Congo-Brazzaville : Les élections législatives 2017, la messe est dite pour quels résultats ?

« Dans la vie démocratique liée au pluralisme politique, les élections constituent un moment sacré. Car, c’est le temps où le souverain primaire exerce son pouvoir de choisir celui qu’il souhaite voir présider à ses destinées ou le représenter dans les institutions nationales et locales. »

Ça, c’est l’argumentaire avancé par les tenants de la démarche d’une logique républicaine du non boycottage de ces élections. Une autre tendance refusant cette interminable humiliation imposée par un système complètement aux antipodes de ce qui se définirait comme une vraie démocratie car ceux qui sont « élus » ou disant mieux « désignés ou nommés » sont de véritables godillots de la République. Les règles n’étant pas respectées pourquoi impliquer le peuple dans une mascarade qui le dessert ?

La désignation des « godillots » ou des « béni oui-oui » du Sassouland !

Depuis le retour au pouvoir du sanguinaire et dictateur Sassou-Nguesso par les armes en octobre 1977, toutes les élections organisées au Congo sont des parties de cirque où des scénarios sont joués d’avance pour faire croire aux aveugles l’existence d’un semblant de démocratie.

Il faut être dupe ou accepter volontairement de se faire sodomiser pour croire à une volonté réelle de Sassou-Nguesso et ses gouvernements successifs d’organiser des élections qui obéissent aux normes démocratiques acceptées par tous.

Ce pouvoir a toujours contourné toutes les décisions des différents dialogues organisés au Congo pour une organisation apaisée des élections.

Une fois de plus, c’est avec une grande peine et tristesse que nous constatons que nombreux des congolais qui ont accepté d’être candidats pour se faire désigner comme des « godillots » de la république semblent méconnaître le rôle véritable d’un député à l’Assemblée Nationale.

Il y’ a ceux qui ont promis aux citoyens de construire une école, un centre de santé, une route, améliorer le cadre de vie des électeurs…

C’est une épreuve blessante que subissent les populations congolaises invitées à participer à ces élections.

Un député est un élu qui, à l’Assemblée nationale, participe au travail législatif et au travail de contrôle du Gouvernement.

Il appartient obligatoirement à l’une des commissions permanentes de l’Assemblée dont la fonction principale est de préparer le débat qui aura lieu en séance publique et qui aboutira au vote de la loi. Il peut déposer des propositions de loi.

En commission, puis en séance publique, il peut proposer, par amendement, des modifications au texte examiné et prendre la parole.

En cas de désaccord avec les sénateurs au terme de la « navette » entre les deux chambres, et si la commission mixte paritaire ne parvient pas à un texte commun, les députés peuvent statuer définitivement sur demande du Gouvernement.

Après le vote d’une loi, un député peut, avec au moins cinquante-neuf autres députés, saisir le Conseil constitutionnel pour qu’il se prononce sur la conformité du texte voté à la Constitution.

Au titre du contrôle, le député peut interroger le gouvernement, examiner son action au sein d’une commission, voire, s’il est rapporteur spécial au sein de la commission des finances, contrôler l’emploi de l’argent public.

Il peut également, en signant une motion de censure qui sera soumise au vote de l’ensemble des députés, mettre en cause la responsabilité du Gouvernement.

En cas de dissolution de l’Assemblée nationale, il est renvoyé devant ses électeurs.

Par ailleurs, un député peut être élu, par les autres députés, membre de la Cour de justice de la République (composée de 6 députés, 6 sénateurs et 3 magistrats) afin de juger les membres et anciens membres du gouvernement.

Au Congo-Brazzaville, le parlement est devenu une chambre d’enregistrement des décisions du gouvernement. Les députés « godillots » n’exercent pas un contrôle des actes du gouvernement. Comme on peut se rendre compte à la législature passée où Justin Koumba, le président de l’Assemblée nationale, empourpré et suffoquant d’indignation, n’a pas jamais supporté qu’un député de l’UPADS tourne en dérision la « chambre d’enregistrement » en demandant un audit de l’ensemble des municipalisations accélérées ou celui du ministère des grands travaux dirigé par Jean Jacques Bouya et bien d’autres ministères.

Entre l’inorganisation, l’excès de zèle, le barbarisme politique

L’impuissance de l’Assemblée Nationale d’une part, et d’autre part l’inorganisation des élections, l’excès de zèle, et le barbarisme politique au Congo engendrent également une cacophonie politique semant des morts et des blessés qui estropient l’idée même d’un pluralisme politique au Congo.

La médiocrité de l’offre politique est mise en avant par les médias du pouvoir et soutenue par des opportunistes et assoiffés de pouvoir projetés dans la lumière comme dans une messe d’église ou l’eucharistie est toujours préparée à l’ avance. Seulement là, il ne s’agissait pas de nous mettre en contact avec le Christ en créant une relation intime mais nous avons « volontairement » accepté d’être des marchepieds au développement avec des « députés  béni oui-oui », futurs conseillers soigneusement répertoriés et choisis ou nommés par le saint manitou Sassou-Nguesso.

Jamais une élection législative congolaise n’aura été aussi pitoyable. On se croirait dans une bassecour familiale pour le patriarche assis devant sa porte distribuant des sucreries à ses rejetons et de l’autre côté de la cour des noix salées au restant du peuple. Ces élections n’ont été que l’apanage de la déception et de la haine. Nous ne nous abaisserons pas ici à dégréner le nombre des députés médiocres qui seront appelés à représenter un peuple qui ne les a pas choisis. Comme le saura sans aucun doute cette future assemblée quasi familiale composée essentiellement de ses multiples rejetons adultérins, neveux, nièces, gendres et autres parents de Sassou, saupoudrée habilement de quelques enfants issus de ses trophées de traîtrise, cooptation, marchandage sous la couette des secrets humiliants, Sassou les tient par les couilles, histoire de faire diversion et surtout de réaffirmer son redoutable cynisme.

Seulement, il sied de rappeler que la morale corrompue des politiques congolais qui s’autoproclament vertueux, et aimant donner des leçons en ce sens sont encore tapis dans l’ombre parmi nous et n’attendent que le prochain signal pour bondir. D’autres politiques, inlassablement complimentés comme des mastodontes de la représentation d’un futur Congo dans une assemblée déjà verrouillée, ne sont en réalité que des coquilles vides, prêts à tout pour goûter ou conserver les avantages et solennités des fonctions miroitées. Ses piteuses manœuvres ont profondément contribué à dégrader l’image de la démocratie congolaise en gestation péridurale difficile par une diaspora qui a fortement manqué de clairvoyance. Comment expliquer qu’après avoir écumé les pavés de Paris avec des slogans politiques tonitruants : « NON AU VOL ÉLECTORAL », « NON A LA DICTATURE » … se retrouvent à aller participer à ces mêmes élections qu’elles savaient biaisées d’avance ?

Pour attraper le tigre, il faut aller dans la cage disait-il. Mais ils ignoraient qu’il fallait au préalable se prémunir d’une armure en fer afin d’éviter de se faire taillader le dos. Ou simplement ces accompagnateurs pour s’éviter un remords de conscience, ces caméléons politiques prédateurs rejetteront la responsabilité de leur échec sur la férocité d’un système qu’ils connaissaient suffisamment.

Peut-être pensait-il que les MARION MANDZIMBA, GUY MAFIMBA, DJESS DIA MOUNGOUANSI et beaucoup d’autres n’ont pas les couilles bien suspendues pour aller défier le monstre de l’Alima sur son terrain. Seulement un combat doit être minutieusement préparé dans la sagesse, la constance sans trahir la férocité dans l’action. Cela prendra le temps qu’il faudra, la victoire est à ce prix-là.

Que ceux qui ont perdu leur 1.500.000 F CFA doivent s’en prendre à leur propre naïveté

Comme nous l’avions déjà écrit dans nos colonnes le 4 Avril 2017 (1) : « … toutes les élections organisées par SASSOU et sa bande n’ont jamais été créditées d’une quelconque notion de transparence. Il ne serait donc pas faux de dire d’avance que SASSOU et son clan prépare le maintien soit de l’actuelle majorité ou soit l’avènement d’autres députés godillots cooptés pour avaliser tout et n’importe quoi l’essentiel est de faire plaisir au monarque de MPILA quitte à déshonorer le peuple. Nous découvrons chaque jour la petitesse d’esprit de certains hommes politiques qui se sont livrés à de viles actions dépourvues de toute dignité acceptant d’être réduit aux statuts de larbins, de maîtresses fourre-tout essuyant sans rechigner la crasse de n’importe qui tant que le poste de député leur aient assuré. Des hommes qui sacrifient leur honneur dans les pratiques avilissantes, humiliantes pourvus que qu’ils soient hissés en haut de l’estrade de l’assemblée nationale. Et certains appellent cela réussite sociale…Pauvre Congo…. »

Enfin, la démagogie typiquement congolaise qui consiste à appeler à l’érection d’une vraie opposition républicaine, face au pouvoir dictatorial de Brazzaville est une vraie escroquerie politique. Le Congo doit s’assumer ou sombrer dans une impasse républicaine s’il ne mette pas en avant cette lumière d’unité qui commence à jaillir au sein du peuple.

En vérité, à moins de penser avec les sectaires et autres régionalistes que les congolais seraient irrémédiablement inaptes à renverser SASSOU et incapables de s’unir sur une idée intelligente comme dans la plus part des pays en lutte, autrement il n’y a aucune raison de douter de la faisabilité et même sa concrétisation.

Le seul fait important marquant de ces élections, et fait non négligeable est le réveil des populations du Nord Congo qui ont beaucoup, parfois au prix de leur vie, contribué à dénoncer ouvertement la tricherie à ciel ouvert organisée par le PCT (Parti Congolais des Tricheurs) et sa ribambelle ramassis d’enfants. Nous avions ici décrié le silence incompréhensible, le silence parfait pris pour un soutien complaisant aux manœuvres macabres du PCT des populations du Nord, force est de constaté qu’elles savent défendre les lois de la république quand-il le faut. Les heures sombres du PCT ont sonné car le Nord n’est plus le fief des bandes sanguinaires d’OYO. Je vous tire mon chapeau.

Jean-Claude BERI

(1) – http://www.dac-presse.com/actualites/a-la-une/politique/3629-2017-04-14-09-46-30.html