De l’espoir et du désespoir dans la lutte politique

campanille-3-300x282-2860994 Brice NZAMBA

Par :  Brice NZAMBA

Espoir, voilà un mot qui a su réussir le tour de force d’un holdup  épistémologique, au point où espérer est généralement considéré comme une attitude vertueuse, bénéfique pour l’être humain. Pourtant, la mythologie grecque ne l’entendait pas de cette oreille car l’espoir faisait partie des maux contenus dans la boite de Pandore, et le seul qui n’en est pas sorti. L’espoir chez les Grecs est donc un mal au même titre que les autres, pourquoi? Parce que précisément, sa fonction est d’aider les hommes à supporter les maux qui s’abattent sur eux. Mais pourquoi doivent-ils donc espérer? Supporter les maux qui s’abattent sur eux? Pour que l’ordre politique responsable de tous ces maux ne change pas. Des hommes qui espèrent, qui supportent, qui endurent, constituent du pain béni pour tous les despotes en culottes courtes ou patentés.

Il y a donc les leaders politiques de l’espoir, ceux-là qui promettent monts et merveilles, souvent de bonne foi, mais toujours pour aider les pauvres humains que nous sommes à supporter le poids des maux qui nous accablent. Ces leaders sont eux-mêmes en général, des créatures de l’ordre politique dont le fonctionnement génère les maux dont ils sont conscients de l’impossibilité pour eux de résoudre définitivement, alors, ils proposent des projets de société pour que le peuple supporte mieux, endure plus facilement son joug. L’espoir est un opium, il endort, il reporte à demain, à d’autres jours, à l’au-delà, ce dont il est possible d’avoir droit « ici et maintenant », pourvu qu’on accepte en toute conscience à en payer le prix. L’espoir est toujours dépendant de l’attente d’une situation, d’une personne, mais rarement d’une action construite, disciplinée et foudroyante venant de soi-même. C’est en cela que des gens qui espèrent sont facilement contrôlables.

En revanche, le désespoir, voilà l’arme véritable et ultime des vraies révolutions. Le désespéré est celui qui a refusé de supporter, d’endurer, de souffrir tous les maux qui s’abattent sur lui. Il n’a plus le temps d’entendre des discours, son ventre crie trop famine pour cela. Il veut sa part de pain » tout de suite », « ici et maintenant ». Négocier? Le désespéré ne connait pas ce mot, chaque battement de son cœur est une douleur atroce, et pas question de le supporter davantage, il veut guérir de l’ordre politique qui génère les maux dont il souffre, quitte à y laisser sa vie. Les leaders politiques du désespoir sont les plus redoutables de tous les leaders dans tout ordre politique. Ce type de leader n’a qu’un seul leitmotiv: Faire tomber tout l’ordre politique qui génère les maux et toutes les têtes qui soutiennent cet ordre.
Tout ordre politique intelligent a donc intérêt à toujours maintenir une marge d’espérance à sa population pour sa propre stabilité et faire sortir de ses manches de temps en temps un leader de l’opposition pour capter l’espérance des populations pour qu’elles ne désespèrent pas et que l’ordre politique inique se maintienne encore et encore.

Brice NZAMBA