Congo-Brazzaville : Dialogue ou pas dialogue national inclusif ?

dialogue-300x174-2647431Par : Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

Telle est la question qui agite le landerneau politique congolais que ce soit la diaspora ou la classe politique locale.

Chacun y va de sa posture, tentant d’expliquer le bien fondé de sa démarche du pourquoi il faut dialoguer ou ne pas dialoguer avec le pouvoir illégitime en place. Pendant ce temps certains esprits malins essaient de soutirer des sous au dictateur Sassou en quête de respectabilité, afin que ce dernier apparaisse comme un homme politique fréquentable aux yeux de la communauté internationale.

Comment courir le monde entier en faisant partie de tous les forums de paix, au frais du contribuable congolais, alors que dans le même temps l’on est incapable soi-même de maintenir un semblant de paix et de sérénité dans son propre pays ? Là est l’équation épineuse qui turlupine le cerveau de notre VRP congolais.

Au-delà des attitudes des uns et des autres, de nos ego, de ceux qui ont une certaine aura dans le monde, il n’en demeure pas moins que c’est le peuple congolais qui, dans son entièreté, souffre de cette situation politique déplorable à tous égards. Jusqu’à quand allons-nous continuer à nous regarder en chiens de faïence ? Car pendant ce temps Sassou déroule son programme tribaliste non rassembleur au grand désarroi des Congolais.

Il n’y aura pas de développement de notre pays sans une paix durable et sans un État de droit qui garantit les libertés individuelles fondamentales.

Chacun de nous y va de ses revendications sans proposer de véritables solutions de sortie de crise. Sassou est certes infréquentable, il n’en demeure pas moins qu’il a la légitimité aux yeux de ses pairs et des occidentaux qui s’empressent tels des charognards de venir dépecer le peu qui reste du Congo. Nous n’allons pas lui laisser les mains libres pour continuer à saccager notre pays.

Le temps n’est-il pas venu de faire la paix des braves avec la libération de tous les prisonniers politiques, le rétablissement du processus démocratique amorcé en 1991 et enfin le départ du pouvoir de Sassou qui serait pour ce dernier une porte honorable de sortie nonobstant ses crimes économiques et humains. Ce dernier doit comprendre qu’il a échoué dans la gestion de notre pays dont il n’a jamais pu percevoir la quintessence. Se maintenir en dépit du bon sens au pouvoir depuis plus de 34 ans c’est insulter les 4 millions de citoyens congolais dans leur capacité à faire émerger un leader en mesure de mener le peuple vers l’espérance tant attendu d’une vie meilleure.

Il est temps de discuter non pas en catimini, mais devant la représentation nationale, afin que tous ensemble nous puissions évoquer des solutions viables politiquement. La politique n’est-elle pas l’art du compromis et non de la compromission ? Cette démarche devra se faire sans humilier les uns ou les autres. Mais quoi qu’il en soit la justice devra réparer ce qui a été détruit par des comportements délictueux.

De la discussion jaillit la lumière disait l’autre. Sommes-nous devenus deux peuples congolais irréconciliables ? Je ne puis me résoudre à cette solution car le Congo est un et indivisible.

L’accaparement du pouvoir par la force des armes, la répression a déjà montré ses limites dans le monde. Un peuple qui a soif de liberté est comme un volcan prêt à exploser. Tout le tissu social congolais est dégradé et l’on fait semblant de diriger un pays qui n’existe qu’à travers ses frontières. Le seul exploit que réussit à faire ce gouvernement bancal, c’est de payer les salaires des fonctionnaires, comme si cela était le seul projet de société que porte notre tyran de Président atteint par le syndrome de Peter.

Il est temps qu’émerge une nouvelle classe dirigeante issue des urnes car notre pays regorge de nombreux experts ou talents et ceci dans tous les domaines. Reconstruire, rebâtir le Congo est la tâche la plus ardue qui nous attend.

Le statut quo c’est la mort. Le changement c’est la vie et pour changer il faut changer l’image. Jusqu’à ce jour, les stratégies de rejet de l’autre n’ont pas porté de fruit car chacun prêchant pour sa chapelle afin d’être en pôle position au moment du partage du gâteau. Ainsi, ce sera la perpétuation du système actuel de prédation des richesses nationales. Les anciens pauvres voudront à leur tour devenir les nouveaux riches d’aujourd’hui, oubliant au passage avoir été mandatés par le peuple congolais pour assurer le développement du pays et le bien être de ses habitants. Ceci rejoignant hélas les propos de Georges Clemenceau : « En politique on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables ».

A juste titre nous devrions craindre de nous faire rouler dans la farine comme a pour habitude de le faire notre timonier. Le Congo n’appartient pas plus à un clan qu’à un autre. La politique des coups de menton doit céder le pas devant la souffrance du peuple congolais dont les dirigeants préfèrent l’onction des occidentaux que celle de leur peuple.

L’heure de la réconciliation nationale a sonné. Le rassemblement de tous les Congolais est une nécessité pour la bonne gouvernance de notre pays. S’y dérober pour des convenances personnelles aux dépend de l’intérêt national serait une faute politique que conjointement nous assumerons.

En aucun, cas le dialogue national inclusif que nous appelons de tous nos vœux ne pourrait être perçu comme une marque de faiblesse devant un pouvoir en place qui n’use que de la force pour se maintenir. Ce dernier consistera à trouver des alternatives solides que même le diable ne pourrait défaire pour un avenir radieux du Congo, notre très cher et beau pays.

Les contours de ce dialogue national inclusif sont connus de tous. À nous de les faire avancer afin d’y parvenir dans notre sagesse bantou. Notre jeunesse nous regarde car nous sommes cette génération qui doit mettre fin à ce clivage Nord-Sud dans notre pays pour le bien de tous les Congolais. La diplomatie est la dernière solution avant la guerre. Nous sommes à présent au pied du mur.

Allons-nous abandonner la terre de nos ancêtres à ceux qui s’en sont accaparés par les armes ? Tel est notre dilemme en tant que démocrate. Notre responsabilité n’est pas de jouer les médecins après la mort car nous aurons échoué collectivement.

C’est Martin Luther King qui disait : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ».

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA