Le président du P.s.d.c (Parti social-démocrate congolais), Clément Miérassa, a donné une conférence de presse, lundi 11 août 2014, à son domicile, sis à Moungali, dans le 4ème arrondissement de Brazzaville. Au cours de cette conférence de presse, il a abordé les questions d’actualité nationale et internationale, notamment le changement ou non de la constitution, l’indépendance de la Conel (Commission nationale d’organisation des élections), l’école congolaise, la liberté de la presse et le récent sommet EtatsUnis/Afrique.

Dans son mot liminaire, l’orateur n’a pas fait de quartier au pouvoir. Il a réitéré le refus de son parti au changement de la constitution. Car, selon lui, «Le président de la République veut changer la constitution, pour demeurer au pouvoir».

D’entrée de jeu, le président du P.s.d.c, parti situé à l’opposition, est revenu sur le projet de loi des finances rectificatif, qui prévoit de nouveaux crédits de près de 620 milliards de francs Cfa, adopté par le conseil des ministres du 16 juillet 2014. S’il faut considérer le budget comme un outil de politique économique et financière à court terme, Clément Miérassa estime que ce projet de loi de finances rectificatif «est scandaleux»«Il s’agit d’un pilotage à vue, qui n’est pas assis sur des études sérieuses et qui entraîne ce que l’on désignerait par un dangereux gaspillage», a-t-il dit, en rappelant l’appel à la prudence du F.m.i (Fonds monétaire international) à l’endroit du Congo. Il a cité l’article de l’hebdomadaire satirique français, «Le Canard Enchaîné», intitulé: «L’aide française au développement… du pillage», dans lequel il y a «des révélations stupéfiantes sur les coûts exorbitants de réalisation des forages d’eau dans le pays».

Fustigeant l’organisation des différentes concertations politiques organisées dans le pays, Clément Miérassa s’est indigné de constater que les conclusions et recommandations issues de ces rencontres ne sont pas, intégralement, mises en application. «Tous les Congolais savent que le recensement administratif spécial a été un fiasco», a-t-il dit.

Sur l’indépendance de la Conel, il accuse le gouvernement qui refuse de faire aboutir les termes d’un processus électoral convenus consensuellement. «Il est bon de rappeler que l’une des recommandations prises par la concertation de Dolisie concerne l’érection de la Conel en un organe permanent, indépendant, jouissant d’une autonomie administrative et financière», a dit le président du P.s.d.c, qui pense qu’il y a un manque de volonté politique manifeste du pouvoir de mettre en œuvre cette recommandation. Par ailleurs, il demande l’annulation du recensement administratif spécial, car les résultats de cette opération ne reflètent pas la réalité.

Clément Miérassa considère que le débat sur le changement constitutionnel organisé par le pouvoir est une «mise en scène, un folklore, une manipulation et une instrumentalisation». Pour lui, la vérité commence à être établie sur cette question du changement de la Constitution. «Même si le P.c.t ne s’est pas toujours, dit-on, prononcé, le président Denis Sassou Nguesso a dévoilé, clairement, sa position à Washington. Il a énoncé qu’il est pour le changement de la Constitution, même s’il se gêne d’annoncer, clairement, que c’est pour qu’il reste au pouvoir. Le scénario monté fait apparaître, clairement, qu’il va organiser cette demande par le peuple soi-disant», a déclaré le conférencier qui estime que toutes les raisons évoquées pour changer la Constitution ne sont qu’un prétexte pour tenter de maintenir le président Sassou-Nguesso au pouvoir.

Le leader du P.s.d.c a fait remarquer que «changer la Constitution actuelle est un coup d’Etat constitutionnel». «Le message est clair: je suis arrivé au pouvoir par les armes et j’entends y rester. Je ne respecterai pas les lois et règlements de la République», a signifié l’orateur, qui a réitéré le refus de son parti au changement et à la révision de la Constitution, ainsi qu’à un troisième mandat du président Denis Sassou-Nguesso.

Face à tout cela, Clément Miérassa pense, plutôt, que la préoccupation doit porter sur l’organisation de l’élection présidentielle de 2016. «A 734 jours de la fin du deuxième et ultime mandat du président Sassou-Nguesso, les Congolais devraient se préoccuper de la tenue, en 2016, d’une élection libre, démocratique et transparente».

S’agissant de l’affaire du 4 mars, Clément Miérassa s’est dit choqué de constater qu’il y a, encore, près de sept mille familles ayants droit qui n’ont toujours pas encore perçu les allocations d’urgence. «D’au-tant plus qu’en 2012, il y a eu un collectif budgétaire, pour prendre en compte tous les aspects liés à cette catastrophe, mais en plus, en tenant compte des déclarations du gouvernement, selon lesquelles, il y avait assez d’argent et que tout le monde serait payé», a indiqué le président du P.s.d.c qui reste dubitatif sur les déclarations selon lesquelles le Congo sera émergent en 2025.

Parlant du somment Etats-Unis/Afrique, le conférencier a souligné que celui-ci a permis de mettre en évidence l’existence de deux camps présidentiels en Afrique. «Celui de la jeune génération des présidents africains qui sont très respectueux des principes démocratiques, de l’état de droit, de l’alternance démocratique, de la limitation des mandats et une génération d’hommes se disant forts, qui s’accrochent au pouvoir et ne veulent pas le quitter, considérant qu’ils sont irremplaçables, indispensables, alors que leurs bilans, comme dans le cas du Congo, ne sont pas brillants», a-t-il fait savoir.

Cyr Armel YABBAT-NGO

Source La Semaine Africaine