Depuis les indépendances des années 1960, l’Afrique a connu plein de mutations dans les domaines multiples et variées. Nous sommes passés des convulsions de l’émancipation identitaire aux crises politico-sociales. De toutes ces tensions traversées durant 54 ans, les hommes ont toujours pris une place prépondérante dominant toutes les sphères de l’activité politico-économique et sociale.
Qu’en est-il des femmes africaines et plus particulièrement du Congo-Brazzaville ?
La femme congolaise doit s’élever contre les handicaps de la société
Elles se font rares, discrètes dans l’histoire et la mémoire nationales où elles sont cantonnées à des postes qui laissent penser qu’elles brillent par une incompétence coupable. Ellen Johnson Sirleaf (2006 Libéria), Maria do Carmo Silveira (Sao Tomé et Principe 2005) ; Luisa Diego (Mozambique 2004) ont excellemment prouvé que la gente féminine africaine était capable d’occuper les postes de Président ou de Premier ministre dans une Afrique où les mœurs sont lentes à se moderniser.
Récemment en République Centrafricaine, Mme Catherine Samba Panza (59 ans) vient de démentir les mauvaises langues qui prédisaient que les africaines d’Afrique centrale ne seraient que des seconds couteaux ou des ploques. Nous avons là une grande première dans cette partie de l’Afrique où les hommes politiques préfèrent accumuler les maitresses au lieu de faire valoir leur immense capacité à gérer la cité parfois mieux que les hommes.
C’est dans ce contexte qu’il faut prendre la mesure de l’événement qui s’est produit en Centrafrique pour distiller un message à la femme congolaise qu’elle est aussi capable de bien de choses positives et démentir définitivement quelques esprits mesquins qui pensent qu’elle n’a pas d’étoffe et ne peut se hisser parmi les hommes qu’en bénéficiant des promotions canapés. L’élévation de la femme congolaise doit se faire par le travail, le dynamisme, le courage, la compétence, l’intelligence et la volonté de réussite et non par la corruption, les passe-droits (clan, régionalisme, tribalisme) et le droit de cuissage.
2016 est une année à risque pour la survie de la démocratie congolaise engluée dans des querelles phallocrates qui laissent échapper toute possibilité de réconciliation. Alors, pourquoi pas une femme à la présidence Congolaise en 2016 ?
La question fait sourire plus d’un, tant le comportement des femmes de pouvoir au Congo-Brazzaville est loin d’être le summum de l’exemplarité, il n’est pas moins exclu que beaucoup d’entre elles sont investies d’une compétence qui ne mérite qu’à être mise en valeur.
Loin des tergiversations de basse échelle et des commérages en dessous de la ceinture auxquelles nous avaient habitués certaines d’entre elles, ces femmes pionnières de la lutte politique au Congo-Brazzaville n’inspiraient pas confiance.
Peut-on dire que les vieilles gardes de l’URFC qui se prenaient pour des précurseurs, à l’instar de Céline Claudette Eckomband épouse YANDZA à l’époque, Joséphine BOUANGA ou encore du cacique Joséphine MOUNTOU BAYONNE ont-elles préparé le terrain politico-administratif aux générations futures de femmes congolaises de se sentir égales des hommes et d’avoir à s’exprimer librement et à se hisser au diapason des hommes ?
Qui voterait aujourd’hui pour Jeanne DAMBEZET, MAMBOU GNALI, Adelaïde Yvonne MOUGANY, Emilienne RAOUL, Claudine Munari-Mabondzot, Arlette Nonault-Soudain (Membre du Bureau Politique du PCT et épouse de François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique), Bélinda Ayessa (directrice du mémorial de Pierre-Savorgnan-de-Brazza et fille de Firmin Ayessa, Ministre d’Etat-directeur de cabinet du Président de la République), etc… dont les conséquences de leurs actes sont aussi critiquables que ceux des hommes ?
Femme congolaise en politique : A quand la parité ?
En l’absence d’une loi-cadre prônant l’égalité femmes-hommes dans la société congolaise, la femme congolaise doit se battre pour être présente sur tous les fronts et principalement de l’égalité des droits et de la lutte politique.
Qui parmi la femme congolaise peut incarner une ambition de rupture au sein de cette société dont les stéréotypes sexistes commencent dès la naissance et de surcroît désœuvrée en lui redonnant l’espoir d’un lendemain meilleur.
L’exemple patent au Congo-Brazzaville: Denis Sassou Nguesso continue de laisser en place certains ministres, cadres administratifs, officiers généraux ou supérieurs ayant dépassé l’âge de la retraite, sont impotents, incompétents et moribonds dont les postes peuvent êtres occupés par des femmes compétentes, dynamiques et motivées.
Au Congo-Brazzaville, la parité femmes-hommes en politique a un grand retard pour se mettre en place. Aucun parti politique, n’a osé mettre en place la parité. Pire, en l’absence de volonté politique, il n’existe pas de sanctions financières susceptibles d’inciter ou convaincre les partis politiques à atteindre cet objectif. Le sexisme en politique a encore de beau jour. Dans ce milieu politique sexiste, existe-t-il une congolaise à même de se distinguer du rouleau compresseur des hommes et de faire le consensus au niveau national ? Une femme qui sait manier l’apaisement et la sagesse pour en faire une qualité au-delà de l’altruisme nécessaire.
Ces femmes pionnières sont les mauvais exemples qui condamnent la grande majorité des jeunes femmes brillantes, excellemment dynamiques et investies d’une compétence louable.
D’aucuns diront que c’est la vieille génération, il faut la balayer. Soit !!! Mais que dirons-nous des attitudes aussi répréhensibles parfois dégradantes des pseudos personnalités politiques de la nouvelle génération en l’occurrence CLAUDIA SASSOU NGUESSO dont l’étendue des frasques en dit long sur sa probité (http://www.dac-presse.com/actualites/a-la-une/politique/183-claudia-lemboumba-sassou-lindecence-au-pouvoir.html).
Nous devons reconnaître avec honnêteté que le jeu interne des partis et associations politiques au Congo-Brazzaville ne favorise pas l’émergence des femmes pour qu’elles soient plus représentatives dans toutes les instances politiques et administratives.
La question de la parité est lancinante. Une photographie exhaustive des membres du gouvernement, de l’Assemblée Nationale, du Sénat, des préfets, des directeurs généraux et centraux montre la faible représentativité des femmes et prouve l’absence d’engagement politique des hommes.
Un exemple patent au Congo-Brazzaville: Denis Sassou Nguesso continue de laisser en place certains ministres, cadres administratifs, officiers généraux ou supérieurs ayant dépassé l’âge de la retraite, impotents, incompétents et moribonds dont les postes peuvent êtres occupées par des femmes compétentes et dynamiques. L’ascenseur social est en panne à cause du clanisme et la géopolitique.
Heureusement, bien que cela soit une goutte d’eau dans l’océan, le Congo-Brazzaville regorge de milliers de femmes capables de relever le défi. Des femmes qui ont longtemps coupé le cordon ombilical les reliant à l’homme faiseur de tout.
Il y a quelques choses d’anachronique dans le comportement de l’homme politique congolais. En même temps, il proclame vouloir construire une société congolaise aux aspirations fortes d’égalité mais dans les faits, il impose une société politique de type misogyne, macho et oligarchique, qui n’a jamais rompu avec l’époque du moyenâgeux où la femme n’était utile qu’à faire des bambins. Les privations sauvages dont la femme congolaise est victime n’ont fait que bâtir une organisation de l’économie primaire et donc de la politique en clans. Le comble du désarroi, certaines femmes congolaises se distinguent dans les « mozikis » et dans les associations de soutien des hommes politiques.
La femme congolaise, en dépit des difficultés et des barrières rencontrées, se libère, se modernise, se reconstruit de façon progressive, lentement mais surement.
Et ce à quoi on assiste aujourd’hui c’est un ras le bol notamment des jeunes femmes, plutôt bien formés et qui veulent prendre le destin de la cité en mains devant la démission et l’incompétence de certains hommes. « L’accès au pouvoir politique pour les femmes est primordial. Car au delà de cela, c’est remettre en cause les rôles établis qui existent dans notre société. Cela fait trop longtemps que l’on pense que les hommes seraient plutôt faits pour l’espace public, et seraient ceux qui prendraient des décisions, tandis que les femmes seraient plutôt faites pour l’espace privé. La parité, c’est remettre en cause cela, c’est remettre en cause la division sexiste de la société, c’est donc fondamental pour l’égalité femme homme en général. » Anne-Cécile Mailfert
En guise de conclusion, je ferais ce rêve de : « Cette femme pleine de vie, de douceur, de talents et diplômée au même titre que les hommes, doit avoir le courage et la pugnacité de regarder l’homme en face et de lui dire simplement que vous avez échoué sur toute la ligne car c’est à mon tour de relever le défi. Elle doit s’émanciper, se réveiller et enfiler son habit tout neuf de responsable car elle est le seul salut,…» K.A. Toihir
Celle que les congolais attendraient désespérément.
Debout femme Congolaise, le temps de l’exclusion des femmes du pouvoir politique ou à celui de la discrimination est révolu.
Jean-Claude BERI, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.