Congo: Crimes d'Etat de Chacona. Des indices de vérité. Mais, les responsables courent. »

mboulou-300x254-9343877 Mr Raymond Zéphyrin Mboulou a enfin avoué que treize citoyens, à fleur de l’âge, en détention au commissariat de Chacona – Mpila, dans la nuit du 22 au 23 juillet 2018 ont succombé dans les cellules d’enfermement.

Par:   OUABARI MARIOTTI

Lors d’une séance des questions d’actualité à l’assemblée nationale, ce 26 juillet 2018, le ministre de l’intérieur, Mr Raymond Zéphyrin Mboulou a enfin avoué que treize citoyens, à fleur de l’âge, en détention au commissariat de Chacona – Mpila, dans la nuit du 22 au 23 juillet 2018, ont succombé dans les cellules d’enfermement.

N’ayant pas précisé les circonstances du drame, Mr Raymond Zéphyrin Mboulou a laissé entendre que des enquêtes s’en suivraient, certainement pour dégager les responsabilités. L’on pourrait y croire, pourvu que ces enquêtes ne durent pas une éternité, revêtent le maximum d’objectivité et que s’en suivent des sanctions pénales puis réparations à hauteur des préjudices subies par les familles des victimes.

Et pourtant, à ce stade de cette grave affaire, présomption d’innocence prise en compte, sont connues les personnalités qui pourraient en être responsables et celles qui ont voulu l’occulter. Serviteurs de la république, elles ne peuvent pas ne pas répondre de ces crimes d’Etat. En premier lieu, le ministre Raymond Zéphyrin Mboulou, lui-même. Par ses fonctions, il est l’autorité de tutelle des agents de service de sécurité ayant convoyé et placé les victimes au commissariat de Chacona. Il est également responsable des conditions inhumaines de détention audit commissariat.

De par son rôle dans le dispositif sécuritaire national, Mr Raymond Zéphyirin Mboulou doit démissionner. Il en est de même, par légale extension, sur ces questions de sécurité, des généraux Jean Dominique Okemba, Jean François Ndengué et Philippe Obara, pour les prérogatives qui sont les leurs, dans ce dispositif. Les quatre démissions ont valeur de symbole pour garantir la neutralité de l’enquête et marquer le caractère laic de l’Etat.

Quant au ministre de la communication, Mr Thierry Moungala, une seule alternative s’offre à lui. Quitter lui aussi le gouvernement pour tenter de rétablir une image déjà fortement écornée par d’hasardeuses déclarations antérieures. Lui qui, par d’odieuses paroles, a menti à la nation congolaise et à la communauté internationale sur une affaire dont il n’avait aucune donnée, sinon la précipitation éhontée et opportuniste à couvrir le pouvoir. Par l’apparente vraisemblance qu’il affectait à ses propos, Mr Thierry Moungala usait de la ruse pour rendre le mensonge sans conséquence, lui ôtant tout relent de vérification. Par ailleurs, le conseil supérieur de la magistrature doit se prononcer sur le remplacement du procureur de la république, près le tribunal de grande instance de Brazzaville, Mr Oko Ngakala.

A l’instar de Mr Thierry Moungala, Mr Oko Ngakala a travesti la vérité sur ces crimes de Chacona. Perdant ainsi tout crédit de magistrat. Nulle raison ne pourrait fonder une justice inspirée par le mensonge. Et c’est un outrage que de traiter le mensonge avec complaisance. La justice préside à la conduite d’un procureur envers le peuple et l’Etat. Enfin, au-delà de tout ceci, il est venu le moment d’ériger une stèle, en mémoire de ces crimes d’Etat commis depuis l’indépendance du pays.

Des crimes dont la nation congolaise ne s’est jamais ni tirée des pleurs ni réussi à sécher les larmes.

Paris le 27 juillet 2018 –

OUABARI MARIOTTI