Il ne fait plus aucun doute que « l’Union fait la force », comme le stipule l’adage populaire. Dans la situation qui est la nôtre, ressortissants congolais de la diaspora, on ne peut s’empêcher de s’appesantir un instant sur la nécessité du choix de démarche unitaire par laquelle serait conduite toute action socio-politique envisagée. A cette occasion donnée ici à Lyon par JC BERI & ses Collaborateurs, nous tenterons de mettre en exergue l’intérêt de recourir à une telle démarche, dite unitaire.
I – Qu’entendons-nous par Unité ?
De l’unité, nous entendons déployer force et énergie ensemble dans l’ultime but de faire front face au système incrusté au pouvoir depuis plus de trois décennies dans notre pays. Ici, il convient d’emblée de préciser qu’il ne s’agit aucunement de nous fondre aveuglément en « Un ». Mais, tout en préservant la particularité chacun et la diversité, nous avons le devoir de nous rassembler afin d’harmoniser nos actions dans le combat pour lequel nous nous sommes fermement engagés. Ce combat vise clairement la libération véritable de notre pays, libération des griffes de certains de ses fils que l’on pourrait qualifier, au regard des attitudes affichées, de prédateurs des deniers publics, de fossoyeurs de la vie et de l’unité nationales. Car ces derniers ont, à n’en point douter, longtemps fait preuve de leur déficience d’objectivité quant à la gestion du patrimoine national. Leurs pratiques souvent dénuées, de façon étonnante, de tout bon sens, démontrent leur irréfutable incohérence et inconsistance, signe de leur irresponsabilité ayant inexorablement, conduit au délabrement jamais égalé des secteurs entiers de la vie nationale, pour ne citer que la Santé, l’Education et l’Economie… Et ce, malgré l’abondance des ressources disponibles dans le pays.
Pour vous édifier sur ces propos qui sont loin d’être des attaques ou des dénonciations gratuites, nous nous permettons de citer un extrait de la récente publication de Benjamin BILOMBOT BITADYS dans laquelle, il écrit ceci : « Beaucoup d’argent, beaucoup de misère…
Mais, dit-il, à quoi sert le budget dans un pays qui manque d’infrastructures : routes, ponts, aéroports, hôpitaux, écoles, universités, collecteurs d’eau etc… Pourquoi les budgets aussi colossaux du Congo-Brazzaville ne s’accompagnent-ils pas d’une amélioration des conditions de vie des populations, d’une réduction du chômage, d’une hausse du pouvoir d’achat, d’une diminution de la pauvreté ? Les riverains de la rivière « La Tsiémé » confrontés à des inondations permanentes faute d’assainissement sont contraints d’abandonner leurs habitations envahies par les eaux. Que font donc les (Tenants) du « chemin d’avenir » pour soulager ces populations riveraines de « La Tsiémé » qui ploient sous les eaux ? ».Voilà, chers frères et sœurs, ce qu’est la réalité sur le terrain ! Et cette situation ne peut que nous conforter dans le combat qui est le nôtre. D’où la nécessité des retrouvailles comme celle de ce jour qui nous conduiront d’une part, à vaincre nos passions qui nous ont depuis, freinés, ou tout au moins en partie, dans nos diverses actions, au compte desquelles on peut rapidement signaler : la faiblesse de conscience politique, l’intérêt personnel affirmé au détriment de l’intérêt général, l’appât du gain, les trahisons… Et, d’autre part, ces retrouvailles devraient faire que nous puissions agir autrement dès aujourd’hui. Dès lors, notre perception des choses fondée, sur l’unité d’action, se pose comme un préalable ou un défi à relever à notre niveau, car elle suppose que nous avions, avant tout, pris conscience de la situation de notre pays et que nous agissions, non par esprit ou stratégie du balancier, voulant absolument que l’autre déguerpisse des lieux, pour le remplacer, mais, par rejet, d’une part, du trop-plein des pratiques qui laissent transpirer la médiocrité, volontaire, par cynisme et égoïsme, ou non volontaire, par – il n’y a pas d’autres mots – incompétence notoire des tenants du régime. D’autre part – et c’est le plus marquant – par la lassitude d’un système ancien qui depuis, règne sans partage, ne sévissant réellement que par la corruption à outrance, confortant du coup, l’adage populaire qui dit, je cite : « L’abus du pouvoir use le pouvoir, et le pouvoir absolu corrompt absolument… ». Cet état d’esprit imbu d’avidité, conduit, sans vergogne, l’homme fort du régime, pour ne pas le citer, Monsieur Denis SASSOU NGUESSO (DSN), de dévoiler chaque jour sa volonté absolue, son intime et machiavélique conviction de confiscation du pouvoir, en dépit des signaux ô combien implacables de mécontentement populaire, manifestés ici et là, à travers le pays.
Nous estimons combattre pour une cause juste, puisque notre vision porte sur l’intérêt général de la vie démocratique nationale et celui de la population congolaise dans son intégralité.
Pour espérer atteindre nos objectifs, la dynamique d’action unitaire que nous appelons de tous nos vœux, entend essentiellement prendre corps à deux niveaux.
– Le premier concerne directement la diaspora, jouissant, à la faveur de la situation géographique, de la liberté d’expression et d’action.
– Le second, qui nous met à l’épreuve sur un rayon bien plus large, concerne les relais qui doivent être développés sur le territoire national, afin d’œuvrer, bien évidemment, et comme vous l’avez compris, de concert avec la diaspora.
II – De l’Unité d’action en notre sein (de la diaspora congolaise)
D’entrée, il faut dire que nous avons en face de nous un Système, fort de sa longévité et de ses pratiques antidémocratiques, belliqueuses, mensongères et manipulatrices, connues de tous, comme le témoignent les événements de ces derniers mois (déploiement militaire, arrestations, séquestrations, j’en passe).
Il est clair que ne peut vaincre un Système, qu’un autre Système en face. D’où la nécessité d’actions unifiées de la diaspora qui ne veut plus entendre parler de Monsieur DSN à la tête de notre pays au-delà de 2016, conformément à la Constitution de 2002, dont il fut unilatéralement géniteur, puisque régnant en maître, après avoir terrassé la jeune démocratie nationale par l’historique sanglant coup d’Etat de Juin 1997, comme jamais perpétré dans notre pays.
Toutefois, il nous faut comprendre qu’agir unifié impose des exigences, telles que :
– s’organiser
– se concerter avant toutes décisions et coordonner les actions à mener
– Et, finalement agir ensemble.
A bien voir, ces objectifs ne peuvent s’accomplir, sans poser moult questions, notamment celles concernant :
(1) – l’identification des acteurs déterminés et de la confiance établie ;
(2) – la nécessité d’élaboration d’une méthode d’action consensuelle à laquelle tout le monde adhère ;
(3) – la création d’une plateforme d’objectifs partagés, etc.
Toutefois, c’est le comment y parvenir qui nous importe ?
En effet, faut-il le dire avec force, que l’intérêt de notre vision dans cette démarche est surtout de parler d’une Voix et de se faire entendre non seulement au niveau du Système d’en face, mais à travers le monde qui a le regard tourné vers nous. Nous devons, de par nos actes, prendre à témoin les acteurs et observateurs politiques nationaux et internationaux, et, en montrant aux yeux de tous, que nous existons et sommes bel et bien organisés. C’est, un tel état d’esprit qui devrait prévaloir dans ce genre de retrouvailles, nous instruisant sur les devoirs, la voie à suivre et la nécessité d’agir ensemble pour espérer vaincre le pouvoir putschiste et inassouvi de Brazzaville.
Retenons ici, l’idée de formation d’une Plateforme commune pour agir et avancer dans le combat qui est le nôtre !
III – De l’Unité d’action sur le territoire national
Si l’organisation en dynamique unitaire de la diaspora est une nécessité, à même de faire écho aux quatre coins du monde, il faut dire que c’est sur le terrain, au pays, que se déroule le gros des faits de la vie nationale. Et, face à la sclérose du pouvoir, enivré par l’apparent rapport de force en sa faveur, il est souvent difficile de lui faire entendre raison. L’état d’esprit intégré par le pouvoir de Brazzaville étant de tout écraser sur son passage, tel un éléphant en furie, afin de faire asseoir et de pérenniser, à tout prix, le règne de Monsieur DSN…
Faut-il pour autant courber l’échine, continuer à longer les murs, yeux fermés, oreilles bouchées et bouches cousues, comme ce fut le cas au lendemain d’Octobre 1997, fatidique date de l’enterrement de la Démocratie nationale, après le coup de poignard que lui asséna en plein cœur, Monsieur DSN ?
Nous disons Non ! Et là aussi, notre démarche s’inscrit dans l’état d’esprit de la dynamique d’action unitaire préconisée. Pour cela, nous devons nous organiser de façon à avoir des relais sur le terrain, relais sensés intervenir ou agir en temps opportuns, dans l’ultime objectif de mettre un terme au diktat du pouvoir de Brazzaville.
Il est donc dans notre intérêt, mes très chers frères et sœurs épris de cette lutte, à défaut d’envoyer des délégués sur place, de nous accorder par tous les moyens, avec les Résistants et Opposants sur le terrain. Ces derniers ont la mission première de se solidariser avec les populations dont nous sommes censés représenter et défendre coûte-que-coûte. Et, le plus simple et rapide à faire, est de créer, grâce aux moyens de communication aujourd’hui développés de par le monde, des réseaux de contact avec la Résistance locale : l’Unité d’action est impérative pour espérer atteindre et faire plier le pouvoir.
En guise de Conclusion et Perspectives
Grâce aux efforts consentis et à la force constituée par la dynamique unitaire, nous pouvons espérer rassembler demain l’ensemble du pays, sur la base d’une véritable Charte d’édification et de construction nationale. Car, convient-il de le dire haut et fort, aucun individu, fut-il le Messie, ne peut à lui seul, quelles que soient ses capacités ou sa volonté, bâtir toute la Nation entière : la construction d’un pays est question de stratégie impliquant les intelligences de tous bords, c’est aussi question du temps, mais surtout, c’est l’affaire de tous…
C’est dans cet état d’esprit, que notre compatriote, Jean Sylvestre ITOUA a récemment rapporté ceci dans son article intitulé : « Les Forces vives face à l’histoire », je cite : « Pour triompher de la dictature au pouvoir, reconstruire une société Congolaise apaisée et écrire une nouvelle page de son histoire, le peuple Congolais doit continuer à puiser sa force dans son Unité en s’appuyant sur les valeurs d’Amour, du pardon, de tolérance et du vivre Ensemble. (…)
Reconstruire le Congo aujourd’hui est une question de volonté, une affaire de toutes et de tous. C’est Ensemble et Unis que nous devons et allons reconstruire notre Pays. L’heure est donc à l’Unité de toutes les forces vives du Congo (de l’intérieur sur le terrain et celles à l’Etranger) pour des solutions de sortie de crise à la hauteur du vivre Ensemble indispensable pour rebondir. »…
Cette lecture rejoint celle que nous faisons. En effet, comment comprendre qu’un Gouvernement, puisse à sa seule initiative, décider, par exemple, de l’érection d’une école à ETOUMBI (Nord Congo), et, d’un bitumage d’un tronçon de route à NKOTO-MVINDOU (Sud Congo), sans au préalable solliciter les populations locales. Il s’agit là, d’un cas d’école d’aberrations que subissent les populations congolaises, réduites à l’infantilisme par le pouvoir central et corrompu de Brazzaville, qui doit décider de tout et tout faire pour chaque coin et recoin du pays. Les populations étant tout bonnement, selon cette logique, reléguées au rang d’attentistes, voire, d’incapables. De telles pratiques doivent s’estomper au lendemain de la restauration de la véritable démocratie nationale, en faisant place à de vraies stratégies de développement, plaçant l’homme au cœur de l’action. La notion de subsidiarité axée sur l’homme, ses besoins et ses actions, trouve sa place ici. Autrement dit, faut-il le noter, la Décentralisation reste le pivot du développement local équitable. Et, tant que celle-ci n’est pas effective dans le mode de fonctionnement et de développement de notre pays, il n’y aura pas, à notre sens, de réel sentiment de partage du pouvoir, fondateur de l’unité nationale véritable…
La Charte, pour y revenir et en dire un mot, serait issue des Etats Généraux de la Nation (EGN), lesquels constituent une nécessité impérieuse, un passage obligé, au vue du délabrement du tissu socio-économique national. Les EGN n’auront de sens et de force que s’ils se réalisent secteur par secteur (le système scolaire, la santé, l’administration, le développement infrastructurel…). Il en découlera avec la volonté affirmée de tous les fils et filles du pays, une stratégie nationale globale de développement, érigée en Pacte républicain à concrétiser, non par un individu, extra-terrestre fut-il, mais, par des générations successives qui s’attèleront à l’œuvre d’édification nationale. Cela, comme pour s’accorder au séculaire postulat de responsabilité et de transmission, énoncé au lendemain des Indépendances, par Franz FANON, dans son ouvrage « Les damnés de la terre », je cite : « chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. »
Cette lecture des choses, nous mettrait de toute évidence, devant nos responsabilités qu’il va falloir absolument et honorablement assumer, et, nous épargnerait non seulement des improvisations qui sont légion, mais également des champions de la démagogie tentés à la moindre occasion offerte, de s’accaparer et de confisquer le pouvoir, par des raisons parfois les plus fallacieuses. Ceci dit, la stratégie de développement national est une vision globale et non parcellaire, menée par une lecture hautement anticipatrice.
Au final, il s’agira pour nous, de faire preuve d’esprit de responsabilité, entendue comme vertu d’obligation de l’accord dans lequel, le devoir-faire pour la société et le bien-être, le bien-vivre des populations congolaises, viennent en premier.
Enfin, mes très chers frères et sœurs :
. Continuons à Dénoncer :
– la Démocratie de façade !
– la Démocratie de l’arbitraire, d’insinuation et d’intimidation !
– la Démocratie d’intoxication et de désinformation !
– la Démocratie clientéliste, de la servilité au pouvoir, engluée de corruption !
– la Démocratie de mépris, de la brutalité, de l’humiliation !
– la Démocratie corrompue où l’argent, anarchiquement, voire frauduleusement sorti du Trésor public, est maître, taxé d’agent diviseur, de perturbateur et déchireur de cohésion sociale !…
. Continuons à Lutter pour :
– la restauration de la Démocratie nationale véritable !
– le respect des Institutions de la République !
– la paix et l’alternance démocratique au pouvoir conformément à la Constitution en vigueur dans notre pays.
Aimons notre pays le Congo et donnons-lui d’autres chances !
Lyon, le 01 Novembre 2014
Par Joseph LOUFOUA