On nous a imposé un résultat complètement farfelu d’un référendum immensément rejeté par le peuple. On nous a imposé des résultats électoraux qui s’apparentent plus à une pilule amère dont la digestion est difficile, ou « dyspepsie fonctionnelle », ne cesse de provoquer chez le peuple congolais une sensation de pesanteur ou de gonflement, voire de « trop-plein » de l’estomac et de ballonnements. On tue le peuple depuis Octobre 2015 et cela va en accélérant depuis le 04 Avril où une escalade de violence mise en exergue par un pouvoir en perdition est dirigée contre les élites intellectuelles du Congo et en particulier les populations du POOL.
On tue les meilleurs d’entre nous pour que les moins bons, parce qu’ils sont facilement corruptibles et serviables à merci, règnent au Congo et entretiennent l’abrutissement de nos enfants et la prédominance d’un système qui les nourrit. Nous ne cesserons jamais de le dire qu’il y a des milliers d’enfants congolais et ceux du POOL en particulier qui ne vont plus à l’école. C’est fait exprès car c’est programmé et savamment orchestré. Quand on veut tuer un peuple, on commence par manger son cœur et son esprit or l’éducation c’est la nourriture du cœur et de l’esprit . C’est de la sorcellerie du temps moderne planifiée par le clan Sassou depuis son retour sanglant au pouvoir par les armes en 1998. Les meetings, les lettres de contestation sporadiques et la trahison résiduelle de certains leaders de l’opposition congolaise n’ont pas réussi à ébranler un édifice « Sassou » solidement campé sur des acquis spoliés à un peuple qui n’a d’yeux que pour son estomac et celui du voisin. Logique tactique cher à nos entraîneurs, quand une équipe attaque sans marquer de but, elle peut à la fin perdre sur un contre meurtrier.
Le temps des élections et des campagnes est derrière nous et d’autres moments s’ouvrent à nous et exigent que nous adoptions une nouvelle grille de lecture de la crise congolaise. Nous devons prendre ces nouveaux paradigmes qui s’imposent à nous avec acuité pour proposer une nouvelle dynamique pour redonner un nouveau souffle à la lutte.
Ce n’est nullement un rejet de tout ce qui a été entrepris par tous les combattants de la restauration de la démocratie et de la liberté, seulement force est de constater que la plus part des leaders regardent notre société se déglinguer de partout, en plus de l’extension inexorable du chômage: retraites, système de santé, système scolaire, et pas la moindre explication à la hauteur, pas la moindre perspective convaincante de la part de gouvernants qui ne pensent qu’à leur réélection nominative, à leurs postes, à leurs nominations. Ainsi on s’achemine inexorablement vers un quitus collectif d’un même système. Le pouvoir en place nous tue partout où nous sommes. Et pourquoi on nous tue ? Parce que nous sommes porteurs des valeurs de la démocratie moderne qu’il récuse. Pourtant nos leaders qui devraient servir, à travers leur politique, à encadrer les citoyens, à diffuser une certaine vision, à définir, identifier, recenser des aspirations profondes et légitimes du peuple et à les thématiser sous forme de projet de société sont entrés dans une opération d’autodestruction massive et programmée. Pourquoi agissent-ils ainsi ?
Peut-on changer le système en étant à l’intérieur ou à l’extérieur ?
Alors, peut-on se débarrasser de son peuple lorsque celui-ci devient trop encombrant et ses demandes trop exigeantes, même légitimes ? Oui, et c’est de bonne guerre, ils n’avaient qu’à se débarrasser les premiers du Système en place. Laissant passer leur chance, ils se découvrent et s’exposent à une démonstration de force, une représailles sanglante et meurtrière en guise « d’ouverture démocratique ». Si se débarrasser de son peuple est permis dans la guilde « oyocrasienne », il reste pourtant les formes à mettre en place pour ne pas choquer les bonnes consciences.
Ne pas faire comme le colonel Kadhafi et bombarder une partie de son pays. Ainsi, pour le clan Sassou, l’alibi est trouvé en disant que c’est le Pasteur Fréderic Bintsamou « Ntumi » qui a attaqué les institutions de la république, sème des troubles à l’ordre public et menace la paix chèrement acquise par les armes.
Comment les leaders des partis politiques de l’opposition n’ont pas su éviter les erreurs des répressions planifiées du clan Sassou et des morts dans le POOL et se la jouer clean devant les yeux des congolais qui scrutent à la jumelle pour déceler la moindre fumée d’un bûcher en préparation ?
La première hypothèse qui me vient à l’esprit, est que tous les leaders sont, tous pour la plus part, des produits d’un même système qui terrasse le pays depuis un peu plus de 50 ans. En partant du plus jeune OKOMBI SALISSA, PARFAIT KOLELAS, en passant par les TSATY MABIALA, CLAUDINE MUNARI et en arriver à Jean Marie MOKOKO, Clément MIERRASA, KINFOUISA… ont tous été à un moment de leurs ascensions politiques des amplificateurs du système qu’ils combattent aujourd’hui.
Certains ont même construit leur carrière en se servant des atouts pervers de ce système. Comment peut-on aboutir à une alternance en usant du même système qui cause l’immobilisme ? Alors comment tuer tout un peuple sans qu’on parle de génocide ? Voilà toute l’astuce que le système Sassou a mise savamment et patiemment en place, depuis des années, pour en finir avec un peuple gênant qui demande constamment où passe l’argent des recettes publiques. Qui a toujours faim et perpétuellement endetté. Un peuple de pauvres qui s’agrippe de tout son poids aux étages supérieurs pour les précipiter dans leur chute dans les cascades du Djoué.
C’est là tout le problème de notre classe politique. Lorsqu’un leader de l’opposition accepte le financement d’un membre d’un système dominant, pensez-vous que ce leader serait-il libre d’appliquer les mesures rénovatrices sans frustrer son « généreux donateur » ? Ils ont trouvé un groupe de mot bateau pour qualifier cette démarche « imploser le système de l’intérieur ». Pour l’heure , c’est plutôt l’opposition qui se fait exploser.
Cette démarche adoptée par certains leaders s’est révélée être un vrai fiasco. Espérant faire valser le système en y injectant des doses de réflexions qui font croire en la possibilité de participer au système qu’ils combattent, tout en espérant peu à peu faire évoluer les comportements à l’intérieur de celui-ci, de sorte de parvenir à la transformation de ce système, et ceci tout en gardant une sorte de recul idéologique suffisant pour ne pas tomber dans la soumission. C’était sans compter sur la puissance financière dont le système se nourrit pour semer ses tentacules dans les centres névralgiques de son organisation.
Regarder simplement comment tous les anciens ministres de l’ex-gouvernement SASSOU-MVOUMBA qui ont battu compagne avec des millions de ce même système.
Lorsqu’on a bénéficié des largesses d’un tel système, on ne s’en sort pas sans laisser quelques garanties, parfois très contraignantes. La seule règle qui pourrait dans ce cas convenir, c’est d’en sortir définitivement. Vouloir l’implosion de l’intérieur est presque impossible surtout pour le cas du Congo où les manettes sont tirées par les caciques du système les plus mouillés qui sont prêts à donner leur vie pour la préservation du système.
Ceux qui ont milité, le 27 Septembre 2015 au meeting immense rassemblant l’opposition, pour une attitude attentiste espérant la chute du système et le pouvoir allait tomber comme un fruit mûr, ce sont vite rendu compte de l’étendue de leur bêtise. Cela a réconforté celui-ci au point de le sortir de sa léthargie agonisante. L’opposition semait ce jour-là les germes de son propre échec et le lente et horrible persécution du peuple.
Ceux qui ont opté pour la démarche de l’explosion de l’extérieur n’étaient pas non plus bien inspirés. Avaient-ils suffisamment mûri l’idée d’action violente ou même pacifique dans le contexte congolais où l’environnement sous régional était favorable au pouvoir en place ? Comme on le sait les armes et autres moyens de combat sont l’apanage des occidentaux qui eux étaient suffisamment soudoyés pour jouer à une éventuelle alternance qui risqueraient de les priver de liquidité facile. Toute idée contestataire ou de changement observée dans les premiers instants soutenue par la France puis ignorée par la suite et pour en finir a être systématiquement attaquée lorsqu’elle prenait une ampleur incontrôlée. On explose pas un système dictatorial aussi féroce et inhumain avec une litanie de belles paroles
Nous n’allons plus revenir sur l’inorganisation de toute cette opposition dans la mise en place de la stratégie efficiente. Force est de constater que changer de stratégie en cours de route n’est jamais une bonne solution. L’entrée de Jean Marie MOKOKO et la présentation des cinq candidats à la présidentielle n’a pas été propice à la lutte. Aujourd’hui nous en subissons les conséquences de cette cécité politique grave.
Et demain quelle attitude adopter pour un combat unitaire ?
Le POOL est continuellement enseveli sous les bombes d’une milice composés des barbouzes de tous genre et à la solde de Mr 8%, les militants de la liberté à l’image d’Augustin KALLA KALLA, Jean-NGOUABI et autres sont torturés sous les yeux ahuris d’un peuple tétanisés, Paulin MAKAYA, Modeste BOUKADIA, Jean-Marie MOKOKO et autres sont injustement incarcérés et brutalisés tous les jours devant l’impuissance d’une opposition en miette, le révérend Bitsamou Fréderic NTUMI est pourchassé et accusé à tort de bandit de la république pendant ce temps, OKOMBI SALLISA est obligé de se terrer comme un voleur, l’opposition tergiverse pour donner une réponse forte et déterminante au pouvoir. C’est l’occasion ici de rendre hommage aux propos du Président Guy-Romain KINFOUISSA, président de l’UDR-Mwinda, l’Union pour la démocratie et la république du Congo d’une teneur digne d’un vrai résistant et militant sans langue de bois. Il a su dire au pouvoir les mots que le peuple ne cesse de prononcer tous les jours.
Le peuple doit savoir se démarquer des hommes charismatiques en papier qui nous vendent du vent. C’est très dangereux pour notre pays. Les nôtres sont tués, incarcérés, torturés ce qui dans d’autres cieux suffiraient pour déclencher l’union sacrée contre le bourreau de la république mais au Congo il trouve le plaisir de détourner leur regard.
Le passé récent que notre pays vient de connaître doit servir d’élément de réflexions pour susciter des pistes de combat politique à venir. L’opposition a besoin d’une bonne dose de compromis pour faire revivre l’ambition de l’attachement à la nation, la volonté de gagner la guerre contre les barbares aux cols blancs et de protéger la patrie contre l’ennemi clanique a prévalu au sein de notre société congolaise.
Pour cela, il serait juste que l’opposition se remette en cause. Les conditions favorables issues d’avant les élections de Mars 2016 ne sont plus les mêmes aujourd’hui. Les gagnants d’hier ne seront pas forcement les gagnants de demain. Il serait donc judicieux que cesse cette cabale incriminant les uns et glorifiant les autres.
Une chose est sûre, c’est que toute l’opposition congolaise, même multiple et complexe soit-elle , est unie dans son hostilité au pouvoir de la division et des semeurs de la mort. Le fait qu’il y ait des désaccords sur le moyen pour atteindre l’objectif , c’est-à-dire combattre ce pouvoir est simplement le fruit d’un pseudo- débat démocratique qui a lieu normalement au sein de cette opposition et c’est encourageant. Pour cela, il faut absolument que la priorité soit faite sur le rejet total de ce système corruptible issu de la gouvernance de Sassou soit combattu.
En réalité, l’opposition, telle qu’elle est observée n’est pas autre chose qu’une continuité d’un système mis en place depuis des décennies. On fait juste pousser les curseurs : le clan, l’ethnie, la corruption, le sectarisme changeant tantôt de place , mais reviens très vite à la même place. On n’en finirait pas de dénombrer les questions où l’on passe de l’une à l’autre à pied sec. Comme dirait l’autre : blanc bonnet , bonnet blanc.
La force du pouvoir de Brazzaville réside de la faiblesse, la division, la tentation d’hégémonie de l’opposition…Étant donné l’incapacité flagrante de celle-ci de se redresser dans l’immédiat, on peut dire que la route vers l’alternance reste lointaine si jamais elle ne se ressaisisse pour suivre une seule piste , comme le fait si bien le chien avec ses quatre pattes.
En réalité, le seul moyen n’est à mon avis ni de nager contre le courant, ni même de sortir de ce courant. Il faut se laisser porter sans perdre sa volonté, en tentant d’utiliser les moyens qui ne répugnent ni à notre morale, ni ne force nos défenses psychologiques. Se préparer pour le jour où la source sera tarie, et les évènements favorables. Tenter d’éveiller les consciences tout en préparant, avec toute la bonne volonté et tous les moyens possibles, pour l’occasion qui ne manquera pas de se présenter. Le seul impératif sera d’être prêt pour ce jour, car les congolais auront besoin de se reconstruire un avenir. Il faudra alors être en mesure de nous proposer une autre alternative.
Jean-Claude BERI