Après le hold-up électoral aux présidentielles du 20 mars 2016 de Sassou Nguesso alias 8%, certains opposants politiques en mal de courage s’illustrent ces jours-ci par une énergie de la désillusion et entretiennent une idée paradoxale au sein de l’opinion nationale congolaise.
Lorsque je lis partout dans certaines officines de l’opposition, ce message « Départ de Mr 8% au 15 Aout 2016 » qui circule en boucle, je me demande si vraiment nous sommes sérieux. Le 27 Septembre 2015 lors du Grand meeting du peuple « rassemblé » au boulevard des armées, l’opposition a manqué son rendez-vous avec l’histoire. En effet, ce jour-là, le Congo était prêt pour le vrai changement. Le peuple était à l’unisson avec ceux qu’ils considéraient comme des leaders. La voie était tracée, il suffisait de l’emprunter. Mais c’était sans compter sur les vermines tapis dans l’ombre qui eux avaient un autre dessin pour le Congo.
Pendant que le peuple réclamait le changement, eux s’organisaient, chacun dans son coin, pour être le chef du Changement. Aussi, ils s’organisèrent minutieusement au dynamitage du FROCAD en premier. Puis ensuite à la projection des boules puantes sur l’IDC. Malgré l’association des deux plateformes, le virus était déjà bien dans le fruit. L’arrivée de Jean Marie MOKOKO à deux mois des élections du 20 Mars 2016 a fini par électriser cette opposition non pas dans le bon sens, mais dans la résurgence des doctrines et rancœurs enfouies depuis 18 ans.
Deuxième erreur de cette opposition disparate, elle se lance en ordre dispersée dans la bataille. Cinq candidatures face à un seul individu. Telle est la stratégie concoctée par cette opposition qui a su bien caché son jeu.
Pendant que les autres rechignent à se lancer dans ce qu’ils qualifiaient d’élection biaisée et perdue d’avance, nos cinq candidats, tout en rejetant les résultats du référendum, mènent une campagne acharnée pensant chacun dans son coin être le meilleur. Le soutien du peuple était présent tout au long de cette campagne et les résultats ont été à la hauteur des attentes de la majorité des Congolais.
Puisqu’ils ont su démontré aux yeux du monde qu’ils voulaient réellement le changement. Guy Brice Parfait KOLELAS et Jean Marie Michel MOKOKO sont les vainqueurs pour ce qui est de cette opposition.
Mais hélas, les leaders politiques de l’opposition avaient ignoré l’impulsion conservatrice du pouvoir de Sassou Nguesso qui n’entendait nullement voir l’effondrement de son régime sanguinaire et macabre. Pour pouvoir perpétuer son régime sassouïste, il entreprit un travail de sape et de désorganisation de l’opposition en amont et en aval des élections présidentielles, et en injectant la violence ethnique, le 04 avril, pour justifier la continuité de la rationalité de son pouvoir criminel.
Les leaders de l’IDC-FROCAD-J3M sans avoir prévu un plan « B », se sont enfermés dans un processus indécidable qui leur a ôté toute lucidité minimale.
Une fois de plus, le virus entame sans progression dans le contamination. La fourberie et les peaux de bananes deviennent les armes de cette opposition. Les rumeurs vont bon train et la recrudescence de jet des boules puantes réapparaît.
Tout ce que Parfait Kolelas pouvait dire ou faire était vite transformé en un soutien tacite du pouvoir vaincu. Le tout sous couvert, semble-t-il, des accords PCT–MCDDI signés entre le PCT et Bernard KOLELAS et ceux-ci seraient toujours d’actualités même avec le fils Guy Brice Parfait KOLELAS qui n’a pas pris auparavant le soin de les dénoncer pour les rendre caducs.
Or, Guy KOLELAS en adoptant cette attitude, jette un flou opaque devant la pertinence de ces accords. Sont-ils caduques ou non ?
Je conçois que beaucoup s’interrogent sur ce qui peut apparaître comme étant une duplicité. Guy Brice Parfait KOLELAS a le devoir de vérité envers le peuple et surtout ses militants. On ne peut pas servir le Diable et Dieu en même temps. Parfait Kolelas devrait savoir trancher avec cette polémique qui non seulement le discrédite mais le place en porte à faux devant tant de gens qui le soutiennent. Cela crédibilise également la thèse persistante selon laquelle le camp Parfait KOLELAS s’organiserait pour barrer la route au général MOKOKO parce que ce dernier est le seul à pouvoir l’empêcher d’arriver au pouvoir.
MOKOKO, selon moi est victime de sa propre impréparation. On ne se lance pas dans un combat politique aussi difficile avec autant de légèreté sans pour autant élaguer les tentacules qui te retiennent sur un arbre pourri. Connaissant SASSOU, il a fait preuve d’une grande naïveté pour se laisser piéger comme un soldat devant l’adversaire dont il n’ignorait pas les méthodes. Ainsi, l’affaire MOKOKO ne concerne pas Parfait KOLELAS. C’est une affaire entre les gens du Nord et ils le savent. Sassou Nguesso, tant qu’il sera vivant, il ne souhaite pas que l’ombre d’un ancien collaborateur « Mbochi» vienne perturber son leadership dans les départements du Nord. Détournez l’attention pour en faire un problème d’Etat est un leurre.
Ainsi, il finance méthodiquement, tous ceux qu’il considère comme des « faire-valoir » dans la partie Sud du Pays.
TSATY MABIALA, même s’il continue à « vociférer » ne peut s’en sortir de ce labyrinthe de soupçons accablants que par l’usage d’un discours vrai. Sa place dans cette opposition aujourd’hui est compromise. Au même titre que l’est la position prise par DZON, MOUKOUEKE et ITADI.
Je voudrais qu’on m’explique comment la nouvelle équipe du FROCAD-IDC –Composante Jean-Marie MOKOKO vont-ils arriver à rassembler tout ce beau monde qui s’évitent, se jettent des peaux de bananes pour créer un soulèvement populaire qui déclencherait la fin du mandat de Sassou dans 10 jours ?
Pensez-vous que MUNARI, seule, serait capable de mobiliser sans l’aide de l’UPADS ?
BOWAO, MIERRASA, KINFOUSSIA, OKOMBI… peuvent-ils drainer combien de personnes ?
Si KOLELAS et TSATY MABIALA sont exit de cette stratégie savante comment feriez-vous pour dynamiser le peuple ?
Toutes ces interrogations doivent être prises en compte avant d’envisager sérieusement une quelconque action sérieuse.
Le danger est plus que palpable. La question ne se pose plus en terme de faire partir SASSOU NGUESSO mais plutôt en terme de survie si jamais le printemps burkinabé atteignait les sphères congolaises ? Quand on sait, d’après nos sources, plus de 14.000 hommes armés ( presque autant que l’effectif des FAC), de la Garde Républicaine et de la Direction Générale de la Sécurité Publique sont mobilisés pour assurer la sécurité du 13-14-15 août 2016. A cela faudrait ajouter les mercenaires à la solde du pouvoir et la GRB, police privée de Jean François Ndengué, mieux équipée et rémunérée sont en renfort en cas de besoin.
Comptez-vous sur une armée nationale amorphe et mal équipée pour soutenir une action de résistance contre SASSOU ? Sommes-nous sérieux ?
Plus les années passent, plus les preuves enfouies dans les tiroirs remontent peu à peu à la surface. Ces preuves accablent une gouvernance engluée dans un système opaque qui entraîne tout un pays au déclin.
Comment allons-nous renverser le dictateur militaro-sanguinaire, le 15 Août, dès lors qu’il continue discrètement d’acheter des armes, notamment auprès de la société biélorusse d’armement BELTECH HOLDING par l’intermédiaire du franco-israélien Steve BOKHOBZA, un proche de l’homme de théâtre Guy ZILBERSTEIN qui s’est toujours présenté comme un penseur éclairé, expert en géostratégie et conseiller du président François HOLLANDE sur les questions africaines. Preuve que le vrai problème des Congolais, c’est bien SASSOU NGUESSO.
Quand la rente pétrolière contribue à embourgeoiser une frange de dirigeants et leurs progénitures, le progrès socio-économique du pays en souffre cruellement. La redistribution des richesses devient une utopie. La construction des infrastructures une réalité inadaptée à la politique du développement du pays. La prise en charge de l’éducation de la jeunesse soumise au critère dépourvue de tout sens de valeur. Décidément, le Congo ne cesse de se décliner dans la perversion socio-économique. Les indices des prix qui permettent de déterminer l’inflation sont souvent manipulés par les autorités politiques congolaises. Et les conséquences sont graves. Les populations, elles, vont de l’extension du chômage à l’exacerbation de la corruption, sans compter l’élargissement des disparités sociales.
Ne tombons pas dans le piège béant tendu par ce dernier qui voudrait que « seule une révolution le ferait partir ».
C’est un gouvernement et un système finissant et ne voudraient pas partir sans semer le chaos. Ne leur donnons pas cette possibilité. Notre peuple n’est pas de la chair à canon. Le pouvoir de Sassou est fini sans possibilité de récupération même dans un processus de recyclage avéré. Sassou et son système sont à la fin de leur règne désastreux. Il est temps de les pousser vers une sortie sans effusion de sang.
Le soulèvement pacifique de tout un peuple n’est pas à apparenter à une guerre entre congolais. Une opposition responsable doit savoir conscientiser la population à s’interroger aussi sur son avenir. Et cela ne peut se faire que si celle-ci est rassemblée et unie. Cela est encore possible
La fin du sassouïsme, sans doute, un sujet vu et revu, mais l’analyse faite par beaucoup de congolais diffèrent. Les partisans du « Ote-toi de là que je m’y mette » sont prêt à pousser le peuple congolais à la révolution en se gardant de ne pas y prendre part. Les autres analyses, celles à laquelle nous nous inscrivions, c’est d’inscrire la fin du sassouïsme dans une dynamique de réfondation de la nation congolaise en revalorisant ses valeurs intrinsèques. Le congolais doit avoir un regard social sur la vitalité du pays en apportant un diagnostic lucide: Le Congo souffre d’entêtement collectif primaire de vengeance aveugle. Rassemblons-nous pour résoudre ses avatars.
On ne lutte pas contre une dictature en semant la désillusion mais par des actes bien pensés. On ne doit pas mettre fin à la dictature de Sassou en osant un affrontement militaire mais par la confiance du peuple congolais avec un long plaidoyer sur le bilan catastrophique du tyran, c’est-à-dire sur le passé mais avec une vision, un élan, un cap fort sur les risques de la perpétuation de ce régime tribalo-militaro-sanguinaire.
Par : Jean-Claude BERI