Congo-Brazzaville : Organisation du dialogue national, les opposants radicaux écartés d’avance ?

le-pognon-de-dingue-de-jean-bruno-richard-itoua-1-300x238-3995453 TSATY MABIALA et PARFAIT KOLELAS taupe de sassou ou taupe de l’opposition ???

Par :  Daniel  BAZEBITA ( Lagriffeinfos Journal )  

« La politique est comme un art » disait un vieux politicien. Car, il faut avoir un bagage plein de tactiques pour faire de la politique puisqu’il s’agit d’un combat d’idées et de stratégies. C’est ainsi que les dignitaires du pouvoir de Brazzaville bâtissent des stratégies contre l’opposition pour conserver leur trône. «Gouverner c’est prévoir.» dit un adage. Ce pouvoir s’est donc constitué une opposition qui, lorsqu’il s’agit de faire intervenir les opposants, c’est elle qu’il sort la tête. C’est une stratégie en bon point que le pouvoir de Brazzaville époussette depuis 1998.

Car, dans le microcosme politique congolais bon nombre d’hommes politiques sont à la solde du pouvoir mais portent la veste d’opposants tant aux élections qu’à certaines rencontres politiques auxquelles devaient prendre part les vrais opposants. Ce sont des gens qui se disent opposants mais en réalité, ce sont des appendices du régime en place. Car, dans leur jeu, ils ne revendiquent rien, ne proposent rien, n’exigent rien mais ils sont toujours présents à tous les rendez-vous politiques, même si ceux-ci présentent des antécédents sur la non application de la loi ou le manque de transparence. Le rôle est de battre en brèche les stratégies des vrais opposants pour les bloquer afin de faire triompher la volonté du pouvoir. Au Congo, les vrais opposants sont appelés « radicaux » parce qu’ils exigent au régime en place des réformes, de la transparence, de l’équité et le respect des textes préétablis.

Or, pour le pouvoir, respecter ces normes, c’est se faire hara-kiri, puisque certaines lois posent problème sur la conservation du pouvoir. Le cas du découpage électoral, par exemple, que le pouvoir ne veut pas toucher puisqu’il lui permet d’avoir la majorité à l’assemblée nationale. Dans ce découpage, le pouvoir a créé des zones qui lui sont favorables ; des zones où il a gonflé le nombre de circonscriptions et de votants. C’est difficile de revenir sur ce découpage parce qu’il est l’une des clés qui lui permettent d’avoir la majorité à l’assemblée nationale où se vote les lois favorables au pouvoir. Ensuite, il ya le recensement ou la révision du fichier électoral. C’est l’une des clés qui lui permettent aussi d’avoir plus d’élus. Ensuite, le pouvoir a tout fait pour renverser la pyramide qui faisait du sud la zone la plus peuplée. Actuellement c’est la partie nord du pays qui est la plus habitée du Congo et qui permet au pouvoir de glaner la majorité des députés et bloquer l’alternance. Car, le pouvoir de Brazzaville ne veut pas entendre parler de l’alternance. Voilà pourquoi, il s’est façonné une opposition qui l’accompagne sur cette volonté. Quand, les vrais opposants exigent un nouveau découpage électoral, un nouveau fichier électoral ou une gouvernance électorale avant de participer à une élection, l’opposition façonnée par le pouvoir, elle, n’exige rien, mais s’affiche la première pour participer aux scrutins. Une stratégie pour stopper les vrais opposants. Et en récompense, ils deviennent des députés qui perçoivent des émoluments de plus de 2 millions de FCFA avec pour rôle le vote des lois favorables non pas au pays mais au pouvoir.

C’est de cette opposition que sortent des ministres, des directeurs centraux et d’autres faiseurs d’opinions ou leaders d’associations dont le rôle est de contrecarrer les actions des vrais opposants ou de manifester pour le compte du pouvoir. C’est également, par eux que le pouvoir moyennant 1000 à 2000 Fcfa remplit les meetings et les lieux où le président de la république ou les ministres inaugurent des ouvrages pour marquer la popularité du pouvoir.

Un vieux politicien disait: « pour faire opposition au PCT, il faut des actes sûrs et prompts. Car, d’un jour à un autre, ce parti peut changer plusieurs stratégies et effectuer un passage en force sous une légitimité fabriquée. » La preuve, le ministère de l’intérieur ne vient de reconnaitre que quelques cinquante et cinq partis politiques en règles sur sa première liste. Et la majorité des partis listés ont des leaders qui ne sont même pas bien connus du public; des chefs de partis jamais entendus ni vus au cours des meetings ou manifestations politiques. Des gens qui ne disent rien pour la bonne marche de la République. Certains opposants dits «radicaux» indiquent qu’il s’agit d’un tri puisque leurs partis politiques n’y figurent pas alors que d’autres sont vieux de plus de 20 ans contrairement aux partis listés dont certains n’ont que deux voire trois années de vie. Selon certaines indiscrétions, les partis des opposants dits « radicaux » sont « écartés » d‘avance afin qu’ils ne participent pas au dialogue national qui pointe à l’horizon. Parce qu’à ce dialogue s’exécuterait la stratégie qui permettra au pouvoir de poursuivre sa conservation du pouvoir. Par la conservation du pouvoir «il entendrait» la création d’un poste de vice-président de la République dont l’occupant sera nommé au niveau de l’assemblée nationale à l’image du chef de file de l’opposition issu du parti de l’opposition ayant glané plus de députés. Cette stratégie viserait la nomination du député Christel Denis Sassou Nguesso du PCT, (parti majoritaire à l’assemblée) à ce poste de vice-président de la république qui le catapulterait à la présidence de la République en cas d’invalidité du président actuel qui n’est autre que son père,

Cette stratégie aurait été bâtie parce que, organiser une élection présidentielle dans ce pays où le nom Sassou-Nguesso sonne mal dans les oreilles des opposants «radicaux» c’est pousser le jeune Christel Sassou Nguesso à l’échec.

L’exclusion de ces opposants «radicaux» à ce dialogue serait la stratégie la plus indiquée pour permettre au pouvoir et ses appendices de décider à l’unanimité la modification de la constitution pour le vote du poste de vice-président de la République à l’assemblée. Car avec la présence des «radicaux» les débats risqueraient d’être houleux et la stratégie peut échouer.

Daniel Bazébita 

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