Nous sommes obligés d’y revenir. La raison est simple : la pratique politique congolaise d’ici à 2016, présage d’autres joutes entre les populations et les Forces de l’ordre. Gouverner c’est prévoir et prévoir c’est anticiper sur les événements.

A la vue des dégâts corporels causés par la grenade lacrymogène qui a heurté, au domicile familial, le jeune élève Louya Silaho Darcy entrainant sa mort, la Force publique devrait rectifier le tir et au besoin même, sursoir l’utilisation de ces objets. Qu’on le veuille ou non, quelque soit les revendications d’un peuple, la Force publique n’a aucun droit d’occasionner sa mort.

La voix du peuple, c’est la voix de Dieu et la démocratie c’est le Gouvernement du peuple. Encore que, dans le cas de Darcy, il ne s’est pas agi d’un pillard, mais d’un citoyen resté chez lui, à son domicile évitant de participer à quoi que ce soit, le jour de la défaite des Diables Rouges contre les Léopards de la RDC en marge de la CAN, mais qui a été atteint par une bombe lacrymogène de la Police à Bacongo. Comme par hasard, toujours à Bacongo où le Général Ndengue a frappé, à plusieurs reprises, la main sur une poitrine bombée, tout en promettant la guerre aux populations et l’exil en forêt comme en 1998. Ce qui est inacceptable !

Et ce, quand bien même les scènes de pillages avaient débuté, plusieurs jours avant, à l’occasion des matchs précédents, dans les quartiers Nord de Brazzaville et ont eu lieu dans beaucoup de localités de la République, y compris à Oyo, le village du Président de la République. «Plus jamais ça chez nous à Bacongo ! Evitez de réveiller les vieux démons ou les anges justiciers qui sommeillent en nous. Cette fois-ci, nous allons tous nous sacrifier un à un et rejoindre les disparus du Beach et toutes les autres victimes des bombardements que le pouvoir a organisé dans les quartiers sud et dans le Pool», disent les populations des quartiers sud.

Par ailleurs, selon les informations en notre possession, ces bombes lacrymogènes utilisées par la police sont périmées et à double détonation. Le fait qu’elles soient périmées ne signifie-t-il pas que leur gaz est devenu nocif pour les populations congolaises et pourrait occasionner des maladies ou une épidémie ? Et le fait qu’elles soient à double détonation, l’exposition des citoyens congolais à la perte des membres du corps ? Dans le cas de « Darcy », elle a occasionné la mort.

Elles ne sont donc pas différentes des armes à feu. Imaginez un seul instant que cette bombe vous percute à la tête. Qu’adviendra-t-il de vous ? Pis, la police ne doit pas oublier que dans le cadre du maintien de l’ordre, contrairement au cas de l’armée, un civil, même muni d’une arme à feu, n’est pas un ennemi. C’est simplement un délinquant qu’il faut neutraliser ou faire fuir.

Pour terminer, nous attirons l’attention du corps médical congolais. En effet, ce qui entre autres a tué « Darcy », c’est la négligence du personnel soignant du Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville (CHU). Arrivé au triage entre 20h-21h, il a été traité le lendemain à 22h. Voilà pourquoi les derniers efforts du corps médical n’ont servi à rien. Comment peut-on en arriver là ? Il parait que cette négligence serait due au fait que les médecins pensaient qu’il s’agissait d’un pillard. Et même si c’était le cas ! Les médecins peuvent-ils se substituer à la Police ou à la Justice ? Leur rôle n’est-il pas celui de sauver des vies et de laisser les autres institutions de la République se charger du reste ?

Guy Milex Mbondzi