Congo-Brazzaville/CFCO : vous avez dit « chemin de fer » ? Vous avez vu juste !

Autrefois, c’était l’un des fleurons de l’économie congolaise, aujourd’hui le CFCO ne serait  plus qu’un tas de ferraille roulant vers une fin programmée.

Une scène surréaliste : des centaines de voyageurs attendent le train depuis 4 jours, à la gare de Brazzaville, pour Pointe-Noire (510Km).

Cette image insoutenable n’est pas celle d’une fête foraine ou d’une attraction quelconque, c’est celle d’une foule (pas file) d’attente à la gare ferroviaire centrale de Brazzaville.

Elle illustre malheureusement un spectacle quotidien et symbolise le calvaire des voyageurs du chemin de fer. Ici, on est bien loin du figuré. Il s’agit en effet d’un « chemin de fer ».

Au sortir de l’idiote guerre de 1997, les infrastructures de base au Congo-Brazzaville (déjà qu’elles n’étaient pas légion) ont été détruites. Le CFCO (Chemin de Fer Congo-Océan) n’y a pas échappé, notamment dans la région du pool qui de toutes les régions du pays a payé le plus lourd tribut au point d’être désignée zone sinistrée.

Le bilan comparatif de l’activité cheminote d’après-guerre Vs avant-guerre est tout simplement un désastre d’anthologie. La principale destination est Pointe-Noire.

Jugez-en vous-mêmes :

  • Avant : 8 trains [2 trains Océan] ; [2 trains Bleu] ; [2 trains Express] ; [2 trains Soleil]
  • Maintenant : un seul train (le même train quitte Brazzaville pour Pointe-Noire, puis revient à Brazzaville 3 jours plus tard, pour un parcours de 510 Km x2, soit 1120 Km en 96 heures, une bien piètre performance mondiale !). Avant, ce voyage aller-retour durait 18 heures !

Avis aux touristes en mal de sensations fortes: la vétusté du chemin de fer Congo-océan est très avancée (78 ans quand même !) et il y a des risques de déraillement dans le pool, entre Goma-tsétsé et kinkembo. Et aussi au Kouilou dans la zone de mvungouti, théâtre historique de graves accidents mortels.

Le billet coûte 12.000 francs CFA, soit environ 18.29 € Vs 15.24 € pour un train d’un certain standing.

Maintenant, dans le même train se côtoient des marchandises et des personnes, donnant lieu à des situations cocasses, surchargeant les rames et créant des conditions d’hygiène douteuses, avec des odeurs qui ne sentent pas bon le colombin et un inconfort dont s’accommodent à leurs corps défendant les modestes voyageurs qui n’ont pas les moyens de se payer un billet d’avion qui coûte 4 fois plus cher pour un vol de moins d’une heure.

La délégation des « grands » travaux qui parfois prend en compte certaines critiques, a commandé 4 trains en Corée du Sud.  Deux sont arrivés au port maritime de Pointe-Noire mais ne sont pas encore en service.

Jusque-là, les petites bricoles de la DGGT depuis 2007 avaient englouti environ 40 milliards de francs CFA, soit presque 61 millions d’euros, pour un résultat que nous connaissons.

L’état Congolais a pourtant lancé des appels d’offres, mais aucun repreneur ne s’est intéressé à la chose. Du coup la réhabilitation de cette société fait l’objet d’une mesure spéciale. Le coût de sa réhabilitation n’a pas encore clairement été estimé, faute d’études sérieuses. Cela pourrait sans nul doute intéresser nos amis Chinois !

Le viaduc du Mayombe où la superstition oblige les voyageurs à balancer des pièces de CFA dans le cours d’eau pour amadouer les sirènes douanières et s’acquitter ainsi du droit de “péage mystique”

L’une des ambitions du gouvernement Congolais pour cette année est la réhabilitation de vieux wagons de voyageurs et la mise en service de deux trains spéciaux : l’un entre Brazzaville et la région du Pool, l’autre entre Pointe-Noire et le Mayombe

Le CFCO espère par ces mesures donner du tonus à la mourante : la compagnie espère transporter cette année 1,3 million de voyageurs et, compte tenu de la demande croissante des industriels et du développement des projets miniers, 1,65 million de tonnes de marchandises. Une aubaine en ces temps de crise. Mais il faudra hélas compter avec les « cabris », entendez par là les resquilleurs qui bénéficient de la protection (complicité) des agents en uniformes. « Protéger » la population, n’est-ce pas leur devoir après tout ?

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Rappelez-vous : « la rétention de l’information est une forme de constipation du savoir ».

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