“… Denis Sassou Nguesso a toujours autant envie qu’on ait envie de lui. Comme si être ‘ né vers’ avait valeur d’éternel élixir de jeunesse “
Le mystère Sassou. Un titre aguichant qui a aiguisé ma curiosité et m’a finalement décidé d’acheter le Jeune Afrique n°2720, un journal que je boycotte depuis un moment. Et là, patatras ! A part quelques détails compromettants sur comment Denis Sassou N’Guesso a failli perdre la guerre, la conférence nationale, la stature de médiateur de l’homme d’Edou, loin des berges de la Seine, ses biens si chèrement acquis à la sueur de son front, les fuites du dialogue-à-emporter avec François Hollande qui le recevait dans un vestibule, en marge du sommet de la francophonie à Kinshasa sous fonds de menaces proverbiales, c’est un panégyrique taillé à la mesure du personnage sybarite qui porte le croisé comme personne !
Une introduction bien curieuse que repend habilement une conclusion clin-d’œil, comparant l’inconnu à l’infini ou mieux, à l’éternité !
L’abonné des palais, rompu aux alcôves mesquines, distille à languir des euphémismes déroutants. Une arlequinade de plus qui n’émeut plus grand nombre.
Monsieur Soudan prend soudain un malin plaisir à dépeindre le Congolais lambda à l’ombre d’un profil débonnaire, contemplatif d’une candeur douce. Un peuple passéiste, vaincu, imperméable aux pulsations et qui laisse couler, pourvu qu’on lui serve de beaux mots !
Il trouve, lui, qu’être « né vers » présente un « avantage inédit ». Une expression qui cache mal un appel aux crampons. Ainsi donc, la « versitude » – puisqu’il faut bien nommer la chose – serait une clé passe-partout. Et dire que tout le monde était passé à côté de ce détail capital ! Eurêka, peut-on être tenté de dire !
Tout bon tailleur le sait et les sapeurs aussi, Dieu merci, qu’avec le temps, les habits sur mesure finissent par étouffer le corps. Les constitutions taillées sur mesure n’échappent pas à cette règle vestimentaire, surtout que cette constitution du 20 Janvier 2002 a eu la fâcheuse idée de s’acagnarder dans une chambre forte non pas à double tour, mais à triple tour : limite d’âge, non cumul des mandats et impossibilité de modifier le texte fondamental !
Pendant que tout le monde dans la rue mbochie met ses nerfs à rude épreuve pour deviner la pensée du grand Kani (chef traditionnel) , Alain Soudan, lui, joue les oracles. Il s’invite dans la conscience du chef à son insu et délibère sur ses pensées les plus secrètes avec la solennité d’un dignitaire maya :
« Quant à la question sur son envie de continuer, la réponse est simple. A 70 ans, et même si la tentation de l’Alima, ce fleuve sur les rives duquel il aime venir se reposer, le tenaille parfois, Denis Sassou Nguesso a toujours autant envie qu’on ait envie de lui. Comme si être ‘ né vers’ avait valeur d’éternel élixir de jeunesse »
Nous vous détaillons ici, par le menu, quelques morceaux gras tombés de table :
♠ De la guerre de 1997
« Au tout début du mois d’Octobre 1997, j’ai cru que j’allais perdre la guerre. J’étais à bout de forces. Je n’avais plus de munitions. J’ai demandé à mon frère Dos Santos, le président Angolais, de m’en fournir. Il a accepté et, avec l’accord de Laurent Désiré Kabila, il les a fait transporter sur l’aéroport de Kinshasa d’où elles devaient traverser le fleuve CONGO. Mais Kabila s’est rétracté après avoir reçu une délégation, dûment munie de mallettes, envoyée par Pascal Lissouba. Le matériel a donc regagné Luanda et j’ai dû supplier Omar Bongo (son gendre, Ndlr) pour qu’il accepte de le faire transiter par l’aéroport de Franceville. Bongo a dit oui, à condition que le transbordement se fasse en deux nuits, pas une de plus.
Entre-temps, nous avions pris le petit aérodrome d’Owando où les armes ont pu être acheminées depuis le Gabon. Quinze jours plus tard, j’entrais dans Brazzaville »
♠ De la conférence nationale de 1991
« La conférence nationale de 1991, je l’ai vécue comme la chronique de ma mort politique annoncée. Cela a commencé par la trahison de certains de mes collaborateurs chargés de l’organiser. Puis il m’a fallu supporter trois mois d’insultes quotidiennes retransmises en direct à la télévision. Plus d’une fois, j’ai dû calmer les parachutistes de ma garde qui voulaient disperser les congressistes et mettre fin au spectacle »
♠ De l’entretien avec François Hollande à Kinshasa
« Cette affaire (affaire des biens mal acquis, Ndlr), lui ai-je dit, c’est comme un caillou dans une chaussure. D’abord, c’est une petite gêne, on n’y prête pas attention et on continue de marcher. Puis la gêne se transforme en écorchure, rien d’inquiétant. On marche encore. Puis l’écorchure devient une plaie que l’on néglige de soigner et devient gangrène. Alors, c’est l’amputation »
Notre commentaire :
Dans cette anecdote, on connaît le caillou, c’est cette affaire, il l’a dit lui-même. Mais qu’en est-il de la chaussure et de l’homme qui la porte ?
Mettez à l’œuvre votre génie et revenez nous voir avec la clé de l’énigme si vous la trouvez. Nous sommes curieux de le savoir.
http://www.afrik-online.com/?p=18640