Les résultats alarmants de l’enquête sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle menée, du 11 au 18 mai 2017, auprès d’une partie des déplacés du Pool, par le Ministère des affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité, le Ministère de la santé et de la population, le Système des Nations unies avec l’appui des O.n.gs comme Caritas, ont été rendus publics, vendredi 23 juin dernier, au Ministère en charge des affaires sociales, à Brazzaville.

Elle fait, suite à la crise du Pool qui enregistre, depuis une année, un mouvement massif des populations vers d’autres localités du département ou vers celles de Brazzaville et de la Bouenza. Pour continuer à assurer une assistance humanitaire d’urgence dans les six prochains mois, les Nations unies ont immédiatement besoin de 20.657.345 dollars américains (environ 11 milliards de francs Cfa).

L’enquête révèle que le nombre de personnes déplacées à cause des troubles dans le département du Pool a été multiplié par 6 en moins d’un an, passant de 12.986 personnes en juin 2016 à plus de 81.000 en 2017. C’est la ministre en charge des affaires sociales qui en a patronné la cérémonie en présence de son collègue de la communication et des médias, Thierry Moungalla, des membres du corps diplomatique avec à leur tête, la doyenne Marie-Charlotte Fayanga, les représentants des agences du système des Nations unies conduites par Anthony Boamah-Boemeng, des O.n.gs, la représentante de l’Union européenne Saskia De Lang, etc.

L’enquête a eu lieu dans des localités accessibles du Pool ayant accueilli des déplacés: Kinkala, Mbanza-Ndounga, Louingui, Boundzaka, Voungoula ainsi que dans les localités du Département de la Bouenza (Loutété, villages Moulélé et Sonel dans le District de Yamba). Elle présente des résultats alarmants, le taux de malnutrition aigüe global parmi les enfants déplacés de moins de 5 ans est de 17%. Ce taux dépasse le seuil d’urgence de 15% établi par l’O.m.s (Organisation mondiale de la santé). Parmi les déplacés accueillis dans le Département de la Bouenza qui n’ont pas encore reçu d’assistance humanitaire conséquente, ce taux atteint 20,4% contre 12.8% parmi les enfants déplacés du Département du Pool qui ont bénéficié d’assurance humanitaire quand bien même limitée.

Dans les zones non-accessibles et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une évaluation similaire, on peut craindre que la situation alimentaire et nutritionnelle soit encore plus difficile. Le nombre de personnes déplacées ne cesse de croître et leurs conditions de vie se dégradent davantage.

Les résultats montrent également que 51,3% des ménages déplacés dirigés par des hommes sont affectés par l’insécurité alimentaire contre 54,4% pour les ménages déplacés dirigés par des femmes. Les ménages déplacés font face à de grandes difficultés d’accès à la nourriture et aux besoins élémentaires de base de tous genres. Cette situation traduit un risque élevé de mortalité parmi les enfants qui doit être atténué par une assistance alimentaire et nutritionnelle urgente.

De cette enquête, il ressort aussi qu’il est nécessaire de mobiliser urgemment des ressources supplémentaires permettant de garantir une meilleure assistance humanitaire et sanitaire aux personnes déplacées. Pour continuer à fournir une assistance humanitaire d’urgence dans les six prochains mois, les Nations unies ont immédiatement besoin de 20.657.34 dollars américains. Cette aide permettra d’apporter une assistance alimentaire et nutritionnelle essentielle pour réduire la malnutrition chez les populations déplacées, dont le nombre est estimé actuellement à 24.404 dans le Pool, 28.535 dans la Bouenza et 20.080 à Brazzaville, de sauver des vies et d’éviter que la situation ne s’aggrave encore.

Selon les recommandations formulées par secteur, la situation alimentaire et nutritionnelle qui prévaut parmi les déplacés et les populations hôtes nécessite la mise en place d’un système de suivi pour la collecte et l’analyse des données sur les indicateurs nutritionnels, les prix sur les marchés et la sécurité alimentaire au niveau des ménages. Ce système doit être mis en place par le gouvernement avec l’appui du système des Nations unies. D’après la ministre Antoinette Dinga Dzondo, les déplacés du Pool et ceux installés dans la Bouenza feront bientôt l’objet d’une mission conjointe du gouvernement et des agences du système des Nations unies.

Alain-Patrick MASSAMBA

Source : La Semaine Africaine