards à leur solde pour mener ces opérations ?

D’ordinaire, dans notre pays qui «vient du fond des âges», comme  le disait nos ancêtres, les mots engagent autant que les actes. Or, il y a tout juste un an, lors de son discours d’investiture, Monsieur Sassou prônait une justice équitable pour tous, pourquoi devrait-il craindre aujourd’hui que ce principe puisse s’appliquer à lui-même et à toutes les autres personnes  sensées être concernées ?

La morale voudrait  qu’on laisse la justice du peuple se faire en toute plénitude. Pourquoi s’alarmer car la phase actuelle de toute « négociation possible » vise que la question de la gouvernance électorale. Sauf à vouloir à tout prix s’engager dans un processus de défense d’une vision sociétale clanique. Ce qui est loin d’une atteinte à la souveraineté de l’état congolais.

Congolais, cette  «  parodie de consultation » comme l’a dit si bien notre Coordonnatrice G. MALALOU KOUMBA, du CARDDL,  détrompez-vous car cette  affaire n’oppose nullement les congolais entre eux. C’est simplement une exigence démocratique et d’alternance.

C’est la preuve encore une fois que l’immoralité de certains politiques congolais  n’a pas de limite. Le peuple congolais dénonce le poids des inerties et du sectarisme clanique qui cloisonnent la démocratie congolaise.

On nous avait promis au retour triomphal, sous le poids du sang des congolais versé, un gouvernement des hommes intègres, des femmes et hommes de valeurs,  brillants par leur intelligence et leur dévouement pour la reconstruction du pays, ce qui nous a été servi est tout simplement un plat indigeste composé de multiples virus dont l’association ne peut-être que destructeur. La situation socio-économique déjà dans l’agonie permanente ne présage rien de bon avec le maintien aux mêmes postes gouvernementaux  des hommes qui ont lamentablement failli dans leur devoir. Pire encore, le pays s’enfonce dans la pauvreté chaque jour en créant des corrupteurs agissant au non de l’État pour fourvoyer les congolais intègres, comme Firmin AYESSA, directeur de Cabinet de la Présidence de la République et Hugues Ngouelondele, maire de Brazzaville pris en flagrant délit, selon les sources bien informées, de corruption en la personne de Monsieur P.M. MPOUELE.

Il ne s’agit pas ici de faire de la critique facile, histoire de vider sa panse pour plaire à certains, mais de pointer du doigt les multiples défaillances de ce pouvoir qui renvoie le pays à l’âge de la pierre taillée.

Sommes-nous fiers de voir les étudiants congolais monnayer leurs diplômes sans fournir aucun effort ? Cette pratique à la mode encouragée par les nouveaux « DOC » pourtant fonctionnaires de l’état,  se passe au vu et au su de tout le monde. Triste est de constater que cette pratique de monnayage des diplômes, s’est généralisée et a gagné toute l’école de la république : Le lycée, le collège, le primaire et même la maternelle… Cette éducation en ruine qui s’est trouvée un nouveau bienfaiteur en la personne de Denis Christel Sassou Nguesso, dit « Kiki » offrant des bourses aux étudiants congolais démunis. Ces étudiants ne sont-ils démunis que maintenant ? Où a-t-il trouvé toute cette ressource financière qui lui donne droit de se substituer au Ministère de l’éducation nationale ? Une éducation sous tutelle du fils du président dictateur. Pour les initiés, la réponse est facile à trouver. Toutefois,  on nous dit que l’éducation est en bonne voie….

Sommes-nous fiers de voir les malades se rendant au CHU d’être soumis à un vrai marchandage scandaleux avant d’être pris en charge pour un premier soin ? Cette pratique est l’œuvre des fonctionnaires de santé au service de l’état.  Pourtant, on nous dit que la santé est en nette amélioration…

Sommes-nous fiers de voir les  chiffres accablants croissant violemment d’année en année, creusant encore  plus le gouffre du  chômage des jeunes dans les villes ainsi que dans les milieux ruraux ? Pourtant un plan de réduction du chômage a été adopté par le parlement et devrait être exécuté par le gouvernement. Toutefois, on nous affirme que tout va bien…

Sommes-nous fiers de voir le pays plongé de nouveau dans les pratiques sécuritaires dignes de la Gestapo en interdisant les déplacements des hommes politiques pour des motifs fallacieux et totalement arbitraires ? Pourtant, on nous affirme haut et fort que la démocratie au Congo ne souffre d’aucune entorse…

Tous les partis et associations au sortir de leur entretien n’ont eu aucun mot sur l’effondrement de la société congolaise.

En tentant de répondre à ces quelques interrogations choisies parmi tant de maux qui minent le Congo on est, sans réserve, en droit d’admettre le constat d’échec de ce pouvoir. Les attentes placées en celui-ci n’ont pas  été atteint. Les moyens sont utilisés sans une hiérarchisation des besoins  ni un contrôle de résultat.

La nouvelle génération qui se veut  modeste et ambitieuse doit désormais prendre son destin en main. Le destin de s’engager vers des solutions innovantes, impartiales mais surtout réalistes. Pour être crédible face à la destruction quasi continuelle du tissu social par le pouvoir actuel, un nouveau visage de la politique est non seulement nécessaire mais  s’impose plus comme une exigence pour reconquérir l’adhésion d’un peuple à l’abandon. Ce renouveau doit forcément être incarné par un programme national de lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes.

Devant les discours cru et vide de toute projection concrète vers une amélioration des conditions de vie des congolais, nous avons l’obligation d’affirmer notre différence par une série  de propositions de nouvelles idées autour d’un projet convaincant.

Il me semble plus percutant et plus constructif de s’opposer à cette politique destructrice en proposant mieux et surtout en s’organisant à mettre en route les bases d’un projet de développement de demain.

A cet effet, on peut répertorier plusieurs chantiers laissés à l’abandon  et dont les infrastructures, les politiques menées depuis le retour de SASSOU accentue le déclin du Congo. On peut y noter l’économie  aux abois et gangrenée par la corruption et la politique « légalisée des 20% »  pour des marchés bidons aux objectifs invisibles et falsifiés. Les transports (routes et autres infrastructures) sont devenus des fléaux causant autant de mort qu’une pandémie grippale. La santé, laissée à l’abandon au profit de la prolifération des pseudos –cliniques des quartiers dont la déontologie des praticiens laisse à désirer. Inutile d’évoquer le sort du CHU, devenu la honte de toute une politique de Santé . Comme vous pouvez le constater la liste est longue, j’aimerais  juste qu’on s’attarde un instant sur l’un des problèmes que les congolais mettent en avant comme préoccupation primordiale : L’EMPLOI.

Les chiffres accablant s’alignent violemment d’années en années creusant encore  plus le gouffre du  chômage des jeunes dans les villes ainsi que dans les milieux ruraux.

Notre démarche ne doit pas s’arrêter à ce constat lamentable d’échec. Nous devons plutôt multiplier des initiatives dans tous les domaines pour favoriser l’emploi. Voici une série d’idées sur lesquelles notre groupe de travail s’investit.

*Réhabiliter l’école publique. L’Etat encourage la multiplication des écoles privées, dont les actionnaires ne sont autres que les mêmes décideurs  qui crucifient l’école publique. Cet état de fait favorise la désertion des talents dans l’enseignement publique au profit de l’enseignement privé. Certains enseignants  découragés par l’irrégularité des salaires quittent le secteur pour d’autres horizons plus prometteurs. En redonnant à l’école publique sa véritable place républicaine par une réelle politique de l’enseignement publique, une politique de réinsertion des cadres, des jeunes diplômés peut se mettre en place pour favoriser un retour à l’emploi dans le secteur….

*La mise en place d’un vrai service de voirie dans les grandes villes peut favoriser des milliers d’Emploi. Par exemple, dans l’aménagement des espaces verts, les collectes et les traitements des déchets ménagers…

*La législation des transports en communs (Taxi, bus etc.) dans les grandes villes en limitant l’accès aux étrangers de posséder plus de trois unités de transports et encourager l’accès aux nationaux par des réductions des charges ….

*Les entreprises immobilières quasiment léguées, sans aucune législation encadrant leur pratique, aux mains des asiatiques, empêchent ainsi le marché de l’emploi des congolais de s’émouvoir.  Nous souhaitions qu’une redistribution des postes de travail soit instaurée  dans les  grands travaux nationaux. De même l’exigence d’un contrat de transfert de compétences pour chaque chantier animé par les asiatiques….

*La mise en place  d’un vaste programme de réalisation  des infrastructures sanitaires et sociales dans les grandes villes est un réel vivier pour les emplois et pérenniseraient ceux existant déjà….

Comme vous pouvez le constater ces idées ne sont pas véritablement des innovations, juste un simple rappel de ce qui aurait dû être fait  depuis des années par des femmes et hommes qui ont privilégiés des opérations d’enrichissement personnelles au détriment de l’intérêt national.

On a choisi d’exclure les valeurs sûres, la bonne expérience, le candidat valable pour mettre en avant le cercle familial, le clan d’amis, souvent dépourvus de toutes compétences à assumer les responsabilités. C’est ainsi que la machine broie de plus en plus d’exclus talentueux encourageant ainsi les discriminations et les frustrations des meilleurs d’entre nous, les poussant  à cesser de  croire en l’avenir du Congo.

Nous sommes l’avenir  du Congo, l’espoir doit demeurer en nous en mettant toutes les chances de notre côté en construisant le Congo de demain par la réflexion saine aseptisée de toute violence.

Par Jean-Claude BERI,

Secrétaire à la Communication et Information du Comité d’Actions pour la Restauration de la Démocratie, du Développement et la Liberté. (CARDDL)