« Ceux qui viennent pour demander la paix sans proposer de traité sont des comploteurs » Sun Tzu – L’art de la guerre
« Le chevalier inexistant » est un conte philosophique d’Italo Calvino, fou, délirant où un des Chevaliers de l’armée du roi Charlemagne, Agilufe Edme Bertrandinet des Guildivernes, épris de discipline, excellent paladin, formidable guerrier, extraordinaire homme pour parler aux femmes…mais c’est un leurre. Quand son armure blanche qui lui tient lieu de corps tombe, l’illusion se dissipe, car elle est vide. Ca ne nous rappelle rien ? Même si personne n’ose le dire, le problème de l’opposition congolaise se résume dans l’absurdité de cette histoire de cavalerie.
L’animal est piégé dans le filet
Entendons-nous bien d’emblée : SASSOU est tombé à pieds joints dans le piège constitutionnel qu’il a tendu à ses adversaires. Ironie du sort, la métaphore « l’animal est piégé dans le filet », utilisée devant les sages mbochis le 11mai 2012, pour appuyer sa volonté de vouloir mourir au pouvoir ; peut désormais s’appliquer à cet assoiffé du pouvoir. Cependant, l’opposition congolaise, engluée dans une espèce d’incapacité à créer un véritable rapport de forces, n’arrive pas à réaliser l’essai, pourtant à sa portée.
On ne le dira jamais assez ; toutes les gymnastiques intellectuelles déployées par les officines de Mpila, sous l’emprise du syndrome de l’arapède politique(1), se révèlent inopportunes pour contourner les articles 57 et 185 qui, tout en scellant dans le marbre la rigidité de la constitution du 20 janvier 2002, garantissent ipso facto une alternance démocratique dans notre pays.
Face à cet obstacle majeur, SASSOU et son clan ont opté contre toute attente, pour un changement pur et simple de la constitution. Autre chausse-trape, la constitution de Janvier 2002 n’avait pas prévu les conditions de son extinction. En toute logique, le 14 août 2016 à 14h, Sassou ira à Oyo s’occuper de ses chevaux et de ses autruches. Or, le satrape d’Oyo, qui a eu l’outrecuidance de déclarer devant ses partisans, qu’il n’y avait personne à nguélè ( Brazzaville) pour le supplanter tant qu’il sera en vie ; s’est lancé dans un subterfuge visant un passage en force. Dit autrement, il veut narguer les congolais en organisant un referendum sur la base des listes électorales totalement fausses, avec une CONEL inféodée au PCT.
Pour mettre à profit les deux ans qui nous séparent de la date fatidique, une exigence de rigueur et d’efficacité s’impose au sein de l’opposition. Elle ne peut être atteinte qu’en clarifiant les comportements un chouïa ambigus.
Tenez ! Est-il sensé de la part de Mathias DZON, qui se réclame grand opposant au régime de Sassou Nguesso de déclarer à qui voulait l’entendre, qu’un gouvernement d’union nationale, dont il serait manifestement Premier ministre, serait la seule issue ? Erreur tactique.
Il se marmonne, dans les salons feutrés de Brazzaville et d’ailleurs, que le séjour du Président Guinéen Alpha CONDE à Brazzaville, un ancien de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) comme Mathias DZON, aurait été bénéfique pour ce dernier sur deux plans : la levée de l’interdiction de sortie du territoire congolais et la juteuse proposition au poste de Premier Ministre de transition.
Sans bras de fer, point de salut.
Faut-il le rappeler s’il en était encore besoin, qu’une gestion et/ou conquête du pouvoir, reste à tout point de vue, une question de gestion de rapports de forces ? Et qu’un gouvernement d’union nationale, sous les conditions de Sassou, sans avoir préalablement crée un quelconque rapport de forces en faveur de l’opposition, serait une bouée de sauvetage inespérée pour lui ? Comme Ewo et Dolisie !
En politique comme dans d’autres domaines d’ailleurs, mettre la charrue avant les bœufs, constitue une véritable erreur stratégique. N’est –il pas temps à l’opposition( modérée ou radicale) de prendre véritablement le taureau par les cornes ? Tsaty MABIALA, KINFOUISSIA et autres de l’opposition intérieure, qui végètent dans des partis plus ou moins structurés, n’ont-ils pas encore compris que le temps de la politique polie est révolu ? N’ont-ils pas entendu les cris du peuple, de la Nation ? Ne savent-ils pas, après tant d’années de propagation de la misère et d’effondrement des valeurs qui fondent un Etat viable, que seule une politique de bras de fer fait tomber les dictatures ? Que sans descentes dans les rues, sans manifestations, sans révolution et bras de fer permanent, point de salut ? Pourquoi un tel endormissement, en définitive ?
La guerre des égos, conjuguée à une oligophrénie handicapante, plombe le combat de l’opposition pour le respect de la constitution de 20 Janvier 2002. Certains comportements calamiteux que l’opposition traine comme un boulet au Congo, minent également l’opposition au sein de la diaspora. SASSOU tire sa force des faiblesses de l’opposition, de son inorganisation. Il est donc temps de se faire violence, en mutualisant nos efforts et en aplanissant nos divergences, afin de placer notre pays sur la seule marche qui vaille : la plus haute.
« Les Assises nationales pour l’alternance démocratique » qui ont lieu à Paris du 07 au 10 Juin 2014, étaient des moments très forts et très intenses qui ont suscité un immense espoir au sein des populations, délibérément plongées dans une extrême pauvreté par un pouvoir autiste. Toutefois, cette dynamique ne sera un soubassement du combat pour la restauration démocratique via une alternance mature que si ces « Assises » réussissaient à se muer en une structure stable et pérenne, qui travaillerait en synergie avec les leaders qui ont la maitrise des variables du terrain, notamment avec les trois plateformes de la société civile.
L’histoire a plus d’imagination que les hommes, disait MARX . Celle du Congo est soumise aux spasmes que SASSOU et l’opposition, à des degrés divers, nous imposent. Pendant ce temps, le peuple piaffe d’impatience et rêve sans y croire, à ce que « le Chevalier inexistant » se transforme en « robin des bois », qui lui est un habile braconnier, mais aussi défenseur des pauvres et des opprimés. Arborons tous, les habits de défenseurs de la constitution du 20 janvier 2002 pour contrer la manœuvre perfide de SASSOU. Pour cela, chacun doit y mettre du sien, car, le destin du Congo ne porte pas l’estampille de la fatalité oyocratique.
Djess dia moungouansi « La plume du Congo libre
(1) Syndrome d’une extrême nocivité qui fait particulièrement rage dans des dictatures d’Afrique Centrale. Il se manifeste par la propension à se maintenir au pouvoir par la terreur.