Déclaration Solennelle de l'Alternative Congolaise pour une Transition d'Etat (ACTE)

Devant la nécessité impérieuse de continuer la lutte pour la restauration de la démocratie au Congo-Brazzaville, nous, citoyens de ce pays, natifs et/ou d’adoption, nous nous organisons autour d’une structure politique appelée Alternative Congolaise pour une Transition d’Etat, en abrégé ACTE.

L’ACTE comprend deux mots clés significatifs, Alternative et Transition, qui focalisent l’attention.

Premièrement le vocable Alternative. Pourquoi Alternative ?

L’Alternative est une rupture à la fois sur le dispositif institutionnel et sur la gouvernance du pays. Le dispositif institutionnel représente la base juridique et représentative de l’État. Ce dispositif nécessite d’être changé car le régime actuel, issu du coup d’État, use d’un texte constitutionnel non seulement émanant d’une volonté unilatérale, mais aussi inadapté à l’exercice et l’expression démocratique. Dans la Constitution qui régit le régime actuel, la légitimité est conçue à géométrie variable entre supposés élus de la république. La présidence y apparaît en une autorité au dessus de toutes les composantes institutionnelles et sociales. Ce texte favorise à n’en point douter une codification juridique de la tyrannie. Dans sa conception, le chef d’État décide de tout sans être responsable devant la représentation nationale. Le parlement ne peut l’interpeller. Un tel chef d’État est bien un tyran. Quel que soit l’homme qui l’incarne, aujourd’hui ou demain, cette architecture institutionnelle est un frein à l’expression démocratique dans le pays.

L’Alternative en terme de gouvernance apporte une gestion de l’espace socio économique, politique et culturelle favorable au développement de tous les secteurs d’activités et infrastructurels permettant aux congolais de retrouver la dignité, de vivre pleinement leur citoyenneté, de développer une identité nationale, et de ne plus se sentir dépaysés dans leur propre pays.

La double sémantique de l’Alternative sous-tend clairement que la question des ressources humaines reste primordiale pour réussir la rupture avec le système actuel. Le pays ne peut se refonder à partir d’une base juridique issue d’une forfaiture politique ni avec à la tête de l’État des personnes ayant contribué à sa faillite.

Ensuite le vocable Transition. Pourquoi Transition ?

L’ACTE préconise la transition étant entendu que, devant le désordre national engendré par le régime actuel, tout régime succédant à l’actuel devra effacer les traces de l’aventure militaire qui divise le pays dans les consciences et dans le traitement social. Deux options rendent possible la fin du régime actuel: la chute brutale ou l’alternance organisée. L’alternance est une continuité du fait accompli actuel en plus d’être une simple rotation des hommes au sein d’un même système. La chute brutale est une incertitude politique porteuse d’une évolution politique dépendante de la nature et de la qualité des acteurs. De même, une volonté unilatérale succédant à l’actuelle ne représente pas une solution à l’équation démocratique.

La transition préconisée par l’ACTE est un consensus objectif et rationnel débarrassé des revendications ethnocentriques et régionalistes. C’est un processus organique et fonctionnel débarrassé des références du passé putschiste qui permettra de doter le pays d’une norme et d’une identité respectables.

L’avènement de la démocratie a été un long combat sous le règne révolutionnaire qu’a connu le pays. La Conférence Nationale Souveraine de 1991 a donné naissance à celle-ci à un moment historique de la vie politique de notre pays. Mais les coups de buttoir contre la démocratie ont fini par ébranler l’édifice. Très tôt, la nécessité de défendre cette démocratie s’est imposée aux républicains de ce pays. La défense de la démocratie congolaise s’est illustrée une première fois par l’échec du coup d’État du général Jean-Marie Michel Mokoko en novembre 1992 contre le premier ministre de la transition. Ensuite, le régime présidentiel qui a suivi n’a pas su valoriser les acquis de la Conférence Nationale Souveraine. Finalement, le fondamentalisme ethno-tribal de monsieur Denis Sassou-Nguesso est venu ruiner les efforts de notre peuple. La défense de la démocratie s’est alors organisée autour de l’ERDDUN qui a représenté cet instrument de lutte pour préserver les acquis démocratiques de la Conférence Nationale Souveraine. Ce mouvement s’est enlisé pour des causes profondes endogènes et exogènes. L’opinion nationale et internationale ont eu une appréciation subjective des desseins de l’Espace Républicain. D’aucuns ont simplement piétiné les valeurs ayant motivé cette lutte pour y substituer l’argument d’une lutte menée uniquement pour faire le lit des leaders de l’époque. Au bout du compte, l’offensive clientéliste du régime putschiste et des lobbies ont aspiré les particules politiques pour des raisons individuelles diverses, tactiques ou stratégiques discutables.

Mais, la nature a horreur du vide. Le flambeau de l’ERDDUN, du moins l’idée véhiculée par ses précurseurs reste vivante et ancrée dans la conscience politique congolaise. La défense de la démocratie a changé de physionomie depuis l’aube du coup d’État. L’Alternative vient apporter une force et un élan nouveaux, persuadée qu’aucun dialogue ni qu’aucun scrutin n’a de sens s’il est organisé par le régime actuel ou si la finalité est la reconduction du régime issu de la forfaiture d’Octobre 1997.

« La dictature avance chaque fois que les hommes se taisent. »