Clément Mierassa condamne les interdictions de sortie du territoire de Tsaty Mabiala, Rigobert Ngouolali et Gabriel Oba Apounou (PCT)…tous des anciens ministres

Mot liminaire de la conférence de presse du Parti Social Démocrate Congolais (PSDC).

Mesdames, Mes demoiselles, Messieurs les chevaliers de la plume,

Messieurs les Présidents des Partis Amis, Messieurs les représentants des Partis Amis.

Distingués Invités,

Nous avons choisi ce jour pour échanger avec vous sur quelques points d’actualité. Dans ce cadre, nous avons choisi de nous appesantir sur les aspects liés à la dérive de la société congolaise, le faux débat sur la Constitution, l’illégalité de la Cour Constitutionnelle et autres.

Mais d’entrée de jeu, nous voulons avoir une pensée particulière pour tous ces milliers de nos jeunes qui sont en train de passer les épreuves de baccalauréat, après que celui – ci ait été annulé. Nous leur souhaitons plein succès.

Permettez-nous aussi, de condamner avec la dernière énergie le Gouvernement et son Chef, pour les nombreuses violations de la Constitution dont ils sont responsables, particulièrement l’interdiction de la sortie du territoire le lundi dernier des responsables politiques Pascal Tsaty Mabiala Député et 1er secrétaire de l’UPADS ; Rigobert Ngouolali Ancien ministre et président de l’ARC et de Gabriel Oba-Apounou, Sénateur et Membre du Bureau Politique du Parti Congolais du Travail.

Au moment où s’est instauré un faux débat sur la Constitution, nous ne pouvons que déplorer le non-respect des lois et règlements de la République et la violation flagrante de l’article 16 de notre loi fondamentale qui stipule clairement que :

« Tout citoyen a le droit de circuler librement sur le territoire national ; Il a le droit de sortir librement du territoire national, s’il ne fait pas l’objet de poursuites pénales, et d’y revenir. »

Il s’agit des actes non pas d’un Etat de droit mais d’une véritable dictature.

1. LA DÉRIVE DE LA SOCIÉTÉ CONGOLAISE

Les Congolais n’ont pas fait grande attention à ce problème surtout lorsque dans son discours d’investiture en 2009, le Président Denis Sassou Nguesso a déclaré ce qui suit : « Je ne surprendrai personne en affirmant qu’en dépit de nos efforts multiformes, notre pays n’est pas encore, hélas, exempt de corruption, de concussion, de fraude, de détournement de deniers publics et d’autres actes tout autant répréhensibles que néfastes à l’accomplissement du bonheur collectif » fin de citation. Et à Denis Sassou Nguesso de préciser : « Ici, ce sont les Gouvernants qui sont interpellés ».

Depuis rien n’a bougé. Cela n’est pas étonnant lorsque l’on sait qu’aucun des dirigeants congolais, Président de la République compris, n’a déclaré depuis aout 2002, son patrimoine. Et pourtant on clame haut et fort que tous les Congolais sont égaux devant la loi et que le Congo est un Etat de droit.

L’annulation des épreuves du baccalauréat pour fraudes massives a interpellé toute la société congolaise et particulièrement la classe politique.

Notre attention a été retenue par cette réaction à travers les réseaux sociaux d’une élève de 17 ans qui a déclaré :

• Au Congo, depuis plusieurs années tout le monde triche ;

• Les vieux rectifient leurs âges pour ne pas aller en retraite ;

• Les enseignants ont des faux diplômes ;

• Les étudiants sont inscrits à l’université avec des faux Bac ;

• Des fonctionnaires avec les militaires perçoivent plusieurs salaires ;

Nous voyons tous les jours des papas supposés intelligents à la télévision demander au Président de la République de changer la Constitution pour rester au pouvoir alors que la Constitution est claire sur la question. N’est-ce pas tricher ?

On peut ajouter d’autres aspects préoccupants comme la situation des crimes sans auteurs dans le cas des disparus du Beach, le problème devenu insupportable de la sépulture du Président Massamba Débat et autres … ;

Lorsque l’on prend le faux débat sur la Constitution, on est surpris de constater que dans le livre intitulé « parler vrai pour l’Afrique », le Président Denis Sassou Nguesso déclare qu’à soixante et six, soixante et sept ans il commence à envisager sa sortie, parce que la Constitution stipule qu’à plus de 70 ans on ne peut plus être candidat. Et maintenant de façon anticonstitutionnelle, le Président de la République veut changer la Constitution pour demeurer au pouvoir. Ce n’est pas tricher ?

2. LE FAUX DÉBAT SUR LA CONSTITUTION

Tout le monde a suivi la déclaration du Président Denis Sassou Nguesso, lorsqu’il a dit en août 2014 aux États-Unis d’Amérique que le débat qui se développe au Congo, c’est le débat en vue d’un changement de Constitution par ce que l’on pense que la constitution actuelle a atteint ses limites.

En réalité, tous les acteurs politiques savent que ce n’est pas la Constitution qui a atteint les limites mais c’est plutôt lui qui a atteint les limites : limitation des mandats présidentiels à deux, âge maximum pour être candidat fixé à 70 ans et le fait ne peut pas réviser la constitution en ce qui concerne le nombre de mandats.

Coincé dans sa démarche, le Président de la République a cru bon organiser des consultations qui ont fait ressortir clairement qu’il avait un consensus sur la volonté d’examiner les aspects liés à la gouvernance électorale. Mais pas pour le changement de la constitution qui est une démarche anticonstitutionnelle aujourd’hui.

Des problèmes sociaux ont été soulevés.

Curieusement, lorsqu’il fait son message à la Nation, le Président de la République annonce déjà un ordre du jour et fixe la durée de ce fameux dialogue avant même la mise en place d’une commission préparatoire. En fait, il met la charrue avant les bœufs. Il s’agit là d’un acte posé par un homme qui se considère fort, et qui se croit au-dessus de tout. La loi c’est lui.

Mais lorsque l’on examine l’ordre du jour, on se rend compte que le deuxième point proposé à l’ordre du jour pose problème. Pourquoi ?

En effet, telle que la question est posée, il s’agit d’un faux problème qui est déjà résolu par la Constitution.

Les questions posées sont les suivantes :

– Fait – on, oui ou non, évoluer les institutions de la République

– Si oui dans quel sens souhaite t- on les faire évoluer ?

– Et si c’est non, pourquoi ?

Ces aspects m’attristent parce que la Constitution du 20 Janvier 2002 contient en elle, les dispositions permettant de faire évoluer des institutions.

Nous pouvons en cela nous référer aux articles 86, 185 et 186 et souligner avec force que deux articles de la loi fondamentale gênent énormément le Président de la République les articles 57 et 185. Il veut, depuis belle lurette agir pour les contourner. Il n’y arrive pas.

En réalité, et nous dénonçons cette démarche celle-ci, sert à tricher. En effet il ne s’agit pas de l’avenir des Institutions mais de l’avenir de Denis Sassou Nguesso. Il y a de façon claire conflit d’intérêt pour le Premier Magistrat qui agit par intérêt personnel.

Pour le reste, on ne peut que dénoncer le scandale des textes pris qui visent la Constitution, alors qu’on se situe dans une démarche anticonstitutionnelle. Certains énoncent même que les conclusions lui seront transmises pour suite à donner. Ce qui est grave.

Quant à la composition de la commission préparatoire, il s’agit d’une véritable escroquerie qui fait ressortir clairement que c’est le parti au pouvoir qui veut en imposer à tout notre pays. Nous tenons à attirer l’attention de ces cadres en leur disant qu’ils sont face à leurs responsabilités dans une démarche anticonstitutionnelle et servent des intérêts personnels et égoïstes. Tous ces textes doivent être retirés.

3. DENIS SASSOU NGUESSO VEUT REMETTRE LE COMPTEUR DES MANDATS PRÉSIDENTIELS A ZÉRO

Le journal Jeune Afrique est le canal par lequel le Président Congolais a choisi de faire apparaitre ses intentions. C’est dans ce cadre que ce journal trouve des titres originaux comme : « le mystère Sassou. » « Partira ? Ne partira pas ? » « Sassou partira – t-il ? C’est le peuple qui décidera, un référendum s’impose ».

Dans la publication n°2839 du 7 au 13 Juin 2015, les choses sont clairement dites.

Il est clairement indiqué que : « On sait, puisqu’il l’a dit, que le Chef de l’Etat s’apprête à soumettre à référendum une nouvelle Constitution. On sait, puisqu’il l’a laissé entendre que cette nouvelle loi fondamentale, destinée à remplacer celle de 2002, il est vrai mal fichue et assez peu démocratique sur bien des points (l’opposition l’avait d’ailleurs combattue), remettre à zéro le compteur des mandats suprêmes. On sait, puisque personne au Congo ne semble en douter, que si le oui l’emporte, Denis Sassou Nguesso se portera donc candidat. La voie est balisée. Encore, faudrait – il éviter les sorties de route. »

Et il déclare plus loin selon Jeune Afrique que : « Tant que j’aurai un peu de forces, le Congo ne tombera pas entre de mauvaises mains. »

Du reste, il avait déjà annoncé aux États-Unis en août 2014, qu’il fallait changer la Constitution parce que celle-ci avait atteint les limites.

Les questions sur le départ du Président Denis Sassou Nguesso ne se posent pas comme il le reconnait lui-même dans son livre intitulé « Parler pour l’Afrique » publié en 2009. Livre dans lequel il déclare nous l’avons dit qu’à soixante et dix, soixante et sept ans. Je commence à envisager ma sortie parce qu’à plus de 70 ans on ne peut pas être candidat et que la Constitution limite le nombre des mandats présidentiels à deux.

Il est clair que le Président Denis Sassou Nguesso qui a été élu sur la base de la constitution du 20 Janvier 2002 exerce son deuxième, ultime et dernier mandat.

Il n’a ni le pouvoir, ni les prérogatives pour changer de Constitution.

4. SCHÉMA ESQUISSE DANS LE RAPPORT DU BUREAU POLITIQUE DU PARTI CONGOLAIS DU TRAVAIL SUR LA CONSTITUTION DU 20 JANVIER 2002

Il suffit pour cela de suivre l’exemple du président Boni Yayi qui a déclaré : « J’ai été à l’école et je sais lire la Constitution».

Dans ce document, abordant clairement la question du changement de la Constitution ou de l’avènement d’une nouvelle République, il est clairement dit ce qui suit à la page 18 : « … En effet, le changement souhaité ne résulte pas de circonstances exceptionnelles, mais de la volonté des gouvernants de dépasser la Constitution actuelle, devenue inadaptée au profil d’un nouvel ordre juridique censé intégrer de nouvelles aspirations.

Mais quelle que soit la pertinence des motivations, force est de constater que la Constitution actuelle ne prévoit pas les mécanismes de son changement. L’article 86 de la Constitution actuelle relatif à l’initiative référendaire ne parle que de la révision et non du changement.

Devant le silence de la Constitution actuelle, la commission s’interroge sur quelle base juridique, le Président de la République peut-il organiser un referendum pour faire adopter une nouvelle Constitution. Une telle initiative sans fondement juridique peut donner lieu à des controverses. » Fin de citation.

Le même document indique plus loin que : « l’hypothèse de changement de Constitution en l’absence de circonstances exceptionnelles, ne peut être validée sur la seule voie du droit. Sa faisabilité repose avant tout sur un consensus national, expression de la volonté populaire.» Fin de citation.

Or, tout le monde sait qu’il n’y a pas de consensus là-dessus, la majorité des congolais demandant, le strict respect de l’ordre constitutionnel.

5. LE POIDS ÉLECTORAL DU PRÉSIDENT DENIS SASSOU NGUESSO

Suivant une des réactions de Mr Pierre Ngolo sur RFI, l’on a pu relever que celui-ci a déclaré que l’opposition craint le poids électoral du Président Dénis Sassou Nguesso et cherche l’aide de Paris pour conquérir le pouvoir. Pour lui, la réforme constitutionnelle est une question de souveraineté qui ne peut être traitée que par les Congolais.

Il est bon de rafraichir la mémoire des partisans du Président de la République. En effet, lorsqu’il était à l’opposition, le Président Dénis Sassou Nguesso avait écrit au Président Français Jacques Chirac, au Président Américain Bill Clinton, au Président Nelson Mandela, à l’Union Européenne, afin que la Communauté Internationale aide le Congo à organiser des élections libres, démocratiques et transparentes.

Mais il faut indiquer que le retour au pouvoir du Président Dénis Sassou Nguesso en 1997, s’est fait avec l’aide des troupes étrangères dont les principales étaient les troupes angolaises comme le Président Angolais venait de le reconnaitre.

S’agissant du poids électoral, qui ignore qu’à travers les dispositions de l’article 58 de la Constitution limitant l’âge, le Président Dénis Sassou Nguesso en tant que vainqueur de la guerre, avait voulu éliminer les concurrents tels Pascal Lissouba, Bernard Kolelas Bakana, Jean Jacques Yhombi Opangault, Jean Pierre Thystère Tchicaya et autres.

Au-delà de cela, il faut signaler que :

a. lorsque les élections ont été organisées de façon libre, démocratique et transparente en 1992, le Président Dénis Sassou Nguesso bien qu’en exercice avait recueilli 17% des voix et était arrivé 3ième.

b. le parti au pouvoir aura beaucoup de mal à expliquer pourquoi le Président Dénis Sassou Nguesso qui était un fervent défenseur de la commission électorale indépendante, lorsqu’il était à l’opposition se refuse jusqu’à ce jour à la mettre en place. Il a plutôt mis en place un système mafieux de tricherie et de fraude d’organisation des élections.

c. les congolais ont gardé en mémoire la déclaration d’un membre de la Majorité Présidentielle dans laquelle il relevait qu’en 2009, Dénis Sassou Nguesso avait été battu dans la Bouenza et le Kouilou, et pourtant les résultats officiels le donnaient gagnant partout

d. un membre du Comité Central du Parti a déclaré s’agissant des élections législatives de 2012 que : « jamais, jamais, jamais, une élection n’aura été sale et aussi dégoutante. »

e. le pouvoir devrait avoir honte d’évoquer ce genre des questions lorsque l’on sait qu’un candidat du Pct avait été déclaré élu avec 4.997 voix alors qu’il n’y avait que 2.600 électeurs. Par quel miracle ?

f. le fiasco du recensement administratif spécial montre à suffisance que la crainte d’organiser des élections libres, démocratiques et transparentes se trouve du côté du pouvoir. Celui-ci avait pourtant déclaré d’ailleurs en 1996, qu’un démocrate sincère n’a pas peur d’une commission électorale indépendante. Mais aujourd’hui celle-ci l’effraie. Pourquoi ?

S’agissant du volet constitutionnel, il est bon de rappeler que dans le Chemin d’Avenir, le candidat Dénis Sassou Nguesso avait pris l’engagement de faire respecter par tous, les lois et règlements en vigueur dans le pays.

De surcroit, l’article 8 dispose dans l’alinéa 1er que : « tous les citoyens sont égaux devant la loi. »

C’est pour cela que les choses sont claires :

1. l’article 57 limite le nombre de mandats présidentiels à deux,

2. l’article 185 énonce que l’on ne peut réviser la constitution en ce qui concerne le nombre de mandats.

La loi c’est la loi. Elle est implacable.

C’est pour cela qu’il faut noter que plusieurs Hautes personnalités à l’instar du Président Nicolas Sarkozy, Claude Maylin un de ses amis et d’autres lui ont conseillé de respecter l’ordre Constitutionnel, et de quitter le pouvoir par la grande porte à la fin de son mandat.

Lui-même d’ailleurs, le signifie clairement dans son livre intitulé : « Parler vrai pour l’Afrique ». D’où vient cette peur, cette crainte à l’idée de quitter le pouvoir ? Les congolais aimeraient comprendre.

Pourquoi le respect de la constitution par le Premier Magistrat devient- il un problème ?

6. LA SITUATION DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE

Beaucoup de Congolais ont été surpris de constater que depuis qu’il y a, ce que nous considérons comme un débat sur la Constitution, la Cour Constitutionnelle n’a pas été mise à contribution aux fins de clarifier les choses. Surtout que celle-ci n’a pas été invitée aux consultations qui ont été organisées et qui avaient pour problème central, le changement de la Constitution du 20 Janvier 2002.

La Cour Constitutionnelle n’est pas légalement constituée : C’est une question de droit.

Selon les dispositions de l’article 144 de la Constitution, la Cour Constitutionnelle comprend neuf membres dont le mandat est de neuf ans renouvelable.

Elle se renouvelle par tiers tous les trois ans.

L’article 12 de la loi organique n°1 – 2003 du 17 Janvier 2003 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle précise que :

« Les deux premiers tiers sont désignés par tirage au sort à raison d’un membre parmi les trois membres nommés par le Président de la République et de deux membres parmi les six autres.

Le renouvellement des deux premiers tiers a lieu trente jours avant la fin du premier mandat. »

L’examen de la situation fait apparaitre ce qui suit :

– La cour Constitutionnelle a été installée en 2003 ;

– Suivant la règle du droit, le renouvellement aurait dû se faire en 2006, 2009 et 2012 ;

– Le renouvellement n’a pas eu lieu en 2006, en 2009 et ainsi de suite.

Finalement la recomposition de la Cour ne s’est pas faite suivant la loi, mais au gré des cas d’invalidité pour des raisons de santé et des décès intervenus des membres.

A partir du moment où le premier renouvellement n’a pas eu lieu en 2006, la composition de la Cour est devenue irrégulière et illégale.

Nous parlons ici, non pas de la légalité ordinaire, mais de la légalité constitutionnelle. En droit, il n’y a plus de Cour Constitutionnelle parce que celle-ci ne peut exister qu’en conformité avec la loi fondamentale.

L’inobservation de l’article 144 de la Constitution ne peut pas être régularisée. L’article 144 article est formel et ne prévoit aucune exception.

De ce fait, la Cour s’étant installée dans l’illégalité constitutionnelle, elle devenait à partir du vice de 2006 inapte à dire le droit, à plus forte raison le droit constitutionnel. Elle a perdu à partir de ce moment le droit d’exercer les attributions que lui confère la Constitution.

Nous notons que la consultation de la Cour Constitutionnelle pour avis de conformité, est obligatoire autant dans la mise en œuvre de l’article 86 que dans celle de l’article 186.

Or, il se trouve que la Cour Constitutionnelle a cessé d’exister en droit depuis 2006.

L’absence en droit d’une Cour Constitutionnelle rend toute manœuvre sur la Constitution impossible. Ce qui a pour conséquence qu’elle ne peut pas être consultée dans aucune procédure de révision, ou de changement de la Constitution, et dans aucune procédure de référendum.

Cette situation est très grave et illustre clairement que le Président de la République viole l’article 56 de la Constitution et qu’il ne veille pas au respect de la loi fondamentale et au fonctionnement régulier des institutions publiques.

Elle apporte un cinglant démenti à ceux qui pensent que les institutions fonctionnent bien.

Elle montre que ce n’est pas l’avenir des institutions qui intéresse le Président Denis Sassou Nguesso puisqu’il ne s’en occupe pas maintenant.

Ce qu’il veut, c’est se servir de ce prétexte pour résoudre un problème qui lui tient à cœur : celui de son avenir. C’est-à-dire un problème personnel.

La situation n’est guère meilleure pour la Commission Nationale des Droits de l’Homme et le Conseil Économique et Social.

7. LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ET LE DÉBAT SUR LA CONSTITUTION

il est bon de rappeler qu’en janvier 2013, le Président sortant de l’Union Africaine Boni Yayi avait appelé ses pairs à ne pas tripatouiller les Constitutions pour demeurer et à quitter le pouvoir en leur demandant de respecter leurs lois fondamentales.

Lors du Sommet des États-Unis – Afrique, le Président Barack Obama qui avait déjà déclaré que l’Afrique avait besoin non pas d’Hommes forts mais des Institutions fortes, a réaffirmé la position américaine sur le principe de la limitation des mandats et le respect de l’ordre constitutionnel.

A Addis Abeba, le Secrétaire Général Ban-Ki-moon a appelé les Chefs d’États Africains à respecter leur Constitution et à quitter le pouvoir à la fin de leurs mandats.

L’article 23 de la Charte Africaine des Élections, de la Démocratie et de la Gouvernance interdit tout amendement ou toute révision de la Constitution portant atteinte à l’alternance démocratique.

Plus proche de nous, s’agissant des enjeux d’approfondissement de la démocratie en Afrique, Le Président Français, François Hollande a indiqué son attachement à la préservation et à la consolidation des Institutions. Il a rappelé son attachement aux principes de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de l’Union Africaine, qui supposent que les réformes constitutionnelles soient fondées sur le consensus.

8- EN CONCLUSION

Nous voulons signaler que le premier tour de l’élection présidentielle 2016 aura lieu soit le 3 juillet, soit le 10 juillet 2016.

Nous sommes à près de 367 jours du 1er tour de l’élection présidentielle, si celle-ci a lieu le 10 juillet. Et pourtant, nous avons des raisons d’être préoccupés tant le constat fait est qu’il y a manque de volonté politique du pouvoir à organiser en 2016, une élection libre, juste et crédible.

Beaucoup de problèmes restent à résoudre.

S’agissant de la Cour Constitutionnelle, il faut dire qu’il n’y a pas de solution en droit pour remédier à son illégalité.

Nous pensons que, pour apporter une solution appropriée à cette situation, la solution ne peut être que politique, le Président de la République étant responsable de celle-ci qui est du reste politiquement explosive. C’est lui qui a créé le problème, pour n’avoir pas maitrisé un tableau de bord afin de respecter les délais constitutionnels. Aujourd’hui les membres de cette institution exercent illégalement les attributions.

A propos du faux débat sur la Constitution, nous tenons une fois de plus à repréciser notre position. Nous disons avec force :

-Non au changement de Constitution ;

-Non à un 3ième mandat du Président Denis Sassou Nguesso ;

-Non au référendum anticonstitutionnel.

Sur cette question nous ne transigerons pas. Surtout que nous avons été stupéfaits de découvrir qu’il s’agit non pas de l’avenir des institutions mais de l’avenir personnel du Président qui veut demeurer au pouvoir, et qui compte user de cette manœuvre pour mettre les compteurs à zéro pour lui permettre de se représenter.

La Constitution actuelle contient les dispositions permettant de faire évoluer les institutions. Pourquoi le pouvoir actuel ne s’en est-il pas servi ?

S’agissant du dialogue, beaucoup de choses ont déjà été dites par le Front Républicain pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel et de l’Alternance Démocratique, ainsi que par le Collectif des partis de l’Opposition.

Le dialogue doit principalement se pencher sur la gouvernance électorale.

Pour cela il faut :

– retirer simplement les textes qui ont déjà été pris ;

– mettre en place une commission paritaire d’organisation de celui-ci ;

– mettre en place un système de coresponsabilité faisant en sorte qu’il y ait toujours une dualité majorité-opposition ;

– obtenir l’assistance de la Communauté Internationale, particulièrement celle de l’Organisation Internationale de la Francophonie qui connait très bien la situation du Congo ;

– arrêter le travail de la commission d’organisation actuelle entièrement à la dévotion du pouvoir ;

– tirant les leçons des mascarades des concertations de Brazzaville, Ewo et Dolisie, que des dispositions soient prises pour que les conclusions dudit dialogue soient exécutoires ;

– l’organiser à Brazzaville.

Le Parti Social-Démocrate Congolais rappelle que :

1°/ la Constitution du 20 Janvier 2002 s’impose à tous, et que selon l’alinéa 1er de l’article 8, tous les Congolais sont égaux devant la loi et le Président Denis Sassou Nguesso n’échappe pas à cela ;

2°/ la loi fondamentale limite le nombre de mandats présidentiels à deux et fixe à 70 ans l’âge maximum pour être candidat à la fonction de Président de la République ;

3°/ qu’en sa qualité de Premier Magistrat, Général d’Armée et Médiateur International, il ne peut pas, ne pas respecter le serment qu’il a prêté ;

4°/ qu’il n’a ni le pouvoir, ni les prérogatives lui permettant de procéder au changement de Constitution, ce qui est d’ailleurs souligné avec force dans le rapport du Bureau Politique du Pct ;

Bref, le Président Denis Sassou Nguesso exerce son deuxième, ultime et dernier mandat. Il quitte le pouvoir le 14 août 2016.

Ensemble, préparons une élection libre, juste et transparente en 2016 pour assurer l’alternance.

Que les congolais mettent tout en œuvre pour préparer la sortie du Président Denis Sassou Nguesso par la grande porte en 2016.

Pour terminer, le Parti Social-Démocrate Congolais :

– exprime sa reconnaissance et sa gratitude à la Communauté Internationale principalement à l’organisation des Nations- Unis, les États–Unis d’Amérique, l’Union Européenne et la France pour les appels qu’ils n’ont cessé de lancer aux Chefs d’États Africains aux fins qu’ils respectent leurs Constitutions et qu’ils quittent le pouvoir dans la paix à la fins de leurs mandats ;

– lance un appel à tous les démocrates afin qu’ils ne ménagent aucun effort pour fédérer nos énergies, pour une forte mobilisation en vue d’un rassemblement pour arrêter cette machine infernale que l’on veut nous imposer en forme de coup d’État Constitutionnel. Il s’agit de l’avenir de nos enfants, de la stabilité de nos institutions, donc de l’avenir du Congo.

Je vous remercie pour votre aimable attention.

PSDC : Démocratie, Tolérance, Justice.

Clément Mierassa

Fait à Brazzaville, le 9 juillet 2016