Congo-Brazzaville : le bilan des explosions du 04 mars 2012 réévalué à au moins 282 morts

Les explosions dans un dépôt de munitions le 4 mars à Brazzaville ont fait au moins 282 morts après la découverte de nouveaux corps lors des opérations de déminage du site,

selon un bilan actualisé samedi par le président de la Commission d’évaluation du sinistre.

« Au fur et à mesure que les travaux de dépollution (du dépôt de munitions) se poursuivent, certains corps ont été retrouvés. Au nouveau cimetière (de Brazzaville où les victimes sont inhumées) au moins 282 enterrements ont déjà eu lieu », a déclaré lors d’un point presse Pierre Moussa, également ministre du Plan.

Le précédent bilan officiel communiqué le 11 mars faisait état de 223 morts.

« Il y a aussi des personnes disparues dont on ne retrouve pas les corps qui ont été peut-être soufflés » par les explosions meurtrières, a ajouté M. Moussa, sans donner davantage de précisions.

Il s’agit du plus meurtrier accident de ce type, dans des dépôts d’armes et de munitions, depuis 10 ans dans le monde.

Selon une source militaire, une « dépollution d’urgence » du site des explosions a déjà permis de récupérer et détruire 16 tonnes de munitions. Une deuxième phase de dépollution qui concernera le cœur du sinistre doit débuter la semaine prochaine, a ajouté cette source. L’armée congolaise bénéficie notamment de l’appui de spécialistes en déminage de l’ONU, de la Croix-Rouge et d’ONG.

Le dépôt de munitions qui a explosé se trouvait dans une caserne d’un régiment de blindés du quartier Mpila, dans l’est de la capitale du Congo.

L’accident a fait plus de 2.300 blessés et détruit des milliers d’habitations.

Plus de 14.000 personnes sont toujours sans-abri et sont sommairement hébergées dans des conditions sanitaires difficiles dans une dizaine de sites de la capitale.

Une dizaine de cas de choléra ont notamment été enregistrés dans les campements les plus importants situés à la cathédrale Sacré cœur, proche du centre-ville, et au marché couvert Nkombo, au nord, qui accueillent respectivement environ 6.000 et 5.000 personnes.

Des milliers d’élèves, dont les établissements ont été détruits, ont dû poursuivre leur scolarité dans d’autres établissements de la ville.

Environ 2.000 familles sinistrées ont perçu une allocation de subsistance de 3 millions de F.cfa (5.000 euros), a précisé samedi le ministre des Finances Gilbert Ondongo, lors de la conférence de presse avec M. Moussa.

« Que toutes les familles qui se sont fait enregistrées soient patientes, l’Etat a l’argent pour payer tout le monde. S’il y a 10.000, 15.000 ou 25.000 familles, elles seront toutes payées », a assuré le ministre au sujet de cette aide d’urgence promise aux sinistrés dès le 8 mars par les autorités.

Lundi, des centaines de personnes avaient manifesté à Brazzaville, en brûlant des pneus et renversant des ordures sur la chaussée, pour réclamer cette aide qui, selon elles, tardait à être versée.

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EXPLOSIONS DU 4 MARS 2012 : OÙ SONT PASSÉS LES AUTRES MORTS ?

On nous a montré des corps calcinés, alignés, comme au cours d’un rassemblement, pendant des exercices physiques matinaux. Cela en a tout l’air. C’est effroyable ! Diffusées sur l’internet, ces images ont suscité plusieurs réactions. Certains ont soutenu qu’il s’agissait des corps des militaires présents au Camp blindés en pleine activité physique. D’autres, peut-être effrayés, ne souhaitant pas que cela soit réel, tant une telle fin est simplement horrible pour que cela ait pu être vrai pour leurs compatriotes, peut-être pour l’un des leurs les ont plutôt présentées (ces images), comme celles due à un accident ayant eu lieu Chez nos Frères d’à côté, en RDCongo.

Si cette hypothèse des victimes d’un éventuel accident de la RDCongo est vraie, mais on est en droit de se poser la question où sont donc passés nos militaires, nos jeunes recrues que l’on dit avoir été regroupés dans ce camp des Blindés de Mpila, en feu en cette matinée du dimanche 04 Mars 2012, dès 07h45, pour de nombreux observateurs ?

Sur la question de l’usage des tristes images de l’accident (que je n’ose dire directement qu’elles sont de la RDC, je ne me vois pas en droit de le dire, par respect pour nos Frères d’en face, même si cela me paraît réel), tout le monde a raison de protester. Mais à dire vrai, la réalité chez nous ne sera pas loin de celle que nous présentent ces images.

Quand la vérité elle-même aura affronté tous les escaliers de la censure pour venir mettre à nu les mensonges, finalement, ce ne sera pas 2, 4 morts comme au commencement et « plus de 200 morts » reconnus par la force des faits.

Depuis déjà plus d’une semaine, on continue à écrire ou à faire usage de la formule cynique des statistiques approximatives de : « plus de 200 morts ». Ceci pour atténuer l’ampleur de ce désastre humain.

Dans votre intervention vous écriviez: « C’est vrai qu’il y a plus de 200 morts … ». Mais que veut bien dire cette formule (plus de 200 morts) ?

Au troisième jour de la tragédie, on parlait déjà de « plus de 200 morts ». Aujourd’hui encore, on continue à parler de « plus de 200 morts ». Que veut dire ce « plus de 200 morts » au 12è, 13à, 14, 15, 16è jour de ce malheur ?

Y a-t-il une difficulté ou une incapacité à donner des statistiques exactes, jour par jour avec leur progression et une borne estimative de stabilisation ?

1/- soit qu’il y a eu tellement de morts qu’on ne peut les compter jusqu’au seuil de 200 morts !

2/-soit on n’a pu en découvrir d’autres que ces 200 des trois premiers jours. Dans ces conditions, il n’y aurait plus de chances d’en trouver d’autres. Et là, on doit annoncer la fin des opérations de recherche. Ce serait certainement sur la base de cette certitude que le gouvernement, dans un communiqué qui ne manquera pas de lecteurs, devrait annoncer la fin des opérations de recherche, le bilan officiel, la démarche d’assainissement et de salubrité, des quartiers touchés (…) Tout un programme d’action allant dans ce sens et au-delà présageant d’un retour proche à la normale doit être annoncé solennellement.

Si le gouvernement ne veut creuser son déficit confiance, son discrédit déjà bien fort auprès de l’opinion, il faut tout de même qu’il soit circoncis, à chaque fois.

A propos des statistiques des morts, il devrait nous dire avec une certaine précision, avec modestie et courtoisie (ce à quoi ces gens ne sont pas habitués quand ils nous parlent) finit le ton arrogant du Comité Militaire du Parti, mais sous un ton plus responsable, ce qui suit par exemple : « (…) Jusqu’à présent il n’a été découvert et enregistré dans les morgues, que 200, 220, 240 morts… Le bilan n’est pas encore exhaustif. Il nous faut attendre une semaine peut-être plus pour nous fixer sur la possibilité de donner un bilan définitif » Cette formulation, ou ce mode de communication est non seulement réaliste mais surtout respectable.

Dire: « (…) il est encore possible d’enregistrer d’autres morts des décombres, des hôpitaux… Les opérations de recherches continuent. Dans les hôpitaux et autres centres de soins, les personnels soignants travaillent pour sauver des vies encore en danger (…). Il nous faut un peu de temps pour stabiliser où avoir des statistiques précises des pertes de vies… ».

Ces formulations marquent une certaine prudence, un sens de responsabilité qui prépare à des éventuelles découvertes qui cesseraient de choquer. Déclarer au peuple cela, est une attitude qui suscite considération; un comportement qui donnerait, tout au moins, l’image des dirigeants qui contrôlent les choses, qui ont la mesure de la responsabilité qu’ils ont devant le peuple, l’opinion.

Malheureusement, il faut le dire, tout est dit et fait pour donner l’image d’un régime qui brave comme à son habitude et veut tout cacher. Cacher les choses qui se sauraient est vraiment ridicule.

Dans tous les cas, outre le nombre de victimes qu’on ne saura jamais déterminer avec exactitude, celui de nos Frères de RDC et d’autres communautés étrangères qui peuplent sauvagement les secteurs touchés (Mpila, Ouénzé du Collège Gampo Ollilou, Yoro, Dragage, Talangaî-intendance, Kanga-mbadzi, Talangaî-Kronenbourg etc.), dont certains squattent même les alentours de la résidence présidentielle de Mpila sans être inquiétés; mais le nombre exact de nos Concitoyens morts finira par se savoir, tôt ou tard.

Chaque chef de famille, observant une absence prolongée de l’un des siens, finira pas le signaler.

Hier encore, on nous signalait de Brazzaville, qu’un corps d’une petite fillette avait été retrouvé dans les décombres d’une cabane dans le secteur de Yoro, une autre fillette de 9 ans environ serait trouvée encore bien vivante (une miraculée).

S’agissant de nos Concitoyens militaires présents dans ce camp ; on sait qu’à cette heure-là, une certaine activité aurait nécessairement commencé : rassemblement, sport etc. Ceux qui y ont passé la nuit devraient y être encore présents. Présents au cœur de l’épicentre du drame, des morts il y en a eu certainement en nombre proportionnellement plus élevés que celui des rescapés (des miraculés).

Des victimes militaires de ce camp,  il nous semble qu’on n’en parle pas systématiquement. Leur sort aurait probablement un statut de « Secret Défense ».

Des secrets, comme on aime en cultiver, partout, autant que possible, pour entretenir une totale opacité sur la gestion de tout. Comment ne pas ainsi parler dans la mesure où on n’a pas vu se tenir le traditionnel hommage militaire aux victimes de ce drame. On ne nous dira pas que les victimes militaires ont été comptabilisées parmi les 200 morts évoqués et inhumés lors de la cérémonie de foule que nous avons suivie tout dernièrement !

Ces braves concitoyens qui ont choisi ce métier d’honneur mais combien travesti dans ce pays; il devait y en avoir au moins une centaine dans ce camp. Où sont-ils donc passés ? Etaient-ils encore dans ce camp au moment de la déflagration ?  Si oui, où sont-ils ? S’ils n’y étaient, où sont-ils allés avant la déflagration ?

Et pourquoi auraient-ils été absents dans ce camp, en ce moment là? S’ils sont morts, pourquoi on n’en parle pas pour que le peuple Congolais leur rende un hommage mérité à la hauteur de la noblesse de leur choix, servir leur pays sous le drapeau (pour le défendre et non pour le trahir et le ruiner)?

Si nous n’avons pas enregistré une victime dans notre famille, prenons le courage de regarder ce qu’il y a de la tête de cet enfant innocent (image d’un enfant dont le crane a été défait de son cuir chevelu que nous ne pouvons reprendre ici tant cela fait mal…).

Qu’en ressent-il à cet instant, qu’en ressentira-t-il dans l’avenir s’il s’en sort ? Que pensera-t-il de nous ? Aujourd’hui, et demain, son regard, sa vision de la vie, son jugement de quoi seront-ils faits ?

De ces gens-là, appartenant à un autre Congo ! Chacun d’eux a-t-il pris la peine de montrer cette image de cet enfant innocent « scalpé » à ses enfants à lui promus, quant à eux, à une vie plus que radieuse bénéficiant de tous les petits soins ? Ont-ils eu le courage de la regarder en face cette image et penser que cet enfant aurait pu être l’un des leurs ?

Attendons de voir comment ils vont réagir ! Qu’est-ce qu’ils vont nous dire ? De ce drame, cessons d’en dire plus pour l’heure. « Trop de paroles tue la parole ! » Gardons notre calme. Le temps est l’allié de la vérité. Tout finira par se savoir.

Yves LEKANDA LEKANDZA Yélé

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Pierre OBA, Superviseur de la Commission du « court-circuit » du 4 mars 2012

Les Congolais, peuple de moutons égorgés, n’ont été épargnés dans aucun de leurs territoires ni de leurs quartiers. Le drame du 4 mars 2012 ne sera malheureusement pas le dernier, car dans notre soumission totale depuis le 18 mars 1977, nous aurons tout accepté de notre bourreau : les assassinats de deux présidents, d’un cardinal mort enterré vivant, des pseudo-attentats avec ses procès staliniens, des explosions d’avions civils du DC10 d’UTA à l’avion de Michel Baroin, des guerres civiles  à répétition, les disparus du Beach, les avions cercueils qui s’écrasent sur les quartiers populaires comme les stocks d’armes qui explosent au cœur de la capitale congolaise. Les Congolais sont tout aussi coupables que leur ange exterminateur, Denis Sassou NGuesso, car ils ont, dans leur abnégation, tout accepté de lui.

Pourtant cet homme n’était pas destiné à être un « dictateur », son surnom avait longtemps été « la femmelette». Oui vous avez bien lu : « la femmelette » Ce sont les Congolais qui ont fait de lui ce qu’il est ou prétend être. Tout lui a été abandonné et permis! Il nous a tout pris nos mères, nos femmes, nos filles, nos forêts, notre or, nos diamants, notre argent et notre pétrole.

Alors que les sinistrés de Talangaï, depuis bientôt un mois peinent à recevoir les premiers secours (quelques dizaines de personnes, seulement, reçoivent chaque jour l’allocation de trois millions de FCFA promise) le fils, Denis Christel Sassou NGuesso, a fait rentrer dans ses caisses personnelles ou dans celles de la SNPC (nul ne le sait),  plus de 500 milliards de FCFA. Soit l’équivalent d’un mois de recettes pétrolières (actuellement plus d’un milliard de dollars chaque mois).

Aux premières heures du 4 mars, l’on a dit que ce riche héritier était allé se réfugier à l’Ambassade de France à Brazzaville en compagnie de son épouse et de ses enfants, alors que d’autres organisaient leur fuite.

Depuis tout ce beau monde a retrouvé sa superbe et son aplomb. Le pays, qu’ils pillent, leur est encore soumis. Alors, on se sert des mêmes recettes et des mêmes sbires. Pierre Oba, l’homme des basses œuvres, a été nommé Superviseur de la Commission d’enquête sur les explosions du 04 mars 2012. Il faut se rappeler que le même personnage avait été à la tête de l’enquête sur « l’accident du DC-10 » d’UTA, il y a 23 ans. Reclassé aux mines pour qu’il puisse s’enrichir encore plus, on fait de nouveau appel à sa grande expérience pour faire accepter l’impossible : la thèse du court-circuit ! Il faut de la poigne pour « pendre » les lampistes et exonérer les amis coupables et le « sommet » en tout premier lieu. C’est un exercice qui doit pousser l’intimidation au maximum : faire en sorte que les faibles portent le chapeau et que les « fusibles » sautent ! C’est le moins que l’on puisse attendre d’eux quand on veut faire croire à « un court-circuit » !

Ces militaires, qui se comptaient parmi les bourreaux, vont se retrouver aux nombres des Congolais « égorgés ». Peu importent leurs noms et qui seront-ils ? Tous les gens en uniforme auront là une occasion de comprendre qu’ils ne sont rien de plus, comme tous les autres Congolais, que des objets du pouvoir de Sassou NGuesso et qu’ils n’ont pas plus d’importance que les autres sous le rouleau compresseur de ce régime assassin !

Par Gaston ITOUA