Brazzaville, victime des choix pervers de son maire

Pendant que le maire de Brazzaville, Hugues Ngouélondelé et la société PRO-BRAZZA offrent aux citoyens congolais le spectacle désolant du débat sur les rémunérations des employés de la société PRO-BRAZZA,

La ville de Brazzaville ne cesse de poursuivre son processus dégradant en matière d’insalubrité. Le Mercredi 2 mars 2011, les populations de Bacongo ont vu une partie du toit du marché Total s’effondrer sous le poids de la vétusté des installations. Ce marché construit sans une réelle étude et surtout avec du bois non traité présentait depuis une dizaine d’année un danger public. Les sonnettes d’alarmes que nous ne cessions de tirer à l’endroit des responsables municipaux de Brazzaville sont restées vaines auprès du Maire de Brazzaville.

La mauvaise gestion des taxes municipales des marchés

Dans le cadre de la municipalisation accélérée de Brazzaville, le gouvernement avait promis la reconstruction de plusieurs marchés dont celui de Total et certaines habitations proches des marchés devaient être expropriées. En trois années de municipalisation accélérée de Brazzaville, l’unique projet visible est le premier module de l’aéroport de Maya-Maya. Les Brazzavillois sont présentement médusés. Ils se demandent à quoi servent les taxes prélevées quotidiennement dans tous les marchés ? A défaut de construire des marchés modernes, la municipalité n’est même pas à mesure d’assurer la propreté des lieux. Les denrées alimentaires sont vendues à même le sol. L’hygiène des marchés est quasiment non assurée.

Le maire de Brazzaville a attribué à une société privée le contrat de perception des taxes journalières par jour par table. Quid des agents municipaux qui s’attelaient à cette tâche ? Il est connu de tous les commerçants et opérateurs économiques que la perception journalière des taxes municipales par jour et par table a engendré des pratiques de corruption, de concussion et de détournement des deniers publics. Les agents municipaux de Brazzaville ont toujours cru travaillé pour leur propre compte et allaient jusqu’à demander des paiements à l’amiable aux commerçants et aux opérateurs économiques. Ces pratiques rétrogrades sont connues de tous. Ces agissements contraires au Code municipal ne sont jamais sanctionnés par le maire de la ville. La perception des taxes par la mairie à pour but d’améliorer les conditions de travail des vendeurs, d’améliorer les sites des marchés (la construction et l’installation de nouveaux étalages) et améliorer la salubrité dans les marchés. Or force est de constater que malgré la perception de ces taxes, tous les marchés de Brazzaville sont dans un état lamentable, c’est-à-dire des lieux où les étalages sont faits de façon anarchique et où s’entassent chaque jour des immondices.

Les Congolais se plaignent du comportement des commerçants étrangers qui se lancent dans le petit commerce de détail alors que cette activité est réservée aux seuls nationaux. Il est anormal de constater qu’aujourd’hui, des commerçants étrangers font le petit commerce. Ils vendent au détail des pains, beignets, sandales, vivres frais et autres produits. Et cela se fait naturellement avec la complicité de certaines autorités municipales.

Le tripatouillage de l’assainissement de la ville de Brazzaville

L’insalubrité galopante causée par la prolifération des déchets ménagers et par les réseaux de canalisation obstrués ou inexistants pointent du doigt l’insuffisance grave d’une politique d’assainissement de la ville. Ces mêmes causes démontrent, malgré les promesses non tenues du Maire de la ville, que ces lieux dits de commerce de masse sont des endroits à risques environnementaux.

Il apparaît pourtant dans tous les discours du Maire de Brazzaville la prise en compte de la priorité d’assainir la ville de Brazzaville. Pas une seule de ses sorties officielles n’est pas alimentée par les discours aux slogans «  ville sans sachets » «  ville verte » « ville propre », etc… mais dans la réalité, Brazzaville continue de suivre un chemin de pourrissement sous le regard impuissant de ses populations.

La  8ème session ordinaire budgétaire de la municipalité de Brazzaville arrêtait ce 16 février 2011 un budget de 20 milliards 876 millions 62.356 francs pour semble-t- il assainir la ville. Après trois années de la municipalisation accélérée dont on nous a promis l’embellissement totale de la ville, la mise en place d’un service adéquat de voirie, l’assainissement des marchés de Brazzaville, etc. On nous parle encore des lots de véhicules achetés pour ramasser les ordures et autres déchets qui polluent la ville de Brazzaville. Ces derniers seraient de nouveau parqués à Pointe –noire. Ce plat déjà servi et que nous avions dénoncé en janvier 2010 dans notre article (1) : «  Pourquoi persiste t-on à faire croire aux congolais que la raison de l’inefficacité de la Mairie et de PROBARZZA réside dans le seul fait que son matériel soi-disant « ultramoderne » serait bloqué à Pointe-Noire faute de moyen d’acheminement vers Brazzaville ? ». Pourquoi certains élus ne demandent-ils pas un audit du budget des investissements de la ville de Brazzaville à compter de 2002 ?

Veut-on nous faire admettre que depuis plus de deux ans, le CFCO n’a pas pu affecter un train pour effectuer le transport du matériel de PRO-BRAZZA ? Et comment les chinois ont fait pour transporter du matériel lourd jusqu’à Imboulou ?

On a l’impression que le gouvernement est devenu apathique. Ce gouvernement laisse son autorité bafouée, sans parvenir à enrayer le paupérisme, le chômage, la criminalité, l’immigration clandestine, la puissance montante des mafias et la corruption des classes politiques. Tout est fait pour organiser le pillage des ressources sous la bannière des entreprises dont le résultait d’assainissement sur le terrain est loin de satisfaire ne fusse que 5 % de la population de Brazzaville. Cette société ( PRO-BRAZZA) de plus en plus égoïste et sauvage, en voie de primitivisme, paradoxalement dissimulée et compensée par le discours de la «morale unique», angélique et pseudo-humaniste, voilà ce qui se remarque de plus en plus, année après année, jusqu’au point de rupture.

Voilà depuis l’année 2002, Hugues Ngouélondelé a promis rendre à Brazzaville ses lettres de noblesse. C’est-à-dire une ville saine, propre et agréable. Comme Jadis, Brazza la Verte. On assiste plutôt à la coexistence d’un paupérisme qui tient de l’esclavage avec de riches et insolentes bourgeoisies autoritaires et minoritaires. Voilà plusieurs années que les services de PRO-BRAZZA laissent à désirer. Cela va du personnel non qualifié, du service d’assainissement incomplet PRO-BRAZZA concentre la majeure partie de ses activités dans le centre-ville laissant le reste de la ville à l’abandon), à l’inexistence des infrastructures matérielles capables de maintenir les clauses de son contrat. Le constat fait par le maire de Brazzaville est édifiant : «Nous avons constaté que le travail ne se faisait pas comme nous avons souhaité dans les clauses du contrat. Vous devez travailler dans tous les arrondissements. C’est à vous de demander à vos chefs d’ajouter le matériel de travail, si vous voulez que l’Etat continue à vous soutenir» (2).

Brazzaville est devenue une ville sale du fait  d’une part de l’incivisme de quelques habitants et d’autre part de l’incompétence et de la médiocrité de son maire.L’exemple de la ville de Kigali (Rwanda) devrait inspirer les élus de la ville de Brazzaville. Mais hélas !!!

L’échec de cette entreprise PRO-BRAZZA dans son processus de lutter contre l’insalubrité à Brazzaville n’est plus à démontrer. Pourtant le maire de Brazzaville vient de la reconduire pour s’occuper, comme les années précédentes de la lutte contre l’insalubrité à Brazzaville. Il est indécent aujourd’hui de minimiser le peu de victimes qu’il y a eu dans la catastrophe de l’effondrement d’une partie du toit du marché Total. Ayant constaté les carences et l’échec de la société PRO-BRAZZA, on se demande pourquoi le maire de Brazzaville, Hugues Ngouelondelé n’a pas fait des appels d’offre internationale afin de travailler avec de nouveaux partenaires et scinder le marché d’assainissement de Brazzaville en plusieurs blocs. Les Brazzavillois se souviendront toujours de l’expérience réussie par M. François Odzali. La morale voudrait que l’on s’interroge sur l’utilité des sociétés mises en place pour lutter contre ces phénomènes. Devrions-nous attendre que le toit du marché de Poto-poto ou encore de Moungali s’effondre pour tirer des conclusions responsables ?

Jean Claude BERI

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(1) BRAZZAVILLE : VILLE IMPROPRE, LA MAIRIE ET PRO-BRAZZA SONT-ILS LES COUPABLES ? : www.dac-presse.com

(2) Cette annonce a été faite le 28 février par le maire de Brazzaville.