CONGO-BRAZZAVILLE : Quand Sassou joue au chat et à la souris avec l'ambassadrice des Etats-Unis

Le 9 août, l’ambassadrice des Etats-Unis au Congo-Brazzaville, Stephanie Sullivan, a, activement, demandé à rencontrer, le président, Denis Sassou Nguesso. Malgré l’insistance de la diplomate, le chef de l’Etat a donné une fin de non recevoir à sa requête.

Pas du tout découragée, elle s’est alors tournée vers son directeur de cabinet, Firmin Ayessa, qui l’a bien reçue avant de s’entendre dire qu’elle était porteuse d’un message de la plus grande importance des autorités de Washington, à l’endroit du président de la République. Firmin Ayessa, sans se faire prier, en a, immédiatement, informé son chef, le président de la République, qui, en désespoir de cause, finit par lui demander de la rencontrer, et de lui rendre compte, plus tard. Ce qui fut fait.

Stephanie S. Sullivan avait des raisons d’insister car son message, en trois points, était d’une grande teneur à plus d’un titre :

1°) Barack Obama demande à Denis Sassou Nguesso de ne pas organiser un référendum pour changer la constitution ;

2°) Barack Obama demande à Denis Sassou Nguesso de ne pas se représenter à l’élection présidentielle de 2016 ;

3°) Barack Obama demande à Denis Sassou Nguesso de faire qu’aucun de ses proches parents (fils, neveu, etc.) ne soit candidat à cette élection présidentielle de 2016.

Pour terminer, l’ambassadrice a brandi la menace à peine voilée suivante : si le président, Denis Sassou Nguesso, ne respecte pas ces conseils de Washington, la situation au Congo-Brazzaville pourrait être pire que celle que vit le Centrafrique aujourd’hui.

Selon nos informations qui sont de première main, pendant l’énoncé de ce message, Firmin Ayessa serait resté bouche béé. Sans mot dire. Puis, reprenant ses esprits, il demanda à l’ambassadrice en balbutiant sur quelle base se fondait-elle pour faire une telle prédiction, avant d’enchaîner sur les raisons de son intervention après l’encerclement de la résidence du député PCT et membre du Bureau politique, André Okombi Salissa ?

La réponse à cette question fut claire, limpide et sans ambiguïté : pour Stephanie S. Sullivan, les Etats-Unis veulent éviter une crise majeure au Congo-Brazzaville (qu’ils voient venir). Au lieu de la subir comme en Centrafrique, il est de leur responsabilité, en tant que superpuissance mondiale, de l’éviter, pendant qu’il est encore temps. Washington ne veut pas avoir à intervenir, demain, au Congo, comme c’est le cas, actuellement, en Centrafrique, en Irak et en Syrie. Prévenir vaut mieux que guérir. Pour Washington, le climat politique est en train de, considérablement, se dégrader au Congo. Il est, donc, du devoir de Barack Obama et de toute son administration de faire ce qui est possible pour que le Congo-Brazzaville continue de rester ce pays stable qu’il est aujourd’hui. En répondant, ainsi, l’ambassadrice a situé le sens de l’action qu’elle mène au Congo, et qui est conforme à ses missions. Elle ne fait que le travail pour lequel Obama l’a envoyée au Congo et ne pratique pas l’ingérence comme, ont tendance à penser certains proches collaborateurs et parents du chef de l’Etat.

L’ambassadrice des Etats-Unis qui parle, parfaitement, lingala, ce qui est à son grand avantage, par les temps qui courent, n’avait pu dénouer la situation de l’encerclement de la résidence d’Okombi que parce qu’elle s’exprimait dans cette langue du pays, sans interprète, avec les voisins d’Okombi, qui ont pu lui donner des informations utiles que lui cachaient les sbires de Sassou. Et le blocus a pu être levé, provoquant la colère dans le camp d’Okemba et de Ndenguet.

Source Afrique Education