Dans la perspective de la présidentielle de 2016, Sassou ne lésine pas sur les moyens pour rempiler à la tête du Congo. Ses sécurocrates échafaudent déjà de sombres plans pour museler les plus récalcitrants des opposants dits radicaux : Okombi Salissa, Parfait Kolelas, Pascal Tsaty Mabiala, Pasteur Ntumi… Le cas Paulin Makaya étant déjà réglé.
En effet, le président du parti Unis Pour le Congo (UPC), a été mis aux arrêts, de façon éhontée, le 23 novembre dernier. Conduit manu militari au commissariat central, il a été finalement déféré à la Maison d’Arrêt une semaine après, au-delà des délais prévus par la loi. Aux dernières nouvelles, il est, entre autres, reproché au président de l’UPC de détenir illégalement des armes et d’avoir été à la tête d’une marche interdite par le pouvoir. Une histoire qui s’apparente à du déjà vu et entendu, notamment, la rocambolesque affaire dite de Jean Martin Mbemba. En ce qui concerne Paulin Makaya, la perquisition effectuée en toute illégalité par les services de police serait tombée sur deux vieux PMAK. Ce que rejette totalement la défense assurée par Maître Ambroise Hervé Malonga. « Il s’agit d’un grossier montage qui vise à justifier l’arrestation de mon client », s’en défend t-il. A ce titre, Paulin Makaya n’est-il pas victime d’une cabale ourdie par le pouvoir dans le seul but de le museler pendant la tenue de la présidentielle 2016, à laquelle Denis Sassou-N’guesso prendra sans nul doute part ? S’interrogent les fins limiers du droit.
L’histoire va-t-elle se répéter à l’approche des fêtes de fin d’année ? Le but de toutes ces arrestations en vue, spécule-t-on, est de mettre knock out ces opposants, comme l’a appris à ses dépens le colonel Marcel Ntsourou. C’était un certain 16 décembre 2013. L’ex n°2 du conseil national de sécurité a été par ailleurs présenté comme le cadeau de fin d’année de Sassou à ses partisans. Mieux, une sévère mise en garde à l’endroit de ceux que le pouvoir considère comme « fauteurs de troubles ». L’histoire va-t-elle se répéter à l’approche des fêtes de fin d’année voire de la présidentielle de 2016 ? Un plan de guerre conçu pour sécuriser la présidentielle 2016 Selon certaines indiscrétions, une valse de questions alimentées par la rumeur brazzavilloise fuse de partout. «Devons-nous aller à la présidentielle en laissant libre le quarto considéré comme dangereux ? ». « Parmi les quatre, lesquels sont supposés être les plus dangereux ? ». « Faut-il arrêter les quatre ou les intimider afin qu’ils prennent la poudre d’escampette ? ». Autant de questions qui, semble-t-il, donnent l’allure d’un plan de guerre conçu pour « sécuriser la présidentielle 2016 », ainsi qu’aiment à le dire les milieux sécurocrates de Brazzaville. C’est donc dans cette optique que s’inscrit le plan, discrètement concocté, de mise aux arrêts de Parfait Kolelas, André Okombi Salissa, Pascal Tsaty Mabiala, du Pasteur Ntumi et autres.
Une formation rapide en guérilla urbaine
Avant d’en arriver là, Sassou, en fin stratège militaire, aurait discrètement envoyé en formation des éléments commis à sa garde et d’autres, à 100 Km de Brazzaville et à 2 Km de marche du village Lifoula, où ils suivent une formation rapide en guérilla urbaine auprès des instructeurs à la peau blanche. Cette formation, confie une source qui a requis l’anonymat, devrait renforcer les capacités opérationnelles des forces de sécurité pour parer à toute éventualité, au cas où l’arrestation d’un des leaders venait à se heurter à une résistance inattendue en pleine capitale.
Leur arrestation n’attendrait plus que le feu vert de qui de droit
Sur le plan judiciaire, des correspondances visant la levée d’immunité parlementaire d’Okombi, Kolelas et Tsaty Mabiala, seraient dans les tuyaux. D’autant qu’une information judiciaire concernant les trois députés aurait préalablement été bouclée, et n’attendrait plus que le feu vert de qui de droit, lequel n’aurait pas souhaité déclencher les hostilités avant son voyage parisien de la COP21.
L’étau se resserre autour du Pasteur Ntumi
Quant à Frederick Bitsamou, alias Pasteur Ntumi, une équipe de sécurité avancée suivrait à la loupe ses faits et gestes dans le département du Pool, notamment ses déplacements entre Soumouna et Mayama. Il est également dans la ligne de mire des sécurocrates du pouvoir de Brazzaville, qui ont pris pour coup de semonce son dernier déplacement dans la capitale congolaise, lorsque Ntumi est venu s’enquérir de la situation d’encerclement du domicile de Parfait Kolelas, qu’il considère comme le « vrai fils de feu Bernard Kolelas ». N’eût été l’apaisement qui a habité en ce moment-là Parfait Kolelas, on aurait assisté à l’apparition des Nsilulu (la milice du pasteur), aussi bien dans les quartiers Sud que Nord et Est de Brazzaville. D’ores et déjà, l’étau commence à se resserrer autour du président du CNR dont un proche collaborateur, un certain Jean Claude, a été appréhendé à l’aéroport international de Brazzaville, paraitrait-il, pour, « détention de documents séditieux et de recrutement des mercenaires aux fins de déstabilisation du Congo ». Dans l’entourage du Pasteur Ntumi, on s’en moque comme de l’an quarante en criant à la « machination politique digne d’un bon film russe des années 80 ».
Okombi Salissa serait la prochaine cible
A en croire nos sources, le président de la CADD, André Okombi Salissa,est dans la ligne de mire des services. Son nom circule avec insistance comme la prochaine cible. « C’est notre prochain cadeau de fin d’année 2015 », se satisfait, non sans sadisme, un officier de police qui a requis l’anonymat. Dans les environs de son domicile sis quartier centre-ville, à un jet de pierre de la chancellerie sud-africaine, des agents de sécurité, en civil, sont postés aussi bien de jour que de nuit. Ils épient tel un chat attend une souris, tous les faits et gestes du député de Lékana. Toutes les entrées et sorties du domicile d’André Okombi Salissa passent sous les fourches caudines des services de police.
Un permis de communiquer est désormais imposé aux journalistes avant de s’introduire au domicile d’Okombi
Un journaliste du journal La Trompette, qui a voulu accorder une interview au président de la CADD, a été prié, par la police en faction, de rebrousser chemin illico presto, sinon il s’exposait, sans sommation, à une interpellation pour « complicité d’atteinte à la sureté d’Etat ». « Si tu veux aller chez Okombi, tu dois passer par la Direction générale de la police, auprès de laquelle tu introduiras une demande de permis de communiquer. Et si mon chef accède à ta demande, tu reviendras vers moi pour vérifier l’authenticité du document en ta possession, avant que je ne t’accorde le feu vert », a dit à brûle-pourpoint, un officier de police chargé d’aseptiser les environs du domicile d’Okombi.
Une zone dans laquelle un bandit ne prendrait pas le risque de s’aventurer
Selon certaines indiscrétions, il ne fait pas bon de se présenter comme visiteur du député de Lékana. Amis, parents et connaissances ont été, pour la plupart, appréhendés aussitôt après leur visite au président de la CADD. La rumeur brazzavilloise chuchote que plusieurs visiteurs d’Okombi Salissa seraient détenus. Vrai ou faux ? Toujours est-il que toutes nos tentatives tendant à vérifier cette information auprès des services habilités ont été vaines. Une chose est sûre, la zone d’habitation d’André Okombi Salissa est devenue, après la présidence de la République, la deuxième zone la plus surveillée de Brazzaville. Une zone dans laquelle un bandit de grand chemin ne prendrait pas le risque de s’aventurer.
Maradi, homme de main d’Okombi, est tombé dans les mailles du filet policier
Dans la même veine, les hommes de main du président de la CADD se plaignent d’être traqués. Maradi, l’un d’eux, a été pris comme un poulet, à 50 mètres du domicile de son patron. Selon un témoin, une de ses copines aurait été préparée par les hommes de Jean François Ndenguet. L’astuce, argumente le témoin oculaire, a été d’utiliser la fille comme appât pour le sortir du domicile du président de la CADD. Selon des informations dignes de foi, le bras droit d’André Okombi Salissa, plus connu sous le nom de Maradi, a été cueilli à froid par une pluie de coups de poings et autres traitements dégradants. Lesquels ont failli le conduire de vie à trépas.« Lorsqu’il nous a été déposé au poste de police du commissariat central dans un état jugé critique, nous avons décliné toutes responsabilités », argumente, sous couvert d’anonymat, un témoin oculaire. « C’est donc sur ces entrefaites que Maradi a été interné à l’hôpital militaire Pierre Mobengo, sous le regard foudroyant de ses gardes de corps peu ordinaires, avant d’être reconduit au commissariat central », croit savoir une source digne de foi. Pourquoi donc le pouvoir, malgré la tenue de « son » référendum controversé, accuse des signes d’énervement ? « Il s’agit ni moins ni plus que d’une stratégie de la jungle où les félins les plus puissants dévorent les plus petits, et édictent leurs lois à l’ensemble de la réserve animalière », commente un politiste congolais. Le but de ces arrestations, étant de prendre l’un après l’autre, afin d’isoler André Okombi Salissa. Ce qui permettra alors aux services de sécurité de l’appréhender sans le moindre coup de pétard.
La stratégie d’isolement d’Okombi Salissa est en marche
Avant de mettre Okombi Salissa sous clés, les services ont conçu un plan qui consiste à isoler le président de la CADD. C’est dans cette optique que l’écurie de Marcellin Elenga, ancien homme de main du député de Lékana, a publiquement renié son désormais ex mentor. Pour la circonstance, c’est le général de division Pierre Oba qui a été mis à contribution par Sassou. Il en est de même d’un certain Purhence, qui était chargé de la mobilisation dans les quartiers Nord. Selon certaines indiscrétions, il aurait finalement fait allégeance au pouvoir contre espèces sonnantes et trébuchantes. D’autres proches d’André Okombi Salissa, alias Tout-Bouge, sont dans le viseur des services. C’est par exemple le cas de Kossaloba, Augustin Kalakala… Sassou veut tenir en respect tous ceux qui osent lever le petit doigt pour le braver Ainsi qu’on le constate, les grandes oreilles et les loupes et les jumelles des services sont braquées sur le député de Lékana. « Il faut à tout prix le mettre aux arrêts avant la présidentielle à laquelle Sassou sera l’omnipotent candidat à sa propre succession », croit savoir un proche d’Okombi Salissa. Par ces actes qui puent abondamment la politicaillerie voire le gangstérisme politique, c’est-à-dire la raison du plus fort, Sassou, de l’avis d’un exégète de la politique congolaise, voudrait tenir en respect tous ceux qui osent lever le petit doigt pour le braver. Ces arrestations en vue se passeront-elles comme une lettre à la poste, c’est-à-dire sans dégâts collatéraux ?
Guy Milex M’BONDZI