Le Congolais moyen possède trois ou quatre téléphones portables. Mais pour quoi faire ?
Courant 2010, je suis nommée responsable de projets à l’Université de Versailles. La même année, au mois de novembre, le Congo-Brazzaville est frappé par une épidémie de poliomyélite qui fait des dizaines de morts.
Pour combattre la maladie le gouvernement engage une campagne de vaccination. Les autorités communiquent en direction de la population à l’aide des médias de masse comme la radio et la télévision. Or le congolais moyen n’a guère accès, de façon régulière aux médias de masse, faute d’un pouvoir d’achat suffisant mais aussi à cause du délestage dans la fourniture d’électricité. La communication s’établit également au moyen des haut-parleurs installés dans les grands marchés, comme si la pollution sonore qui y est déjà très grande (vendeurs de CD, contrôleurs de bus, rabatteurs de toute sorte…) ne suffisait pas.
C’est oublier que l’Afrique est le deuxième plus gros marché du mobile, la région occupant désormais la deuxième place en termes de souscriptions. En un mot le téléphone portable se trouve aujourd’hui être le support de communication que le Congolais moyen a à sa disposition quels que soient son niveau de vie et sa zone d’habitation.
Mais l’utilisation de ce support se limite à l’émission et la réception des appels et des sms. Face à cette situation, je me suis demandé comment la population congolaise pourrait-elle tirer un meilleur profit des potentialités du téléphone portable, grâce à la diffusion des messages à caractère formatif, informatif, commercial, environnemental et de santé publique.
De ce point de vue j’ai donc lancé le projet MODIM : Mobiles Développement Innovation Mutations. L’étude de faisabilité de ce projet a été réalisée par les étudiants d’EST Littoral (Pointe Noire) et ceux de l’université de Versailles (France).
La deuxième étape de ce projet se poursuit avec les étudiants d’EST Littoral dans le cadre d’un congé scientifique accordé par l’Université de Versailles. Les étudiants du CFI-CIRAS y participeront à partir de février 2012.
Le projet, lancé en novembre 2010 et a permis :
– la mise en place d’une coopération entre l’IUT de Mantes en Yvelines (France) et l’Ecole Supérieure de Technologie du Littoral (Pointe Noire) – une cogestion de l’installation de la plate-forme Moodle par les étudiants de France et de Pointe Noire – la création d’une page Facebook Moodle pour les échanges entre étudiants de France et étudiants du Congo – l’exposition dans le hall de l’IUT de Mantes en Yvelines d’un stand « Congo » pendant la semaine du Développement durable – l’invitation de deux collègues enseignants-chercheurs congolais à l’université de Versailles Saint Quentin en Yvelines – la présentation du projet MODIM au palais des congrès lors du forum économie numérique à Paris (Palais des congrès) et au forum Green Business (Pointe-Noire, Congo) La participation au projet de développement des communications via mobile pour les PME-PMI du Congo, – la proposition d’un support de cours – la création d’un espace Facebook qui sert de test et qui permet la gestion du projet avec les étudiants d’EST Littoral (Pointe-Noire). En termes de communication le projet a été vu à la télévision congolaise et il est également visible sur Internet. On le voit : les initiatives et la volonté ne manquent pas. Les initiatives ne demandent qu’à être amplifiées afin que le téléphone mobile ne soit pas un simple objet de frime ou de dépenses inutiles mais un outil au service de la culture, de la santé et du développement.
Par Milie Théodora Miere (source: http://bvam.over-blog.com/article-congo-brazzaville-des-telephones-portables-pour-quoi-faire-96630102.html)
NOTE: Dans chaque famille au Congo, il y a au moins un téléphone portable. Ce qui n’est pas le cas pour la radio et la télévision. D’autre part, la lecture reste réservée à une élite.
Alors Messieurs les politiques la balle est dans votre camp.