CONGO-BRAZZAVILLE: Sassou, les femmes et le pouvoir

C’est connu de tous, le président Denis Sassou Nguesso compte des enfants, dans toutes les régions du Congo. Sur ce plan, il a réussi l’unité nationale. Son « gel douche » a nettoyé toutes sortes de vagins congolais, et parait-il, il aime « l’affaire-là ».

« C’est qui cette belle présentatrice de télévision » ? Un tel questionnement vaut ordre de mission pour ses aides de camp : « le patron la veut ». C’est ainsi que samedi, dimanche ou un soir de la semaine, ils peuvent débarquer, parfois, à l’improviste, pour conduire la belle en haut lieu. C’est rare que le dictateur essuie un refus. Généralement, la femme sait qu’en y allant, elle rentre le sac à main bourré de sassou-cfa.

Les dignitaires du PCT, de la haute fonction publique, les ministres et distingués directeurs généraux de sociétés d’Etat et des régies financières, savent qu’ils « broutent où ils sont attachés » comme des chèvres, grâce à la volonté d’une seule personne. Qui a le droit de vie et de mort sur eux. Et le droit de cuissage sur leur femme.
Il y a quelques années, le dictateur avait envoyé un de ses ministres en mission à l’étranger. Après avoir dit au revoir à sa très chère et tendre épouse, Monsieur le Ministre partit à l’aéroport pour prendre son avion, très fier de la confiance que lui témoignait le président. Mais pour des raisons inconnues, il fut contraint de revenir, quelque temps, plus tard, chez lui, à la maison, où il fut surpris de trouver des gardes de la sécurité présidentielle, qui lui interdirent d’entrer.

Ce qu’il craignait arriva. Après une attente assez longue, c’est son très respectueux président bien aimé qui sortit de son domicile, dans le bras de sa tendre moitié, comme s’il en était le titulaire, lui donnant, enfin, la possibilité, de rentrer dans sa maison.

Notre ministre ne fut pas limogé du gouvernement pour avoir surpris le grand-chef chez lui, et l’affaire considérée comme banale, n’étonna personne. Il y en a de dizaines d’autres à raconter. Quand on est brave et courageux (comme un officier général bien connu à Brazzaville), on prend son courage à deux mains et on se sépare de sa femme. On lui interdit même de porter son nom.

Le général des armées congolaises ne limite pas sa tournée auprès des épouses de ses ministres et collaborateurs plus ou moins lointains. Même celles de ses parents directs y passent. Selon certains observateurs qui connaissent bien les pratiques de l’homme, il aurait un faible pour des Zaïroises, avec un teint clair. Suivez notre regard. Mais pas seulement.

Son rayon de chasse est extra-territorial. La 14è épouse d’un dictateur voisin, venue, à Brazzaville, pour une cérémonie aurait eu droit à son « passage » sur les lieux. On imagine la colère de l’autre quand il l’a appris d’autant plus que lui-même avait arraché cette femme à un de ses fils, aujourd’hui décédé, qui voulait l’épouser. On comprend pourquoi l’Afrique centrale, malgré ses ressources minières et pétrolières, fait du surplace. La plupart de ses dirigeants politiques ont l’esprit tourné vers le bas de la ceinture.

Là où Sassou a voulu essayer ignorant qu’il courait un danger, c’est chez la très belle épouse de l’inamovible président du pays qui l’avait porté au pouvoir, en 1997, alors que ses miliciens piétinaient dans les quartiers Nord de Brazzaville. Invitée, comme c’est souvent le cas, à participer, à Brazzaville, à une cérémonie, elle a eu la mésaventure de subir la demande harcelante et insistante du dictateur local. Mais étant une femme de caractère, elle mit, immédiatement, son cher époux, au courant. Il n’y eut pas de rupture de relations diplomatiques. Mais c’est plus grave que cela. On a frôlé un conflit armé, l’année dernière, quand une puissante armée étrangère a pénétré, impunément, sur le territoire congolais, du côté de Dolisie, pendant plusieurs semaines. Avant d’amorcer, quelques jours plus tard, un mouvement de repli. Mais selon certaines sources bien introduites, une partie de cette puissante armée occupe, toujours, une portion du territoire congolais. Depuis, les relations entre les deux pays sont, particulièrement, mauvaises. Le mois dernier, à l’occasion du 25e anniversaire des Accords militaires qui permirent le départ des troupes cubaines et l’accession à l’indépendance de la Namibie et de l’Angola, accords signés, à Brazzaville, et qui sont fêtés, chaque année, par le dictateur, on n’a point vu les principaux concernés dans la capitale congolaise. Ainsi vont les affaires dans le Congo de Sassou qui est sa chose dans le sens plein du terme. On ne sait pas, exactement, où commence l’Etat et où finit le sexe. A moins que les deux se confondent.

Afrique Education qui n’est pas son magazine préféré (ce qui nous désole), en parle – juste et uniquement – pour que l’Afrique se prenne en main. Et pour que cela soit le cas, elle doit se débarrasser de cette catégorie de dirigeants qui font le lit de sa honte. Le dictateur de Brazzaville qui a l’habitude de dire : « je n’ai pas d’opposition en France. Mon opposition se limite à Afrique Education », ne peut apporter un démenti à nos propos. S’il avait la tentation de le faire, nous lui sortirions tout son catalogue.

Copyright Afrique Education, Numéro 386 du 1er au 15 mars 2014