Ce que Madame Christine Lagarde vient de dire à Dominique Strauss-Kahn au sujet du Congo

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En homme très bien informé, j’avais déjà dit aux Congolais. Il suffit de lire ou de relire cet article pour s’en convaincre. Face au fiasco économique, au fiasco social, au fiasco politique, au fiasco diplomatique, une grave crise financière, économique et sociale est désormais inéluctable au Congo, et c’est cette crise qui va allumer l’étincelle.

Avant de tourner au fiasco général pour la dictature clanique de Denis Sassou Nguesso, tout avait trop bien commencé notamment avec les effets conjugués du boom pétrolier (augmentation de la production et des prix du baril du pétrole) et de l’allègement de la dette suite à l’accession du Congo au processus PPTE, en 2010 ; avec les félicitations des Conseils d’administration de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui ont approuvé respectivement le 26 et le 27 janvier 2010 le dossier du Congo relatif à l’allègement de la dette au titre de l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE) pour ses (prétendus) efforts «admirables et remarquables» en matière de comptes publics.

Le Congo devenait ainsi le 28e pays à atteindre le point d’achèvement de l’Initiative PPTE à la grande satisfaction de son vieux dictateur sanguinaire et corrompu. La décision prise par les deux institutions financières internationales (les institutions de Bretton Woods) était censée générer (en théorie) une épargne globale au titre du service de la dette d’un montant de 1,9 milliard de dollars, dont 1,7 milliard venant de l’Initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés et 201,3 millions provenant de l’Initiative multilatérale d’allégement de la dette (IADM). Cela était d’autant plus important que le Congo sortait d’un cycle de conflits et s’orientait donc vers le redressement économique et social.

A cette époque, les services de l’Association internationale pour le développement (IDA) et du FMI s’étaient accordés avec les autorités sur un certain nombre de cibles à atteindre, appelées déclencheurs, pour parvenir au point d’achèvement. Outre les conditions générales types, des conditions particulières concernant certains secteurs, à savoir la gestion des finances publiques, la gestion des ressources naturelles (pétrole et foresterie), la réforme des télécommunications ainsi que les mesures dans les secteurs de la santé et de l’éducation de base avaient été posées. Ces mesures devraient en ouvre faire l’objet d’une vérification en vue de s’assurer de leur mise en œuvre de manière satisfaisante. Il avait également été décidé que des audits annuels successifs seraient nécessaires pour les conditions concernant la gouvernance et le secteur du pétrole.

Bref, les institutions de Bretton Woods avaient mis ne place tout un éventail de réformes qui étaient censées garantir une gestion saine et pérenne des ressources du pays.

Par exemple pour ce qui est de la gestion des finances publiques, il s’agissait de mettre en place une classification fonctionnelle des dépenses et la présentation du budget selon celle-ci. Cette mesure devrait garantir que toutes les dépenses, en particulier celles afférentes aux programmes de lutte contre la pauvreté, puissent être suivies de l’engagement au décaissement. Ces objectifs avaient été renforcés par l’adoption d’un cadre à moyen terme pour la gestion des dépenses. En outre, le Gouvernement s’était engagé à réformer le système de gestion des investissements publics. Cette exigence était complétée par celle relative à la réforme du système des marchés publics, nécessaire pour améliorer la gouvernance, la concurrence et la transparence. Dans ce domaine, un nouveau code des marchés publics avait été adopté ainsi que ses textes d’application et des nouvelles structures de passation des marchés ont été installées, dont l’Agence de Régulation des Marchés Publics et la Direction de Contrôle des Marchés Publics.

Il avait aussi convenu qu’il était urgent de mettre l’accent sur la transparence et la bonne gouvernance, et de s’attaquer à la corruption, en particulier pour garantir l’utilisation appropriée de l’aide d’urgence à obtenir au titre de l’initiative PPTE renforcée. Cette exigence était complétée par des conditions particulières ayant trait aux secteurs des ressources naturelles (pétrole, mines, bois), où la mauvaise gouvernance et la corruption étaient jugées particulièrement préoccupantes.

Ainsi dans le secteur pétrolier, il s’agissait d’améliorer le système comptable et les contrôles internes de la SNPC (Société Nationale de Pétrole du Congo), organe étatique de surveillance du secteur pétrolier et des flux budgétaires pour le compte de l’État et qui commercialise les quelques deux tiers de la part du pétrole brut qui revient à l’État congolais et environ 40 % des recettes pétrolières globales du pays.

L’autre volet important était également de réduire la possibilité de conflits d’intérêts pour les administrateurs et les cadres ayant un mandat de gestion au sein de la SNPC et de ses filiales.

Des réformes importantes également dans la foresterie – deuxième secteur de production de notre pays et qui revêt une importance particulière pour l’environnement -, avaient été retenues, suite aux résultats des études et des audits budgétaires effectués sur la période 2002-2005 dans ce secteur. Ces réformes étaient censées aidé à améliorer notamment les domaines suivants :l’exécution des plans de gestion obligatoires pour toutes les forêts de production et zones tampons ; la coordination entre le Ministère de l’Economie forestière, chargé des forêts, et celui des Finances, pour les questions qui ont trait à la fixation, au recouvrement et au transfert des taxes forestières au Trésor Public ; l’examen et l’amélioration du régime de taxation des forêts et des clauses de responsabilité sociale des sociétés forestières (leurs cahiers des charges) ; le renforcement du système d’octroi des contrats forestiers par une transparence accrue et une utilisation plus importante de critères financiers.

D’autres secteurs importants comme les Télécommunications, l’Education, la Santé et bien sûr la Gestion de la dette avaient aussi été l’objet des réformes mises en place par les institutions de Bretton Woods.

Mais c’était sans compter sur l’incompétence notoire de celles et ceux qui avaient la charge de mener à bien ces belles reformes et surtout sur la voracité et l’insouciance du grand chef de la Mafia politico-financière du Congo, Denis Sassou Nguesso, et son clan. Ils ont tout volé et aujourd’hui on est bien loin de cet univers radieux où l’argent coulait à flots et où tout respirait le prestige.

Après avoir longtemps maquillé les comptes publics, dissimulé ses emprunts et ses déficits, sans doute sur les conseils de son ancien Ministre des Finances Gilbert Ondongo, pour améliorer en apparence son bilan économique, le vieux dictateur sanguinaire et corrompu, le grand chef mafieux du Congo, Denis Sassou Nguesso, est désormais le dos au mur et rattrapé par la réalité.

Dans leur insouciance et leurs frasques financières, Denis Sassou Nguesso le grand chef de la Mafia politico-financière du Congo et son clan ont tellement tiré sur la corde qu’elle est maintenant sur le point de se casser. Les caisses du pays sont vides ; une grave crise financière, économique et sociale est désormais inéluctable, et c’est cette crise qui va allumer l’étincelle. Ce d’autant plus que le FMI rechigne à voler au secours d’un vieux dictateur sanguinaire et corrompu dont le pouvoir illégitime n’est pas reconnu par la communauté internationale, et qui plus est, emprisonne ou assigne à résidence surveillée les opposants et bombarde avec des hélicoptères de combat des populations civiles dans le département du Pool.

Pris à la gorge et mis au ban de la communauté internationale, le vieux dictateur sanguinaire et corrompu qui se croyait le plus malin et le plus fort après son hold-up électoral se trouve à présent dans une impasse sans précédent. Le FMI exhorte le pays à s’unir et retrouver sa crédibilité ; ce qui implique la levée du siège des domiciles des opposants Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi-Salissa par la police, la libération de tous les détenus politiques, l’arrêt des bombardements dans le Pool et la mise en place d’un corridor humanitaire par les Nations Unies, et la convocation d’un dialogue entre tous les acteurs politiques et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.

Telles sont, selon nos informations, les conditionnalités du FMI qui ont été mises sur la table et c’est à prendre ou à laisser. Voilà pourquoi ce vieux dictateur sanguinaire et corrompu, d’ordinaire si hautin et si arrogant, est actuellement dans ses petits souliers, après avoir tenté, en vain, de convaincre Guy Brice Parfait Kolelas et Pascal Tsaty-Mabiala d’entrer au gouvernement ; ce qui, et chacun l’aura compris, lui aurait ainsi permis d’enfumer le FMI qui lui demande de mettre en place un gouvernement d’union nationale (c’est pourquoi il a mis beaucoup de temps pour former son gouvernement).

C’est également pour envoyer un signal au FMI qu’il ne cesse de faire pression sur le Général Jean-Marie Michel Mokoko pour l’obliger à reconnaître publiquement sa prétendue victoire afin de le libérer sans que lui (Denis Sassou Nguesso), ne perde la face dans son bras de fer avec ce dernier qui est, il le sait, le vrai vainqueur de cette élection.

Malheureusement pour notre vieux dictateur sanguinaire et corrompu, à malin, malin et demi. Ni le Général Jean-Marie Michel Mokoko, ni André Okombi-Salissa, ni Claudine Munari et, espérons-le, ni même Guy Brice Parfait Kolelas et Pascal Tsaty-Mabiala n’accepteront plus de tomber dans son piège.

C’est l’impasse totale. En privé ou parfois publiquement, beaucoup de membres de son nouveau gouvernement ne cachent pas leur appréhension de l’économie et de la société, en commençant par son Premier Ministre, Clément Mouamba, lui-même. C’est également le cas de son griot, Alain Akouala-Atipault, qui est tout de même si heureux de retrouver son Ministère bidon des Zones économiques spéciales.

Bienvenu MABILEMONO

SG du Mouvement pour l’Unité et le Développement du Congo – MUDC