DE L ' OPPOSITION EN POLITIQUE: LE CAS DU CONGO-BRAZZAVILLE.

TRIBUNE LIBRE DE BRICE NZAMBA

Le mot opposition vient du latin oppositionem et donc de « Ob » ( devant) et positionem ( Position). Cette étymologie à sans doute inspirer l’auteur J de Meun qui définissait l’opposition dans son ouvrage « Rose » ( édition F. Lecoy,18906) comme étant la  » position d’une chose vis-à-vis d’une autre ». Toujours dans le même sens, le dictionnaire Littré cite Démosthène en définissant l’opposition comme une antithèse. Toutefois, signalons une autre acception du mot opposition provenant d’Oresme (Éthique, édition AD Menut, page 169) et qui est définit comme  » Une contrariété entre deux choses, différence considérable dans la manière de sentir de plusieurs personnes. »
À ce stade, nous pouvons retenir deux acceptions du mot opposition: Une opposition qui est de situation dans un espace précis, de différence de position constituant ainsi une antithèse à l’encontre de la position combattue et une opposition qui résulte d’une contrariété et qui serait plus un mouvement d’humeur contrarié. Ainsi, l’opposition politique se situe à ces deux niveaux, et selon que l’opposition est de position constituant une antithèse à la thèse au pouvoir ou de contrariété et constituant plus un mouvement d’humeur pour des raisons subjectives, l’intérêt général prévaudra ou pas. Dans un système politique où l’opposition défend une position dans l’espace que lui offre le jeu politique: Sa position est constituée par la vision qu’elle a de l’organisation de la société dans le respect d’un cadre plus global contenu dans la constitution du pays. La position politique que défend le Parti au pouvoir constituée par sa vision de la société qu’elle entend mettre en œuvre, est la thèse que combat l’opposition par sa propre vision qui est l’antithèse.

Ces deux visions se contredisent dans le respect du cadre constitutionnel qui les organise et posent les principes à réaliser dans la société. En clair, les deux positions s’affrontent pour réaliser, chacune selon sa vision de la société liée à ses idées, les principes posés dans la constitution que constitue l’intérêt général. L’intérêt général est donc le lieu de synthèse entre la thèse au pouvoir et l’antithèse en opposition.

En revanche, lorsque le jeu politique est biaisé, de sorte qu’il n’y a pas de visions de société qui s’affrontent, et moins encore de principes qui fondent la société dans le cadre d’une constitution à réaliser: il n y a plus que d’opposition de contrariété et d’humeur et le règne du vagabondage politique. Un tel ministre à un moment x de l’histoire de son pays, par contrariété devient « opposant » à un moment y. Un tel « opposant » à un moment b devient ministre du pouvoir qu’il combattait à un moment c. Dans ce genre de système politique, la perversion des mots, des situations, et de positionnement est de règle, et tout est prétexte pour se servir du pouvoir et non servir. La République du Congo est un cas d’école emblématique de l’opposition de contrariété, d’humeur, et de positionnement. Il n y a pas de jeu politique où des visions de la société s’affrontent pour espérer une synthèse dans l’intérêt général: Seul compte la conquête et la conservation du pouvoir. Et toute la vie politique s’organise autour de ce leitmotiv. Chaque conquête du pouvoir généré automatiquement ses farouches opposants qui sont toujours des « opposants » de contrariétés. Et les Congolais qui ne sont pas assez vigilants, et pas assez de mémoire historique se font rouler chaque fois à la farine par les mêmes acteurs politiques qui tantôt sont alliés, tantôt se combattent, mais pour quelle contradiction idéologique? Aucune sinon la contrariété dans la redistribution des gains du pouvoir conquis. LISSOUBA a eu ses opposants de « contrariété »: La bande à Benjamin BOUKOULOU. Denis Sassou Nguesso a aussi sa bande d’opposants de contrariété, et même des plus virulents.

Dans tout ce chaos, où il suffit d’être contrarié dans sa carrière par le régime pour se dire opposant, quelle vision de société pour le Congo? Qu’est-ce qu’une constitution, un Parti au pouvoir, une opposition, dans un pays où les visions de société sont absentes dans le débat politique et où tout tourne autour des enjeux Tribaliste et de prévarication?

La vie politique faite dans ce contexte est une arnaque, une vaste escroquerie en bande organisée dans laquelle les populations paient le prix fort, et je souhaite bien de courage à qui s’engage dans ce jeu en pareil contexte sans y perdre son âme. En République du Congo, le combat prioritaire à mener, la base de toutes les bases, est avant tout la construction d’un État digne de ce nom, du sens de l’État qui va avec et une véritable Nation qui viendra s’y adosser: Le reste n est que de la poudre de perlimpinpin pour esprits faibles.

Par : Brice NZAMBA