Après plusieurs années d’atermoiement, le gouvernement vient au cours du conseil des ministres du 1er juin 2011 enfin d’interdire la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sacs et sachets en plastique pour la vente d’aliments, de l’eau et de toutes autres boissons. La fabrication, l’importation et l’usage des sacs plastiques non biodégradables au Congo sont désormais interdits.
Une meilleure hygiène des villes du Congo
A la lumière même des enjeux environnementaux et à l’aune de l’article 35 de la Constitution du 20 janvier 2002 qui dispose que » tout citoyen a droit à un environnement sain, satisfaisant et durable et a le devoir de le défendre « . Les Congolais vont désormais vivre dans un environnement qui ne sera plus pollué par les sacs plastiques. L’interdiction des sacs plastiques est une bonne chose car elle va contribuer à l’assainissement de nos villes et villages.
L’association DEVELOPPER AUTREMENT LE CONGO (DAC) qui est le promoteur de cette initiative au Congo se réjouit de cette décision audacieuse qui va bousculer des vieilles et mauvaises habitudes qui sont une calamité pour l’environnement des Congolais. Au regard de la pollution très importante de notre environnement par l’usage des sacs plastiques, il convient de faire comprendre aux Congolais que l’interdiction, l’importation et l’usage des sacs plastiques ne relèvent que d’une première phase de notre lutte. La deuxième phase de notre action consistera à dépolluer notre environnement des déchets de sacs en plastique. Pour cela, nous devons utiliser les procédés appropriés. Ce n’est qu’après cette dépollution, les Congolais pourront aspirer à un environnement sain.
Le gouvernement doit dégager des moyens conséquents pour » désinfecter le pays » de sacs en plastique et promouvoir des politiques multisectorielles.
Le Gouvernement doit appliquer le principe pollueur-payeur
Madame Claudine Munari, ministre du commerce et des approvisionnements doit prendre une décision courageuse qui consistera à faire payer aux commerçants importateurs et aux industriels locaux des sacs plastiques une contribution financière aux opérations de dépollution de l’environnement du pays. C’est le principe pollueur-payeur : Dans le but de limiter les atteintes à l’environnement, le principe pollueur-payeur tend à imputer au pollueur les dépenses relatives à la prévention ou à la réduction des pollutions dont il pourrait être l’auteur. L’application de ce principe vise à anticiper un dommage et à fixer une règle d’imputation du coût des mesures en faveur de l’environnement.Le principe pollueur-payeur est un principe d’inspiration économique. Il a été élaboré en 1972 par l’OCDE. Son objectif est de faire prendre en compte par les agents économiques, dans leurs coûts de production, les coûts externes pour la société que constituent les atteintes à l’environnement. Il vise les activités économiques mais aussi privées (utilisation d’une voiture individuelle, chauffage domestique…).Le principe pollueur-payeur est un principe :- d’efficacité économique : les prix doivent refléter la réalité économique des coûts de pollution, de telle sorte que les mécanismes du marché favorisent les activités ne portant pas atteinte à l’environnement ;- d’incitation à minimiser la pollution produite ;
-d’équité : à défaut, les coûts incombent au contribuable qui n’est pas responsable de ces atteintes.
Au Congo, Le pollueur peut être soit le producteur, soit le consommateur final, soit plusieurs maillons de la chaîne économique. Il s’agit également de savoir dans quelles limites le pollueur doit être mis à contribution et quel est le niveau de protection de l’environnement recherché. Plusieurs approches sont possibles : celle qui se réfère au niveau de protection défini par les pouvoirs publics, celle qui se réfère à un coût économiquement acceptable ou celle qui renvoie à la loi les conditions de mise en œuvre.
Les sacs plastiques non biodégradables ont un impact négatif sur l’environnement, la gestion des sols surtout dans les zones urbaines où ils entrainent de graves problèmes d’infiltration des eaux.
On estime entre 500 et 1000 milliards le nombre de sacs en plastique utilisés chaque année à travers le monde entier. De plus, sur les 5 millions de tonnes de déchets rejetés à la mer, près de 95% sont des déchets plastiques. L’accumulation de ces sacs en plastique non biodégradables empêche l’infiltration des eaux de ruissellement et provoquant, au passage, des inondations et des glissements de terrains. En mer, les sacs en plastique causent, chaque année, la mort de dizaine de milliers de tortues et autres mammifères marins qui les confondent avec les méduses, en les consommant, à cause de leur apparence translucide. Les sacs plastiques non biodégradables sont cancérigènes. Le risque potentiel de l’utilisation de ces sacs en plastique est d’autant plus grand que ces emballages sont faits de matière en polyéthylène issue du pétrole avec une durée de vie qui se situe entre 100 et 400 ans avant de se détruire dans la nature. Les poisons et le bétail par inadvertance se nourrissent de ces sacs plastiques et meurent par étouffement.
Le Congo-Brazzaville devra ainsi mettre en œuvre une expérience qui marche actuellement au Rwanda. Le Rwanda peut légitimement se vanter d’avoir banni avec succès l’usage des sacs en plastique. A Kigali, en chaque recoin de la ville, le fait qu’il n’y a plus du tout de sac en plastique rend la ville propre, attirante et accueillante.
Tout citoyen soucieux de l’environnement de notre pays sait pertinemment que les sacs plastiques qui jonchent toutes les rues de nos villes et villages, envahissent les caniveaux, les champs, les jardins, les rivières et fleuves, les plages et l’océan atlantique. Ils voltigent dans le ciel des villes et villages au gré des vents. Ils sont la cause du non perméabilité des sols. La non perméabilité des sols est l’une des causes des érosions et des inondations.
Pour une meilleure protection et un développement durable de l’environnement de notre pays, l’association DAC exhorte les industriels producteurs de sacs plastiques à changer leur mode de production en faisant appel au génie des techniciens de leurs entreprises en fabriquant des sacs réutilisables ou des sacs en plastiques à base d’amidon, de pomme de terre ou encore en écorce de bananier. Le gouvernement doit encourager la fabrication et l’utilisation des sacs ou paniers en liane. Cette solution créera des emplois dans le secteur de la vanerie d’ou une gratification de l’artisanat.
Avec un environnement propre, le Congo devra désormais apprendre à vivre du tourisme et à diversifier les sources de l’économie. Présentement, notre économie est unijambiste avec le pétrole comme principale ressource. Cette situation expose notre pays aux aléas de la baisse des cours du pétrole et à la baisse de la production.
Chris Abela, www.dac-presse.com