L’État tue-t-il les ex travailleurs de l’ex ONPT à petit feu
Par Jean-Claude BERI.
« Nous ne réclamons pas l’assistanat, mais le respect de nos droits. »
Au lieu de s’acharner sur les fonctionnaires délaissés et privés de tout moyen pour faire correctement leur travail, le gouvernement devrait s’occuper de ce problème des anciens travailleurs de l’ex-Office national des postes et télécommunications (ONPT) privés de leurs pensions depuis près de 10 ans.
En effet près de 1200 anciens fonctionnaires de l’ex ONPT ont décidé de se prendre en main pour tenter de faire entendre raison à un gouvernement autiste, aveugle, incompétent et irresponsable. Ces sexagénaires, tous vivant dans des conditions déplorables, se relayent depuis des semaines dans un concert de vacarme en plein centre-ville. Sauf que ce concert improvisé des sexagénaires des postiers remerciés depuis plus de 10 ans est une révolte pour réclamer le respect de leurs droits et les paiements de leur pension de licenciement.
Ce qui se passe normalement dans d’autres pays où les droits des travailleurs sont respectés, au Congo de SASSOU, c’est à coup de vuvuzela, des bidons de fortunes, des barres de fer, des casseroles, etc qu’on oblige nos sexagénaires à se faire entendre.
Voilà près de neuf ans que l’Etat congolais s’est engagé à prendre en charge les indemnités et les paiements des pensions de ces anciens salariés de l’ex ONPT et à transmettre à la caisse Nationale de sécurité Sociale (CNSS) toutes les informations nécessaires en vue du traitement de leurs dossiers.
Si aujourd’hui, selon nos sources, ils sont 1200 , il est à noter qu’ils étaient 1500 au départ répertoriés par le collectif des anciens travailleurs de l’ex ONPPT. Abandonnés dans le dénuement le plus absolu, 293 sont morts et les autres dans des situations très handicapantes ne permettant pas leur déplacement a déclaré l’un des sexagénaires qui a préféré garder l’anonymat.
« Nous ne réclamons pas l’assistanat, mais le respect de nos droits. »
Nous ne cessons de le dire depuis une vingtaine d’années que si nous végétons encore dans les affres de la pauvreté et du sous-développement pendant que des pays, qui avaient le même niveau de développement que nous à l’époque des indépendances, sont aujourd’hui parmi les pays émergents, c’est bien parce que ce gouvernement clanique n’a ni la générosité, ni la vision, ni le courage de rompre les consensus et les pactes ethnico-politiques, religieux et sociaux profondément incapacitants, improductifs et rétrogrades. Ce que les anciens postiers, et autres travailleurs des régies publiques ainsi que l’ensemble des retraités du pays subissent présentement, doit amener plus d’un Congolais à une prise de conscience nationale.
Au Congo, tant que subsistera la prédominance ethnique ou tribale dans le choix des leaders politiques et économiques, nous ne sommes pas près de sortir de l’auberge.
Des générations de leaders clanique se sont succédées à la tête de l’ex ONPT, sans jamais servir, au vrai sens du terme. Elles se sont toutes servies et ont servi leurs proches, en entretenant un système de corruption, d’accaparement et de népotisme qui se nourrit de l’Etat et exclut le grand nombre des circuits de production et de distribution de la richesse nationale.
Comment peut – on expliquer à ces sexagénaires que près de 15 milliards de FCFA (plus de 22,8 millions d’euros), à cela il faut ajouter des créances de la mutuelle de ces anciens employés qui s‘élève à 580 millions de FCFA (plus de 884.000 euros) sont manquants dans la trésorerie pour régulariser leur situation. C’est impensable et odieusement irresponsable. Nous avions le désagréable sentiment que le gouvernement cherche à privilégier un traitement politique plutôt que judiciaire dans la traque des biens mal acquis et détournement de fonds publics. Toutes les institutions publiques et para-publiques sont en faillite : le système de santé congolais est inexistant, l’éducation est en faillite, le réseau routier est en faillite, la culture est déficitaire, tout ce qui a trait au gouvernement congolais est dans le trou financier. Pourquoi ????
Il y a lieu de constater que ce gouvernement étale chaque jour son incompétence et son désintéressement au besoin élémentaire du peuple et ne gouverne pas si ce n’est que traiter les magouilles financières et totalement personnelles. Ou encore moins un tas de mesurettes qui ne régleront rien parce qu’inefficaces. En plus, il faut souligner au passage l’impéritie de beaucoup d’entre eux au train de vie scandaleux payés par nos dividendes.
Les preuves sur le terrain témoignent que les consciences dirigeantes de ces derniers ne s’éveilleront pas. Ces membres du gouvernement, députés, sénateurs, collaborateurs et autres hauts fonctionnaires d’Etat ne renoueraient pas avec la morale ni encore moins avec le bon droit en abandonnant les abus, le népotisme, le favoritisme encore moins le clanisme. Si ce gouvernement est capable de regarder droit dans les yeux ces sexagénaires et détourner la tête sans aucun remords c’est qu’il n’y a plus rien d’humanité dans les cœurs de ces gens.
Nos anciens travailleurs méritent bien plus que le respect et non de la charité, ils devraient bénéficier de la reconnaissance du droit. La retraite est en effet le droit social par excellence que ce soit pour la classe ouvrière et, plus largement pour l’ensemble des travailleurs. Les travailleurs des deux nouvelles entités qui ont hérité de l’ex ONPT (Congo-Telecom et la Société des postes et d’épargne du Congo (SOPECO)) doivent se faire du souci.
Jean-Claude BERI