Après avoir suggéré de façon maladroite que Denis Sassou Nguesso était « indispensable » et le « meilleur Candidat » pour 2016 tout en légitimant la forclusion de la constitution qu’il s’était lui-même taillée à la mesure de ses ambitions, lui jurant totale obédience, le mercenaire de la plume, François Soudan,
grand laudateur devant l’éternel, reprend de nouveau le sabre encrier pour parachever son œuvre de panégyrique autour de la personnalité du Chef de l’état Congolais, Denis Sassou Nguesso. 20 pages sensées abonnir l’image écornée du Congo-Brazzaville en mal de bonne presse.
Nous autres Congolais aimons tellement notre pays à l’envi que son état de déliquescence actuel nous pousse parfois à en parler, le cœur serré, avec une autodérision coupée au cynisme martial comme d’un pays de merde (excusez du peu car la gravité se passe parfois des scrupules).
L’œuvre de François Soudan est donc de portée hygiénique.
Vu la taille de la chose, le format du papier hygiénique (20 pages) est loin de suffire. Il faudra des librairies entières et des désinfectants comme on en applique sur des macchabées pour diluer l’odeur pestilentielle qu’exhale notre pays. Et encore…
Dans le plus de Jeune Afrique n°2734 qui n’est plus ni moins que du réchauffé, le Congo est observé à l’aune de 4 paradigmes que sont:
* La diplomatie
* Le carnet de Route
* Les Mines
* La littérature
A chaque fois, l’ombre de Denis Sassou Nguesso plane. Tout le mérite revient à un seul homme, lui ! Il est l’actionnaire principal de toutes les bonnes œuvres et le récipiendaire attiré des bonnes grâces. Le culte de la personnalité est le leitmotiv de tout un gouvernement dont les administrateurs, au risque de perdre leurs maroquins cirent les bottes du chef et ne jurent que par lui, même lorsqu’un banal robinet d’eau est planté dans un quartier !
Le papier est estampillé « l’âge de la sagesse ». Il ne fait pas mystère quant à l’objet de cette distinction.
Mais François Soudan qui a aussi le sens de la mesure s’autorise quelques critiques et tourne en dérision les coupes de rubans et les poses de premières pierres dont débordent les archives nationales, mais se garde bien de traiter de « farceur » et de « collectionneur d’éléphants blancs », notre bâtisseur national infatigable et juge même son bilan de « flatteur » (entendez très positif). Au vu du nombre incommensurable de premières pierres déjà posées, il ne faut plus parler de rochers, mais plutôt d’un massif rocailleux de bonnes intentions.
Un brin tatillon, François Soudan dézingue le fumeux slogan « tout pour le peuple » qui illustre sans qu’il soit besoin de le clamer, l’état de précarité et de dépossession accéléré dans lequel survit le bas peuple sans broncher.
« Denis Sassou Nguesso, qui a 2016 pour ligne d’horizon, doit donc savoir qu’un bilan, si flatteur soit-il, vaut aussi par la crédibilité de celles et ceux qui le portent et le défendent. Les Congolais ne jugeront leur président ni sur ses biens, ni sur ses villégiatures, encore moins sur la coupe – au demeurant irréprochable – de ses costumes : ils n’en ont cure. Ils le jugeront sur l’emploi, sur la santé, sur l’éducation, bref sur le social (comme si c’était le moins important, Ndlr), mais aussi sur la qualité et l’intégrité de ses collaborateurs ». – François Soudan
Nous aimerions rétorquer à Monsieur Soudan qui, une fois de plus, prend les Congolais pour des billes, que ces derniers, gourmands de détails croustillants, jugeront particulièrement son champion sur « SES BIENS SÛREMENT ACQUIS À LA SUEUR DE SON FRONT, SES VILLÉGIATURES, L’IMPECCABILITÉ DE SES COSTUMES (ILS AIMERAIENT COMPRENDRE COMMENT IL PEUT AVOIR TOUT CECI, MONSIEUR SOUDAN), SON SENS DE L’HONNEUR, SA CAPACITÉ À RESPECTER LA CONSTITUTION, À FOURNIR L’EAU ET ÉLECTRICITÉ À TOUS LES CONGOLAIS, À DIVERSIFIER L’ÉCONOMIE, À AMÉLIORER LE CLIMAT DES AFFAIRES, À CONSOLIDER LA DÉMOCRATIE, À TOLÉRER LA CRITIQUE, À UNIFIER LES CONGOLAIS DU NORD AU SUD, À GARANTIR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE ET À SANCTIONNER CEUX DE SES COLLABORATEURS QUI DÉROGENT AUX RÈGLES DE BONNE CONDUITE… »
Bien évidemment tout ceci ne pouvait tenir en 20 pages et nous ne pouvons que comprendre les auteurs de cette œuvre salutaire d’utilité publique limitée par le nombre des caractères typographiques !
Un peu d’optimisme tout de même. Arrêtons de jouer tout le temps les mauvaises langues. Tout n’est pas que gris au Congo. Il s’y passe aussi de bonnes choses et il est important de le souligner. A cet exercice-là, Monsieur Soudan est incollable.
Renvoyer une image positive du Congo sans occulter la triste réalité qui est le lot quotidien d’une population paupérisée et maîtrisée, dépourvue des moyens de protestation, maintenue sous hypnose, est un devoir de mémoire pour la postérité que nous nous astreignons à accomplir ici.
Ceux qui se rendent coupables de propagandes lénifiantes ou complaisantes auront à en répondre tôt ou tard.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.