Dans l'antre d'une jeunesse politiquement «incertaine» et socialement fragilisée

Au simple regard de la société congolaise, on la sent profondément politisée. Les débats politiques qui commencent dans un coin de rue se prolongent dans les facs et dans bien d’autres lieux. Devant une telle récurrence du débat et de la pensée politique dans la société, il est donc bien normal que la jeunesse [couche démographique majoritaire au demeurant] de ce pays soit fortement touchée par le phénomène.

La jeunesse congolaise est comme, celle d’ailleurs en Afrique, au faîte des changements de plus en plus profonds qui secouent le monde. Et, contrairement, à celles des années qui ont immédiatement succédé l’indépendance, cette jeunesse est de plus en plus éduquée. Cela étant, quels que soient les chiffres souvent aseptisés qui peuvent être distillés ici et là pour redorer la réalité politique. Elle est une jeunesse qui reste victime d’un chômage endémique.

Devant ce chômage endémique, l’école ascenseur social par principe étant en panne. La politique l’a, de fait, suppléer dans ce rôle,hélas, hélas, hélas ! Devant cette nouvelle donne, la politique apparaît être, comme le moyen par excellence de l’élévation et de l’existence sociale. Devant cet état de fait, Il y a matière à s’interroger sur le fait de savoir, comment cette triste réalité, aurait pu être contraire, lorsque les hommes politiques sensés, par principe, servir le peuple se sont tout bonnement mués en auto-serviteurs, c’est-à-dire du paradigme « de servir », on est passés à celui de «de se servir soi-même». Ce glissement révèle une nette et consternante porosité de la structure politique, laquelle structure était sensée charpenter la pensée et solidifier l’action politique dans sa mise en place.

Or, quoi que l’on soutienne, il est impossible d’occulter l’impact de la structure sociale sur l’homme. Donc, si l’homme agit sur celle-ci, il est à noter que cette structure sociale agit sur l’homme à son tour. C’est toute l’existence d’un réfutable entrelacement entre les deux entités. En conséquence ce rapport, conduit à élaborer un lien entre le cadre politique congolais et les hommes politiques de ce cadre politique. C’est fort de ce rapport que l’on comprendra, les raisons de vacillements de la jeunesse politique, ça n’explique pas tout, mais participe aux éléments susceptibles pouvant l’expliquer. En effet, la jeunesse est en quête d’un renouveau, d’un fort élan professionnel, etc, mais les aspirations qu’elle nourrit butent devant une macabre réalité : celle d’un cadre politique lui-même truffé d’incohérence.

Rappelons le, la jeunesse congolaise ne jouit pas d’une bonne santé en matière d’emplois. Car , Celle-ci demeure victime d’emplois précaires: emplois sans grande sécurité juridique, emplois de court-terme, etc,. Or, cette jeunesse est par nature une jeunesse très pimpante et clinquante. Ce qui laisse à croire que cette jeunesse fragilisée professionnellement, et qui est en quête de lieux d’expression à la fois professionnelle et politique, reste une proie malléable, dans un environnement au sein duquel la pyramide des valeurs morales et éthiques se trouve être inversée, c’est-à-dire il n’y a de vrai que ce qui est approuvé par l’establishment et peu importe que cela soit doublement frappé par l’immoralité et l’absence d’éthique, dans le jargon local cela s’appelle «Tossa ô Lia » et de façon simplifiée cela conduit à s’interroger, s’il est possible de remettre en cause la vision de quelqu’un qui, ayant connaissance de vos aptitudes ou non, vous aide à trouver un emploi défiant toute concurrence sur le marché de l’emploi? De cette équation découle une autre interrogation : peut-on être, du moins travailleurs précaire, sinon, chômeur et envisager une carrière politique ensuite être efficace dans son action et cohérent dans ses positions? Car il est nécessaire à le relever, entre les pétrodollars et les promesses d’autres types, les pseudos convictions politiques glissent avant de s’effondrer foncièrement. Si cette raison n’explique pas tout, elle est tout de même à prendre en compte dans tout le cheminement du vacillement positionnel de la jeunesse politique du Congo.

Outre cette précarité d’ordre professionnel avec son corollaire d’instabilité financière sur la jeunesse, s’ajoute le cadre politique congolais lui-même. En effet celui-ci souffre, il est judicieux à le noter, d’une forme de «constipation structurelle», une constipation qui se traduit par un personnel éternellement reconduit dans un système lui-même quasi éternel. La question d’être jeune appartenant à un mouvement d’opposition et avoir l’opportunité de servir son pays un jour se pose. Il est de notoriété publique que militer en politique c’est nourrir l’ambition de servir dans l’appareil étatique de son pays un jour. Mais, si une telle ambition s’avère être aisée, dans un cadre politique où l’avènement d’une alternance politique, au bout d’un temps, est une évidence. Elle reste encore, le résultat d’une lutte acharnée, inespérée et meurtrière dans le cadre politique du Congo. Cette défaillance structurelle qui fait peser une forme de monopartisme de fait est digne d’ébranler les moins tenaces des ambitions, d’appâter les «opportunistes» et tempérer profondément l’optimisme d’un grand nombre.

Enfin, l’absence d’institutions juvéniles indépendantes du pouvoir et susceptibles d’englober toute la jeunesse, au-delà des colorations politiques de celle-ci, fausse la donne d’avoir une jeunesse politiquement solide idéologiquement (si tentée de croire qu’une jeunesse idéologique existe dans ce pays) et moralement exigeante. Bien au contraire, les institutions existantes actuellement répondent à une seule logique, celle qui vise la création de l’hégémonie d’une part de la jeunesse contre une autre. Il s’en suit de là que cette situation, est de nature à créer des montagnes de complexe au sein d’une jeunesse qui à formation parfois égales ne jouit pas des mêmes considérations. Ce décalage se trouve ainsi matérialisé dans le traitement de la jeunesse congolaise selon que l’on soit politiquement de la majorité ou de l’opposition. Si celle de la majorité parcourt le monde avec à la clé des formations et un apprentissage politiques d’autres structures à travers le monde. Celle de l’opposition se berce bien d’un espoir, celui du changement pour certainement prendre la revanche, il s’agit non pas de servir le pays en toute neutralité. Mais se monter les uns contre les autres.

Tout compte fait, pour une jeunesse que l’on sait très clinquante et qui se construit autour de l’argent et pour l’argent, tenir solidement dans un tel cadre politique aussi incohérent relèverait presque d’un miracle. Sur ce point, pas grand besoin de chercher loin pour illustrer les glissements. Ceux-ci sont légions et le cadre politique lui-même est là pour en témoigner la profondeur. Ces glissements de plus en plus nombreux reposent la question de savoir : Pourquoi s’engage-t-on politiquement? Dans un pays qui se construit non sur la base des valeurs telles que l’égalité et la justice mais plutôt sur l’argent est-il possible, un jour, que la politique soit substantiellement tournée vers le bien être du plus grand nombre ou que cela relève d’une chimère? […]. Aussi décalé que cette métaphore paraisse, le cadre politique du Congo est à saisir sur le ton d’un rapport entre un homme et un cadre constitué de sable mouvement. Pour son existence, cet homme sur le sable mouvant, a deux possibilités pour ne pas mourir ensablé par le cadre, soit se faire aider à sortir du bourbier à l’aide d’une corde par une tierce personne, soit solidifier le cadre mouvant c’est-à-dire le rendre stable pour l’intérêt de tous. Si aucune de ces deux options ne sont actionnées, l’homme quelque soit sa bonne volonté se fera avaler par le cadre lui-même constitué par le sable mouvant …

La maison Congo brûle, les valeurs se font rares. Et demain doit se décider aujourd’hui …

Ami(e)s mien, j’ai dit !

Gracias D. UMUNTU NGUMUNTU