CONSTRUIRE UNE IDENTITÉ CONGOLAISE PARALLÈLEMENT A LA DÉMOCRATIE

NOTE DE DAC PRESSE : Le tribalisme, ce tar qu’affectionne certains congolais est entretenu par des dirigeants en manque de vision et qui ont pris en otage la population au point d’en faire une arme politique au Congo. A la place du projet, on te pose la question d’où vient-il ?  Ainsi on classifie les ethnies par catégories : Les supérieures et inférieures. Souvenez-vous de cette fameuse phrase «  Même les Batékés veulent commander ». A-t-on pris la peine d’écouter le projet du BATEKE avant se lancer dans cette réplique discriminatoire ? Le Lari, c’est un orgueilleux et peu fiable surtout qu’il trahit tout le temps. Les bembés, ce sont des sauvages sanguinaires faut se méfier. Le Mbochis , ce sont des incurables paresseux et voleurs…On peut étendre ses qualificatifs sur toutes les ethnies du Congo et on trouvera toujours quelques à dire. Ce comportement conduit les congolais à un phénomène récurrent de repli sur soi à chaque situation. Cela accentue les haines et la peur de l’autre. Cela se reflète également dans la gestion de la chose publique. Un ministère qui a sa tête un Bembé est systématiquement qualifié de ministère bembé. D’ailleurs les ministres ne font rien pour changer les choses. Ils préfèrent s’entourer des siens, mêmes incompétents, l’essentiel est de conserver le pouvoir. Et ceux-ci est identifiable également auprès des dirigeants dites de l’opposition qui demain installées à des postes de responsabilités  reproduiront leur même schéma.

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CONSTRUIRE UNE IDENTITÉ CONGOLAISE PARALLÈLEMENT A LA DÉMOCRATIE

Par : Vivien Romain MANANGOU

Difficile de réformer le Congo, dans lequel les liens ethniques et régionaux priment sur l’appartenance à une même nation. Les Congolais, de la Bouenza se considèrent d’abord comme Mbembés, Kambas ou encore Dondos avant d’être Congolais. Ceux du Pool se disent Laris ou Kongos et l’appartenance à la nation congolaise n’arrive qu’au second plan. Que dire des Mbochis, Mbetis, Kounis, Vilis, Yombés, Kouyous, Tékés, etc… Cette pléiade d’ethnies constitue une plaie pour le pays et un moyen sournois de conservation du pouvoir. Il est en effet fréquent d’entendre des dirigeants dire :  » si je perds le pouvoir, les sudistes vont vous écraser ». Cette affirmation fausse, ne peut résister à une confrontation à la réalité. Dans la pratique, entre 1960 et 1963; 1963-1968; puis entre 1992 et 1997 le Congo a été dirigé par des ressortissants du sud, jamais une extermination des nordistes n’avait été envisagée- il faut même souligner que les sudistes se sont souvent faits la guerre entre eux (pensez aux années 1990). De même, les causes indirectes de la guerre de 1997 se trouvent du côté d’Owando. L’idée qu’il y aurait deux blocs au Congo (nord-sud) est fausse et ne sert que les intérêts de quelques politiciens véreux.

Dans le même sens, le Pool n’est pas unitaire (affrontement Kongo-Lari), ni le NIBOLEK (en quoi est-ce un Kouni est plus proche du Bémbé que du Lari ?). L’existence d’une pléiade d’ethnies crée donc un bordel pas possible auquel il faut rapidement remédier avant d’aborder la question des réformes démocratiques. En l’absence d’une identité commune, les habitants du Congo se définiront toujours selon leur appartenance régionale et ethnique.

Il faut donc créer un lien permettant de nous reconnaître dans une même communauté politique. La question des dialectes se pose avec force. La division linguistique annihile le sentiment d’appartenance à un destin commun (pensez à l’Ukraine). Est-il normal qu’au ministère de monsieur Mampouya tout le monde parle lari ? Ou qu’à la télé nationale on ressente une délectation à s’exprimer en Mbochi ?

Bien que l’État moderne ou État-nation ne soit pas neutre culturellement, mais il est l’expression de la culture majoritaire comme en France, aux USA ou encore au Bénin. Or, par chance, il n’y a pas de culture majoritaire au Congo, ou plutôt celle bantoue (du nord au sud), il faut donc promouvoir une culture unique dans l’espace public. Tant que nous resterons dans la configuration actuelle, l’identité congolaise sera en crise.

Je ne veux pas dire qu’il faille imposer une identité de force avant d’aller vers la démocratie, mais simplement le débat identitaire doit aller de pair avec les réformes démocratiques. A ce prix nous pourrons éviter les écueils de 1992 avec des élections dites démocratiques à mon sens ethniques et régionalistes.

Vivien Romain MANANGOU