Maison d’arrêt de MADINGOU
Par : KAUD (la semaine africaine)
La maison d’arrêt de Madingou, chef-lieu du département de la Bouenza, et de Mouyondzi sont dans un état piteux. Manque de subvention, pas d’infirmerie digne, des quartiers en état de délabrement avancé, des détenus non assistés juridiquement, pas de loisir pour les détenus…, elles se meurent sous l’impuissance des responsables pénitentiaires.
Depuis belle lurette, la maison d’arrêt de Madingou construite en 1948 avec une capacité de 36 détenus n’est plus que l’ombre d’elle-même. Compté parmi les maisons d’arrêt de l’Afrique Equatoriale Française (AEF), ce centre pénitentiaire est aujourd’hui dans un état de délabrement très avancé. Les conditions de vie sont très dégradantes, à l’image même des bâtiments. Des prévenus et les condamnés dorment à même le sol, des sanitaires impropres et dégageant des odeurs nauséabondes. Les détenus sont contraints de décortiquer des arachides moyennant une rémunération à la fin et vivent dans de mauvaises conditions. Pour ce qui est de la prescription en matière de détention, après avoir épuisé le délai, le procureur est obligé d’accorder une mise en liberté. D’autres prévenus, par contre, faute de moyen financier et même de cabinets d’avocat dans la contrée, ne sont pas assistés. Pour éviter la pléthore dans les cellules et des mauvaises conditions de détention, certains prévenus sont transférés à la maison d’arrêt et de correction de Dolisie. Tout récemment, 16 détenus ont réussi à prendre leurs jambes à leur cou pour disparaître dans les méandres de Madingou. Quelques-uns ont été rattrapés. Cette évasion d’un genre insolite n’est pas sans rappeler la première qui s’est produite à la maison d’arrêt de Madingou. Elles sont légion à cause de la vétusté des murs et des bâtiments qui ne garantissent aucune sécurité. Comme le malheur ne vient jamais seul, le bâtiment à étages qui abritait les bureaux du président du Tribunal de Grande Instance de Madingou, du procureur, du greffier en chef et des autres juges a été consumé par le feu qui a réduit en cendres les archives, les dossiers, l’outil informatique et tous les accessoires des bureaux de l’instance judiciaire. Du bâtiment, il ne reste que la salle des audiences située au rez-de-chaussée. Le bâtiment n’est toujours pas réhabilité malgré la municipalisation. Pour les audiences, le tribunal est obligé de squatter la salle de mariages de la mairie de Madingou. A Mouyondzi, la maison d’arrêt construite dans les années 30 avec une capacité de 100 détenus n’est plus subventionnée, elle se débrouille selon les moyens du bord. Pour se nourrir, on oblige les détenus à travailler dans les plantations des particuliers afin de trouver de quoi manger. Parfois, ils se cotisent ou exercent des travaux dans des plantations auprès de tiers moyennant une petite rémunération. Depuis près de deux ans, il n’y a pas de budget de fonctionnement. Des prévenus et les condamnés dorment à même le sol, des sanitaires impropres et dégageant des odeurs nauséabondes.
Dans ces deux localités, les sessions criminelles ne se tiennent presque pas, ce qui contraint les détenus à se rendre parfois à Dolisie, supportant eux-mêmes les frais de déplacement. «Il est arrivé qu’un des détenus se soit rendu tout seul à Dolisie pour assister à la session criminelle et après celle-ci, il est revenu sans problème. Sous d’autres cieux, il aurait pu s’enfuir, mais il est revenus continuer sa peine», raconte avec joie Martin Nkaya, régisseur de la maison d’arrêt de Mouyondzi.