Au Congo, on a le cœur brisé aujourd’hui. Tout Congolais qui se respecte est blessé ne serait-ce que par la lecture des titres de la presse internationale sur l’annonce par Sassou Nguesso de la tenue d’un « mascarendum » (mascarade de referendum) sur une nouvelle constitution qui doit faire évoluer la République du Congo en une monarchie : le Royaume de Sassou Nguesso.
Dixit deux articles boucliers du monarque dans la dite constitution (de l’impunité). Article 10 : « Sauf en cas de perte ou de déchéance de la nationalité, aucun citoyen congolais ne peut être ni extradé, ni livré à une puissance ou une organisation étrangère pour quelque motif que ce soit » Et le vrai blindage se trouve à l’article 91 : « Aucune poursuite pour des faits qualifiés de crime ou délit ou manquement grave à ses devoirs commis à l’occasion de sa fonction, ne peut-être exercée contre le président de la République après la cessation de ses fonctions ». Un aveu de culpabilité !
C’est triste, mais nous sommes sous occupation interne à présent et les jeunes, assis sur les places des grandes villes, sous les manguiers, les «Madamé», les «Ngandas» (bistrot) etc. l’ont bien compris. Le chemin d’avenir est sombre. Il n’y a plus espoir avec M Sassou Nguesso.
L’auto-détermination, Quel sens lui donner au Congo Brazzaville ?
Le droit à l’auto détermination a été utilisé pour la première fois par le président Wilson, à la fin de la Première Guerre mondiale. Il n’a cessé depuis de signifier auto détermination par rapport à un occupant étranger. Mais Nous, peuple congolais blessé par un occupant interne, sommes persuadés que le processus de libération de notre pays est irrésistible et irréversible et que, pour éviter de graves crises aujourd’hui et demain, il nous faut mettre fin au colonialisme de M Sassou Nguesso et son clan et à toutes les pratiques de ségrégation et de discrimination dont il s’accompagne depuis 35 ans.
Le drame qui s’est joué sous nos yeux à Brazzaville nuitamment le 5 octobre 2015, rappelle à bon escient que le problème du Congo a changé de nature, le mal ne venant plus du méchant étranger mais du méchant compatriote. Un vers célèbre du plus grand poète bacougni Tsoungou Foyi sur la route du Gabon le dit bien « Pire que le coup de sabre le plus acéré » : l’injustice des proches. L’indépendance du Congo le 15 août 1960 a signifié un simple changement de maîtres au Congo. Les occupants étrangers ont cédé la place à des occupants locaux : M Sassou Nguesso et son clan qui se montrent infiniment plus cruels.
Malgré les mises en garde des Présidents Obama et Hollande, voire Boni yayi, la mise en coupe réglée de la société congolaise par une dictature tribalo-régionaliste brutale et corrompue reste le seul chemin d’avenir que M Sassou propose aux Congolais. Sous son régime, on trouve les quatre caractéristiques fondamentales de l’occupation étrangère : L’habillage politique, le pillage économique, la main de fer sécuritaire et le mépris des congolais d’en bas appelés pour mieux se moquer d’eux des citoyens. Au Congo, l’occupation interne est visible à l’œil nu. Une police pléthorique, plus nombreuse et mieux équipée que l’armée, parade ostensiblement dans les rues de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie etc. surveille les plus petits carrefours des villes les plus reculées, monte des barrages à l’entrée des villes telles Madingou, Djambala, Oyo etc. Et ce, dans une démonstration de force permanente visant à entretenir la peur et la soumission de la population.
L’occupation interne du Congo par Sassou Nguesso et son clan, a aussi pris toutes les formes organisationnelles : familles maffieuses, parti idéologique comme en Corée du Nord, minorité conduite à sa perte par un homme sans scrupules comme en Syrie. Partout au Congo, le régime de Sassou Nguesso fonctionne à la manière d’un virus envahissant une cellule et s’emparant de la machinerie de l’ADN pour se nourrir, se répliquer, diffuser dans le corps, l’affaiblir et finir par le tuer. La machinerie dont s’est emparé l’occupant Sassou est celle de l’Etat congolais. La police n’a plus pour fonction de défendre la société congolaise contre le crime organisé, mais de défendre le crime organisé contre la société congolaise. La Justice est là pour couvrir d’un voile de légalité les exactions de la police. Les libertés individuelles et collectives, surtout la liberté de parole, sont muselées. Les ‘’élections ‘’, quand elles existent, font partie d’un simulacre de démocratie qui ne trompe personne car il n’y a que le vote de M Sassou Nguesso qui représente à lui tout seul le peuple Congolais qui compte. Tout cela a pour objectif ultime de concentrer le pouvoir, le plus Longtemps possible dans les mains de M Sassou Nguesso et son clan pour s’adonner en toute impunité à leur péché mignon : la prédation. Cette dernière n’est pas seulement économique. Elle est aussi morale et symbolique. Sassou Nguesso et son clan ne s’emparent pas seulement de l’essentiel de la richesse du Congo (le Pétrole) mais aussi de tous les honneurs, de toute la dignité qui n’est plus une caractéristique intrinsèque de la personne humaine, mais une faveur concédée aux serviteurs et refusée aux traîtres et autres ennemis. On ne sait pas encore calculer le coût du régime clanique de Sassou Nguesso. On sait simplement qu’il est prohibitif. Le nombre de prisonniers politiques à ciel ouvert, dans les prisons, celui des torturés et des exilés, la quantité d’argent public volé, ne sont que les symptômes aigus de l’infection « sassousocomiale ».
Il y a les effets à long terme qui eux passent inaperçus. Les systèmes bancaires, de justice, d’éducation et de santé, qui sont gérés par un mélange de corruption, d’irresponsabilité, et d’incompétence et qui ont fini, en l’absence de toute évaluation et réformes, par tomber en ruines, avec les effets que l’on imagine sur la population et que l’on imagine moins sur les générations futures. Si l’on ajoute à cela le délabrement moral dû à l’atmosphère de peur, d’impuissance et d’indignité générale, on mesure le degré de souffrance endurée par le peuple Congolais. La société congolaise occupée a commencé d’abord par imploser à travers l’augmentation des inégalités Nord-Sud, de la criminalité, des divorces, de troubles psychiatriques. Et depuis le 27 septembre 2015 sur l’avenue Alfred Raoul à Brazzaville, elle a commencé à exploser et explosera le 20 octobre 2015 comme par un réflexe de survie contre «Sassou Haram» dans ce Congo occupé.
La dictature de M Sassou et son clan est aujourd’hui un danger et un fardeau pour tous les Congolais. La communauté internationale et notamment l’Occident, doit assumer toute sa responsabilité dans son éradication. J’ai suggéré dans les colonnes de Zenga Mambu et DAC presse quelques pistes pour renforcer de l’extérieur le combat des résistants de l’intérieur. La dictature de M Sassou Nguesso doit devenir un crime contre l’humanité et l’ONU doit assimiler l’oppression du peuple Congolais par des maffieux, des généraux d’armée ou de police, ou des idéologues psychopathes, au tribalisme assassin, à l’antivaleur de paix et au colonialisme tribal. Elle doit instaurer pour le Congo un mécanisme international de surveillance des élections, invalider toutes celles qui n’obéissent pas aux critères de la démocratie et mettre au ban de la communauté internationale tous les pouvoirs qui en sont issus.
Un anti-Nobel de la paix qu’on pourrait appeler le prix Hitler pourrait être attribué annuellement au dictateur de l’année (Je nomine tout de suite Sassou Nguesso pour 2016). Tous les tribunaux, notamment dans les pays démocratiques devraient se considérer compétents pour traiter de plaintes des victimes de la ‘’tortiocratie’’ de Brazzaville. Mais, une porte de sortie devrait être laissée ouverte en permanence à tous ceux qui autour de Sassou Nguesso accepteraient un passage pacifique à la démocratie en échange de l’impunité. La vie a plus d’importance que la justice et de toutes les façons, ce qui doit primer dans cette dernière est la réparation, non le châtiment. La porte de sortie est nécessaire à des fauves blessés qui se sont enfermés eux-mêmes et ont enfermé la société congolaise des quatre côtés, et devenant de ce fait prêts à tout pour défendre leur fourrure.
Certes les temps sont durs pour le peuple Congolais en lutte contre le colon Sassou Nguesso, mais ils ne le sont pas moins pour ce tourmenteur. Il faut qu’ils deviennent encore plus, afin que s’accélère et que s’achève par cette deuxième indépendance du Congo Brazzaville qu’est la démocratie au Congo le processus de libération du peuple Congolais opprimé.
C’est mon point de vue. Si vous ne l’aimez pas, j’en ai d’autres.
Wallys KIMBATSA