Plusieurs quartiers et marchés publics de Brazzaville végètent de nos jours dans une insalubrité totale. C’est à se demander face à pareil calvaire que vivent les Brazzavillois, ce que font les autorités en charge de la Ville : le Conseil Municipal et son président, Hugues Ngouélondélé ? La réponse semble tout naturellement venir d’elle-même : « rien » ou « très peu de choses ». Les Brazzavillois ne cessent de s’interroger tous les jours en ce qui concerne la part de responsabilité des élus locaux « nommés » devant le visage écœurant que présente la ville de Brazzaville aujourd’hui.
L’incompétence et la médiocrité du conseil municipal de Brazzaville
L’inauguration du module A du marché Total de Bacongo est un bel espoir qui s’assombrit de jour en jour. Le marché Total à Brazzaville à beau être un excellent pôle d’attraction mais, elle demeure un haut lieu de l’insalubrité. Inauguré en grande pompe le 18 février 2015 par Denis Sassou Nguesso, le plus grand marché de Brazzaville et pourquoi pas du Congo, situé à Bacongo dans le 2e arrondissement de la capitale devrait faire la fierté des habitants mais surtout des commerçants qui y voyaient là le début de la fin des problèmes globaux : d’agencement des étalages et des locaux, d’insalubrité, d’hygiène des denrées alimentaires et des vendeurs, de sécurité alimentaire, des toilettes publiques, la collecte des déchets… que notre association DAC dénonce depuis des décennies.
En se rendant dans tous les marchés de Brazzaville, il y a lieu, malheureusement, à croire que l’insalubrité de nos jours fait partie intégrante des habitudes des Brazzavillois, s’érigeant en une nouvelle manière de vivre. Que peuvent-ils faire d’autre ?
A cela, c’est sans compter sur la nature irresponsable de ces dirigeants dont le mot d’ordre politique vacille entre les promesses non tenues, l’hypocrisie politique mais surtout la corruption endémique qui sont la marque de fabrique aujourd’hui du pouvoir vieillissant et amorphe de Denis Sassou Nguesso. Faut-il s’en prendre à ceux qui se livrent à dépeindre notre capitale, ou encore faut-il encourager cette critique ?
Pourtant, la réalité voudrait que l’on soit sincère avec nous-mêmes, comme nous l’avons dénoncé dans nos précédents articles (1). Faut-il laisser BRAZZAVILLE s’enfoncer de plus belle dans ce tourbillon de dégout vomitif et répulsif ?
En effet, quatre-vingt jours après son inauguration, le marché Total présente toujours un spectacle des plus désolants. Les résidents situés entre l’avenue Matsoua, Mabiala Ma Nganga, rue Bayonne et même un peu plus loin, la rue Jeanne d’Arc se disputent la palme du meilleur quartier insalubre. Le Marché Total situé dans l’arrondissement 2 Bacongo, s’étend de plus en plus loin au-delà de ses limites. Il va du croisements de l’avenue Matsoua et Mbiemo, de la gare routière à l’avenue de l’OUA jusqu’au centre sportif. Toutes les ruelles environnantes entourant le marché sont transformées en des places pour étaler des produits divers et des denrées incontrôlées. Le pire c’est qu’en partant ces vendeurs ambulants et souvent anarchiques laissent les déchets sur place polluant ainsi la vie quotidienne des résidents. On observe la présence quotidienne des immondices qui jonchent le sol et des caniveaux à ciel ouvert abandonnés et bourrés de détritus dégagent une odeur nauséabonde. Face à cela, l’on se demande parfois comment des êtres vivants parviennent à survivre quotidiennement dans de tels endroits.
Malgré l’hostilité du milieu à l’existence humaine, bon nombre de commerçants s’y installent en étalant des nappes en plastique à même le sol et vendent diverses denrées alimentaires ou autres types de repas prêts à être consommés. Tout ceci se passe sous la haute surveillance des mouches et autres insectes, vecteurs des maladies comme la fièvre typhoïde et le paludisme. Ces insectes nuisibles qui font le trajet des tas d’ordures aux denrées alimentaires sont les vrais responsables des maladies précitées. Ces commerçants et le Comité du marché ne peuvent-ils pas commencer par véritablement passer à l’acte en maintenant leur cadre de vie sain ? Ne peuvent-ils pas instaurer des campagnes de salubrité ?
De toutes les façons, il est important d’éviter de faire du plus grand marché de Brazzaville, un dépotoir, un centre de propagation des maladies. Cette lourde responsabilité incombe non seulement aux autorités municipales, au comité du marché mais aussi et surtout aux vendeurs et usagers des marchés qui sont les premières victimes de l’insalubrité.
Excepté le module A qui est encore inoccupé, les espaces assainis au sein du marché Total sont rares.
Ces faits sont observables dans tous les marchés de Brazzaville. Ces faits récurrents déjà dénoncés devraient trouver en partie leur solution par la mise à disposition des 2285 places du module A.
Le caniveau qui borde l’avenue Matsoua est bouché par les immondices jetées n’importe comment. Les eaux de pluie qui se répandent sous les étalages obligent et les gens à patauger dans la boue. Pire, les vendeurs font leurs besoins sous les tables au-dessous desquelles ils vendent les denrées alimentaires. Ceci faute de WC adéquats. Il faut y ajouter qu’ils respirent allègrement, les odeurs pestilentielles qui se dégagent.
Décidément, c’est un casse-tête que d’assurer la salubrité des marchés, à Brazzaville. On se demande où sont passés les 6 Milliards 646 millions 661 mille et 900 f CFA investis semble-t-il pour offrir un cadre vie digne aux populations et vendeurs du Marché Total ? Pourquoi Le Ministre Jean Jacques BOUYA, baptisé par les congolais « Monsieur 20% » n’est-il pas interpellé pour s’expliquer sur la non livraison du module A du marché Total ?
Comme nous l’avons suffisamment décrié, le gouvernement et les autorités municipales doivent être interpellés afin de trouver des solutions idoines aux problèmes d’assainissement du cadre de vie des marchés de Brazzaville où le sempiternel problème d’insalubrité est plus qu’inquiétant.
Pour lutter contre l’insalubrité, il n’y a pas trente milles solutions : Il faut investir dans les infrastructures matérielles et humaines. C’est justement sur ce point précis que les pouvoirs publics échouent lamentablement depuis plusieurs années.
Les commerçants rejettent la responsabilité de l’état piteux des marchés à la Mairie de Brazzaville qui prélève des taxes journalières qui sont normalement destinées à assurer l’assainissement quotidien des marchés. Le désolant spectacle des immondices prouvent à suffisance que les taxes et droits divers payés par les commerçants sont utilisés à d’autres fins par les autorités municipales.
A quand la résolution de l’épineux problème de collecte d’ordures ?
Les Brazzavillois constatent d’énormes dysfonctionnements au sein de l’administration municipale qui se distingue par l’incompétence et la médiocrité.
Comment peut-on admettre que le budget de la ville de Brazzaville qui se chiffre à plusieurs milliards de FCFA, qu’il ne puisse pas avoir un service de collecte des ordures ? Au niveau du service technique de la Mairie, aucun moyen n’est mis à profit pour assurer le nettoyage et le ramassage des immondices.
La municipalité dirigée par Hugues Ngouélondélé ne déploie aucun effort pour offrir aux Brazzavillois un environnement sain d’où l’insalubrité dans toute la ville. De nombreux Brazzavillois jettent dans la nature les immondices du fait d’absence d’un système public de collecte et de déchetteries dans la ville.
Plusieurs appels d’offres et créations de sociétés de salubrité publique ont vu le jour de façon épisodique. Ce qui fait que les résultats sur le terrain laissent à désirer. Plusieurs milliards engloutis par des programmes alléchants d’assainissement de la ville sont tous aujourd’hui taxés de faillite.
Brazzaville, la plus grande métropole du Congo fait la particularité de se distinguer par la saleté criarde qui y règne. Les ordures ménagères et les déchets de toutes sortes jonchent dans les quartiers, les marchés et certaines places publiques. Tel est le visage lugubre que présente Brazzaville par son insalubrité, qui des décennies antérieures était appelée « Brazza la verte ».
Brazzaville est toujours de plus en plus sale, invivable, et exposée aux multiples maladies, d’où l’appellation de « Brazza la poubelle ».
Encouragées par le silence complice ou la bienveillance du gouvernement congolais, les autorités municipales s’obstinent à détourner les fonds destinés à équiper et à moderniser la ville avec des moyens urbains de lutte contre l’insalubrité.
L’illusion d’un changement, avec le pouvoir actuel, s’est vite évanouie. Personne n’est dupe, le Congo reste arc-bouté sur les pratiques anciennes de corruption, de pillage, de détournement de fonds et surtout d’une absence criarde de politique de création d’emploi pour l’amélioration de l’environnement immédiat des congolais.
L’idée qui consiste d’ouvrir grand les portes d’un débat sur l’insalubrité à Brazzaville fait peur aux responsables municipaux. Pourtant, il offrirait une plate-forme nationale à des jeunes candidats pour faire des propositions de sortie de crise face à ce dilemme. L’ambition politique d’un tel débat va au-delà de tout intérêt personnel.
Le paysage désolant et affligeant qu’offrent tous les marchés de Brazzaville ne laisse pourtant plus le moindre doute possible sur la nécessité de nettoyer Brazzaville à fond, ou « au karcher » comme dirait l’autre. Pourtant l’on s’offusque pas de construire des somptueuses villas côtoyant les immondices et autres ordures alors que l’insalubrité a atteint des limites inacceptables.
Avec le mauvais état des routes qui rend difficile la circulation et les tas d’immondices qui se forment ici et là, c’est la croix et la bannière pour les Brazzavillois.
Jean-Claude BERI
(1) http://www.dac-presse.com/actualites/a-la-une/societe/556-congo-brazzaville-ramasseur-de-poubelles-seuls-rempart-contre-linsalubrite-.html
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Quelques images du marché Total (Avril 2015). Exclusivité de Dac-presse.