« Voilà une nouvelle fois, un signe de notre temps où le futile l’emporte sur l’utile. La nouvelle génération doit réécrire cette histoire congolaise tronquée par la folie d’un dictateur qui croit surfer sur le désordre, l’humiliation, le désespoir de son peuple. « Les dictatures se nourrissent du désespoir des peuples », disait Bernanos. Jusqu’au jour où… »
Où Sassou veut conduire le Congo ?
Il y a des événements qui hérissent les poils des congolais tellement le mépris et le dévouement aux idoles cachant une connotation occulte, mystique et indécente de culte de la personnalité. On est en face d’ un psychodrame mystico aliénante ou la culture se mêle à l’histoire dans un mysticisme diabolique.
Loin de nous l’idée de critiquer le fait que l’on puisse honorer la mémoire de Makoko, Massambat-Débat et Tchitchellé dont les œuvres historiques et l’apport sur les consciences collectives ne sont plus à démontrer. Mais pourquoi ériger une statue à la mémoire d’Edith Lucie Ondimba ? Voilà la grande question. Quelle est l’œuvre grandiose qui a rassemblé tous les congolais pour qu’on puisse attribuer à celle qui fut la première dame gabonaise, une statue a son honneur ? Certes, elle a beaucoup contribué au retour au pouvoir de son père, doit-on l’honorer de cette action qui a permis l’assassinat des milliers de congolais ? Concourir à armer son père dans l’assassinat de la démocratie congolaise est -elle un acte historique pour les congolais?
C’est un caprice personnel de plus. C’est surtout un gadget négatif, le pire signe que l’on puisse donner pour le développement touristique de Brazzaville et surtout pour la mémoire d’Edith. Mettre la mémoire de sa fille au devant des critiques les plus acerbes relève simplement d’une pathologie souvent atteinte par les dictateurs en fin de règne. Que nous a rapporté le mausolée Savorgnan de Brazza, un colon élevé au rang de bienfaiteur?
Au moment où les fils et petits-fils du feu Président Massamba Débat interrogent la conscience nationale a ce qu’on leur montre ne fusse ou a été enterré les restes de leur père et grand-père, SASSOU sort une pirouette indigeste en tendant honorer la mémoire de feu Massamba Débat. Serait-ce une manière d’avouer ses crimes ? Ou est passé le corps du Cardinal Emile Biayenda , le premier Cardinal congolais lâchement assassiné ? Ne mérite t-il pas les honneurs de la nation? Non Monsieur SASSOU, ce n’est pas de cette manière que vous allez vous absoudre de vos crimes.
En tout cas cette annonce suscite bien des interrogations. Par exemple le Congo n’aurait-t-il plus des historiens dignes de ce nom pour étudier selon les normes historiques qui mériterait l’honneur de se voir ériger un monument? L’assemblée, la société civile a t-elle perdu le droit de regard sur le choix des personnes ayant marqué notre histoire ?
Comment peut-on admettre qu’Edith Lucie Ondimba née Sassou Nguesso puisse bénéficier de tant d’égard mais pas les 353 victimes de « l’affaire des disparus de Beach » ? Et les victimes malheureuses du 04 Mars qui croupissent encore dans des taudis de fortunes abandonnées par le pouvoir et le Clan Sassou ne mériteraient-elles pas une reconnaissance de la nation?
L’œuvre d’Edith serait-elle plus importante que celle de Matsoua Andre pour ne citer que cet exemple ? « André Matsoua, prophète et libérateur « hanté par Dieu », demeure, près de soixante ans après sa mort, un mythe dans toute la partie méridionale du Congo.(1) »
Il faut le dire sans plus prendre des gants que plus rien n’égale l’insolence avec laquelle Sassou Nguesso défie et humilie le peuple congolais. Il pense qu’il est un Dieu et doit être adoubé comme tel. Il décide seul qui est plus apte de faire partie de notre mémoire nationale. Il décerne seul les attributs du cœur, valide seul dans son château doré de d’Oyo qui a plus porté l’aide aux malades, aux laissés pour compte et aux mourants dont les réalisations n’ont été perçus que par une toute petite moitié de gens. On ne décrète pas le prix du cœur comme on attribuerait un prix concours. L’œuvre d’Edith appartient aux congolais et Gabonais. Laissons ce chapitre aux historiens d’en décider de la portée de l’ œuvre d’Édith ( Si œuvre il y a eu)
Quant au Ministre de la culture Jean-Claude NGAKOSSO, sa responsabilité est engagée dans cette énième ineptie de SASSOU ou les sommes colossales ont été dépensées sur les dos des congolais. La misère galopante au sein de la société congolaise n’est qu’une question subsidiaire qui n’émeut pas Sassou. Le plus important pour lui c’est d’humilier le peuple congolais. Ne soyons pas surpris que demain l’on nous impose Christel Sassou comme le nouveau sauveur du Congo.
Seulement, il est gravé dans notre mémoire collective de façon indélébile que SASSOU est le fossoyeur de notre conscience nationale. Autant qu’il saigne la nation en mettant à mort les plus nobles citoyens, autant qu’il brade et falsifie notre mémoire collective.
Voilà une nouvelle fois, un signe de notre temps où le futile l’emporte sur l’utile. La nouvelle génération doit réécrire cette histoire congolaise tronquée par la folie d’un dictateur qui croit surfer sur le désordre, l’humiliation, le désespoir de son peuple. « Les dictatures se nourrissent du désespoir des peuples », disait Bernanos. Jusqu’au jour où…
Jean-Claude BERI Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
(1) Sounda ( le blog de sounda) : Tata Matsoua Andre , un militant inégalé.