Congo-Brazzaville : Faut-il boycotter ou participer aux élections locales du 28 septembre 2014 ?

« Certains membres de l’opposition sont devenus des champions du monde de la tromperie. Ils ont vendus leurs âmes sous l’autel des « nguiri ». Leur sacerdoce politique se résume en trois points : nguiri le matin, à midi, et le soir. Ces partis sont devenus des partis « nguirifiés » »  JCB

Pourquoi faut-il participer aux élections dont nous savons d’avance qu’elles seront truquées, biaisées en faveur du pouvoir ? L’opposition qui se prépare en catimini pour présenter des candidats aux prochaines élections locales serait-elle pas responsable en agissant ainsi ? Comment pouvez-vous tirer à bouler rouge sur le rassemblement de l’opposition que la diaspora qui, certes peine à rassembler pour l’instant, mais qui a déjà parcouru un chemin immense dans sa quête de l’unité ? Alors que vous, vous reniez à chaque votre promesse de ne plus participer aux élections dans le contexte politique que nous traversons.

La désobéissance civile est une arme légitime

Pourquoi la stratégie de ce régime n’est plus voilée ? Laissez-moi vous dire une chose: ce régime n’organisera jamais des élections libres et équitables si nous ne nous battons pas pour cela. Alors, la seule chose à faire, c’est de lutter avec les compatriotes constants pour s’assurer que nous parvenons à ce que nous voulons.

La valse des beaux discours au cours d’un meeting ici et là n’a pour but que de semer la diversion et la confusion. Que les partis politiques qui ont des députés à l’assemblée prennent leurs responsabilités politiques. Les partis et associations politiques de l’opposition doivent s’opposer énergiquement en faisant usages de tous les procédés édictés par la loi pour faire échouer le passage en force de ce pouvoir moribond. Les responsables des partis et associations de l’opposition peuvent entrevoir des opérations de désobéissance civile pour dénoncer une loi électorale inique, tout en faisant de ce refus une arme de combat politique : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

L’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dispose que : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »

Ce pouvoir moribond est déshabillé. Le roi de Mpila est nu, Sa machine propagandiste dont les aboyeurs aphones et incompétents ne peuvent s’illustrer qu’à travers la tricherie des élections. Le PCT est secoué par des courants  contradictoires internes. Plus que jamais la vérité est sur la place publique, ce n’est pas une crise politique nationale que nous traversons mais une crise de survie d’un clan, d’un système qui veut transformer la quête de survie de leur système maffieux en une crise politique. Pour vouloir pérenniser ce pouvoir mafieux, le gouvernement de Sassou Nguesso a rompu tout dialogue politique à travers un passage en force. Ce faisant, les sbires du clan Sassou ont pour mission de ne pas permettre à tous ceux qui s’opposent au changement de la constitution de s’exprimer.Comme quoi, les congolais sont abusés et pire, on est très loin des discours qui prônent le respect des textes de la République et surtout de la constitution qui garantit la liberté d’expression, de réunion et d’association.

« En annonçant cette rupture aujourd’hui, les partis de l’opposition dite républicaine n’ont fait qu’enfoncer une porte ouverte. Le 9 mars 2013 lors du meeting du Collectif des partis de l’opposition Congolaise Guy Romain Kinfoussia avait attiré l’attention en disant: « J’ai été trompé une fois, je ne me laisserai plus tromper et je n’irai pas à Dolisie ».

Les frères ont été dupés à Brazzaville en 2009, ils l’ont été à Ewo et à Dolisie. S’agissant de Dolisie, il faut noter que le fiasco est total. Sur l’ensemble des conclusions et recommandations retenues, on peut noter que l’on a voulu divertir le peuple congolais avec deux actions:

-le Recensement Administratif Spécial qui devait permettre de déterminer un corps électoral consensuel et qui a lamentablement échoué;

-l’érection de la Commission nationale d’organisation des élections en un organe indépendant. Ce qui n’a pas été respecté.

Il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que toutes ces prétendues concertations n’ont été que des mascarades préparées pour violer la Constitution et faire obtenir un 3ème mandat à Denis Sassou Nguesso. »Dixit Clément Mierassa.

Le pouvoir de Denis Sassou et les membres de son clan étant sourds et aveugles, ils sont aidés par certains membres de l’opposition qui sont devenus des champions du monde de la tromperie. Ils ont vendus leurs âmes sous l’autel des « nguiri ». Leur sacerdoce politique se résume en trois points : nguiri le matin, à midi, et le soir. Ces partis sont devenus des partis « nguirifiés ».

Les congolais doivent s’opposer unanimement face à une politique aveugle

Seulement, ils oublient une chose qu’on ne peut continuellement tromper le peuple. L’instabilité politique a atteint  des sommets de la déraison telle que le mensonge s’écrasera sur le mur de la réalité. Ignorent-ils que l’ancrage du système Sassou dans le paysage politique conduit inexorablement notre société vers un système le plus  brutal, le plus immonde, pervers, stupide et inégalitaire. Êtes-vous fiers de voir vos enfants transformer en des mutants obéissants aveuglement à des dictons avilissant, dégradant : « Tosa ô bika ».

Nos jeunes ne pensent plus par eux-mêmes, ont peur de l’avenir, traumatiser par cette espèce d’épée de Damoclès maintenue au-dessus de leurs têtes : « Tosa ô lia ». Ils vivent leur propre vie  par procuration. Ceci parce que l’homme politique congolais est devenu un homme sans valeur, sans morale et sans éthique. Lorsque l’on défend des valeurs corrompues et abjectes, on se heurte toujours à l’hostilité d’autres personnes soucieuses du respect de la morale et du bien-être social du peuple dans sa grande majorité. Or certains politiques congolais ont fui le combat avant même de combattre. Dès que  le diable rugit dans le noir ils livrent  même leurs propres enfants pour leur survie. Contaminé jusqu’à la moelle, ils sont incapables de voir le mécontentement profond et éclairé qui se pointe à l’horizon.

C’est pourquoi, il faut dénoncer les membres de la majorité et de l’opposition qui se présenteront à ces élections. D’autant plus, il est démontré que ces élections locales sont pilotées par la présidence de la république qui distille des billets de francs CFA à ses courtisans sans tenir compte de la réalisation de projets. Les projets retenus dans le cadre de la « municipalisation accélérée » sont en réalité une arme de chantage pour fléchir tous les courtisans.

Déjà faudrait-il qu’il existe une politique de décentralisation digne de ce nom pour suivre la finalisation desdits projets. Pour construire juste un dispensaire, un maire doit faire la courbette auprès de Jean-Jacques BOUYA qui gère les 80% du budget d’investissement du pays. C’est à ce dernier de répondre favorablement ou pas. Comment voulez-vous un seul homme puisse avoir le monopole de décider de tout sur les besoins élémentaires de chacun des départements du Congo.

En 2016, les congolais doivent définitivement rompre avec le pouvoir clanique et monarchique de Sassou Nguesso. C’est pour ces motifs que Clément Mierassa sonne le réveil des congolais et les incite à tirer les leçons de ce pouvoir moribond, en disant que :« Ce qui se passe actuellement permet de constater que le Gouvernement et l’ensemble des partis au pouvoir ne respectent pas leurs engagements. Le constat le plus frappant c’est qu’ils ne se gênent pas de violer la Constitution, les lois et règlements de la République. Ceci en toute impunité. Nous avons eu à signaler qu’ils ne respectaient pas les engagements internationaux à l’instar de la Déclaration de Bamako, Déclaration de la CEEAC sur le processus électoral; la Charte Africaine sur la Démocratie, les élections et la gouvernance et autres.

Au plan interne, on peut noter que dans son message sur l’état de la Nation en 2006 Denis Sassou Nguesso avait pris l’engagement d’ouvrir pour les excédents budgétaires un compte de stabilisation pour lequel la Cour des Comptes devait réaliser chaque année un audit qui devait être rendu public.

Depuis, personne n’a vu le moindre audit. C’est pour cela que les Congolais doivent prendre avec beaucoup de prudence le concept de confiance que le Chef de l’Etat a si abondamment utilisé dans son message.

Au moment où des voix s’élèvent ici et là pour parler de dialogue national, il faut bien se méfier du Gouvernement du Président Sassou et du Parti au pouvoir (PCT) et éviter de se faire rouler dans la farine. »

La mort dans l’âme pour ceux qui croyaient au respect de la parole donnée par des hommes politiques. Les accords d’Ewo et de Dolisie se sont effrités. Les démons politiques du PCT ont repris le dessus.

La nouvelle loi électorale au Congo-Brazzaville, votée par des députés godillots est un véritable cocktail explosif.

L’opposition est mise dans la position de ne pas participer à ces élections locales qui à accréditer ce pouvoir décrié par l’ensemble des congolais. Il y a une différence entre prendre la décision de ne pas participer et lorsque vous êtes mis dans une situation dans laquelle vous êtes obligés de ne pas participer. C’est cela la constance politique et le courage d’affirmer ses idées. «Oser s’affirmer dans sa différence et oser être ce que l’on est C. Gustav Jung. Comme l’a brillamment exprimé les dirigeants du Mouvement citoyen pour le respect de l’Ordre Constitutionnel : « Nous n’irons pas aux locales ».

« Le rôle de l’opposition mérite le respect. Elle est primordiale au sein de toute assemblée délibérative. Sa simple présence contribue à faire vivre la démocratie. Sa participation aux débats est aussi bien indispensable qu’obligatoire parce que la démocratie reste notre bien le plus précieux, l’ultime foyer de l’espoir pour celles et ceux qui n’ont rien. Elle est toujours l’expression de la différence légitime » Fabien Ruet. 

Il est consternant d’assister à un véritable déni de démocratie opéré par le pouvoir en place. En refusant de participer à cet exercice, le 28 septembre 2014, l’opposition marquera là un vrai tournant dans son combat pour une vraie démocratie. Oser la politique de la chaise vide, c’est le début de la contestation véritable. 

Jean-Claude BERI