Ce problème de la responsabilité des générations est en fait un faux problème. Il marque, relève même, la légèreté des analyses sur les causes des difficultés que connait notre pays. Ces courtes analyses montrent combien le combat politique de ceux qui en ont fait leur cheval de bataille ne marque aucune consistance. Ces analyses accusent le caractère fragile du socle des convictions. Elle est le résultat d’une vue étriquée des causes du recul de la situation de notre pays. A cette allure, notre pays n’avancera pas et ne sortira jamais de l’impasse dans lequel l’a poussée régime actuel.
Depuis l’indépendance, les gouvernements du Congo Brazzaville impliquent un peu plus les jeunes générations dans la gestion de notre pays. Et ces jeunes sont ceux parmi les membres de ces gouvernements qui brillent par l’incivisme, les malversations, l’incompétence, la méchanceté, le mauvais exemple. Les fonctions de ministres ou de hauts fonctionnaires ont tellement été rabaissées, dévalorisées par les nominations hasardeuses que le simple fait de pointer les insuffisances ou les carences de tel ou telle autre ministron vous fait passer pour un jaloux ou un aigris.
Malheureusement, les meilleurs sont, chaque fois écartés quand ils ne sont pas mis sous la responsabilité des médiocres. Les personnages brillantes s’exilent, se taisent ou baissent la tête soit pat lâcheté, soit par peur, soit encore pour conserver leurs positions et satisfaire leurs besoins mercantiles, préférant ainsi s’asseoir sur leurs convictions et leurs savoirs en se trouvant des boucs émissaires afin se donner bonne conscience.
C’est à ce fait qu’il faut s’attaquer. Il faut dénoncer ces choix qui ne répondent qu’au clientélisme et qui tirent toutes les générations vers le bas.
Aujourd’hui, M. Denis SASSOU dirige plus avec son clan, pour éviter d’être contrarié dans sa gestion. Il aligne dans le gouvernement et dans les hautes fonctions des personnages qui ont l’âge de ses enfants ou encore l’âge de ses petits-enfants, les bénis oui-oui, les personnes qui, malgré leur âge adulte lui sont redevables et ne peuvent pas le contrarié. Avez-vous une vue des parlementaires Français et Américains. Connaissez-vous la moyenne d’âge de ces parlementaires-là ? Ne sont-ils pas pour certains d’un certain âge que vous diriez d’une autre génération ?
Ces gens-là, sont plutôt bien rompus à certaines épreuves. Ils ont un parcours éloquent dans la vie. Ils ont déjà eu à affronter quelques épreuves : des combats politiques, des affrontements de convictions, des idéologies, des mœurs, des contradictions des exigences, des responsabilités politiques, sociales, physiques, professionnelles, morales.
De l’histoire de leur pays ; ils en ont un certain vécu. De celle du monde : ils en ont certaines références. Les parchemins universitaires ne suffisent pas pour faire de leurs détenteurs sans expériences, sans passé, sans histoire ; des gestionnaires habiles, compétents et exemplaires de la vie publique. Pour lutter contre des valeurs « anti-progrès », « anti-bonne-gouvernance », « pro-inégalités », « pro-corruption », « hyper-scandaleuses » etc., il faut bien autre chose que d’être seulement jeunes et tout bardé de parchemins. Il faut un peu de culot, du courage, d’esprit d’abnégation, une identité bien affichée, un besoin de dignité, d’éthique, de fierté nationale à l’abri de toute épreuve, de justice et de beaucoup d’amour de l’autre, de l’humilité, un peu d’humanité qui ne se confond pas avec de l’humanisme siphonné et profané.
Ni la jeunesse, ni les parchemins, rien de cela ne donne ce qui est attendu de ceux qui entendent diriger les autres, le pays qu’ils aimeraient plus que d’autres, un état démocratique dont seuls eux sont habilités à assurer la pleine émancipation.
Jeunes et moins jeunes, individuellement et collectivement, nous avons tous une part de responsabilité dans la décrépitude de notre pays bien aimé, de sa pérennité dans la médiocrité, et de ces petits tyrans arrogants et sans éthique qui nous gouvernent en nourrissant de leurs insuffisances.
Les personnes qu’il faut pour diriger
L’une des questions fondamentale, est celle de l’Homme.
L’homme est le fruit de son héritage (inné), ce que lui lègue le naturel de ses parents.
L’homme est aussi le fruit de son éducation (son acquis) qui est faite de :
− de ce que lui transmet son milieu (la culture, l’histoire de son enivrement socioculturel : sa famille, son clan, sa tribu, son ethnie) ; − de ce qu’il reçoit de sa formation (formation scolaire, universitaire et professionnelle, son expérience, la vie) ;
− de ce que lui donne la culture de base, celle que lui offre l’ensemble des biens socioculturels, historiques et techniques du peuple auquel il est issu, mieux appartient.
L’homme est donc ainsi le fruit de la société dans laquelle ont évolué ou évoluent ses parents, son clan, son ethnie, lui-même. Cette société, dans laquelle il a évolué et celle dans laquelle il évolue et affûte et consolide ses acquis, en y confrontant sa part de génie au réel et à l’irréel, aux mythes et aux idéologies tous azimuts est sa vraie école.
Pour qu’il arrive à exprimer une certaine sagesse dans sa vie, qu’il assume tant bien que mal les différentes fonctions que lui assigne la vie, la société et la gestion des hommes dans un État démocratique aux revendications multiples, il lui faut, à cet homme, se référer au grand maître : l’action, la douleur des exigences de la société en confrontation à celles des besoins de la chair souvent en contradiction avec les besoins de l’esprit.
L’homme, fait d’esprit et de chair, connait une profonde douleur de cette perpétuelle contradiction, de ce perpétuel conflit à travers lequel il doit trouver un équilibre pour une issue salutaire pour qu’il soit utile à la société, à l’humanité. Un homme digne de gérer une bonne part de la vie des hommes.
Oui, « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Mais voilà que « ces âmes biens nées » ne sont pas la panacée des sociétés que l’on veut toujours jeunes.
Il faut bannir les phrases du genre « notre jeune démocratie » ou « notre démocratie en construction ». L’indice de la jeunesse d’un pays, de son peuple, est évalué par la référence faite au bas niveau de leur émancipation, c’est-à-dire au bas niveau du mimétisme pratiqué dans la maitrise des valeurs démocratiques. L’indice d’évaluation ici est le niveau d’imprégnation de la culture des sociétés étrangères à laquelle on veut assimiler son niveau de vie. C’est à ces valeurs que l’on fait absolument référence au quotidien pour apprécier si oui ou non, on est entré dans l’histoire.
C’est l’appropriation des fondements de ces valeurs qu’il faut absolument apprivoiser et intérioriser pour atteindre la majorité, l’âge de se prendre en main.
L’attente de la maitrise de la culture démocratique, l’obligation d’en approprier absolument les fondements et les bienfaits, font de notre pays, un pays jeune, pour des cadres toujours jeunes, flottants, embrouillés, à la merci des prédateurs et manipulateurs étrangers. Les Congolais et leur pays seront toujours des proies faciles et nécessaires pour la gratification des besoins de ces prédateurs ; bien sûr, si on ne s’y prend pas autrement.
Faire autrement, c’est aussi, surtout ne point opposer les générations entre elles. Il nous faut plutôt jouer en complémentarité, en murissant tous à la fois. En puissant les uns dans les autres ce qui est utiles pour le progrès tant spécifique, individuel que globale (général), sans créer la rupture, de fossé entre les générations.
Des adultes de 30 ans 40 ans 50 ans s’accrochent au statut de jeunes responsables de mouvements politique des jeunes devant être ceux des jeunes en dessous de ces âge et continuer à se réfugier dans ce statut de jeunes éternels, pour rejeter la responsabilité de leurs actes sur leurs ainés qu’ils considèrent comme des générations de vieux, ou de vieillards responsables de tous les maux dont ils sont victimes. C’est plus qu’une erreur monumentale. Tout ce qu’il y a d’inintelligent, voir d’indécent pour ceux qui croient à cette formule.
Ainsi donc, monsieur SASSOU assumera seul, les méfaits des gestions approximatives à cause de son incapacité à sanctionné, portant le résultat quelques parts des insuffisances bien individuelles. Certainement, parce que les petits tyrans zélés se nourrissent, grandissent, agissent et s’agitent à l’ombre de ses largesses, en considération de leur conception qu’il y a deux Congo ; Pas de Congo de vielles générations, pas de Congo des jeunes générations, pas de Congo du nord et pas de Congo du sud. Il y a seulement un Congo d’en haut (le leur, les demi-dieux), et un Congo d’en bas (celui des non-initiés au gala des élus et des illuminés).
La matière est inépuisable, la réflexion est inachevée, un débat s’impose en toute responsabilité en dehors de tout clivage.
Par : Patrick Eric MAMPOUYA