Que signifie cette notation ?
La notation CCC+ , de l’agence Standard & Poor’s , est l’une des notes financières les plus mauvaises pouvant être accordées à une obligation ou à un débiteur. Autrement dit les obligations du Congo en devises étrangères, notamment les Eurobonds ( Euro obligation )sont vulnérables et que la capacité du Congo à faire face à ses engagements financiers dépend des conditions favorables sur le plan commercial, économique et financier. Une raison sans doute d’inciter le Gouvernement à ne plus émettre des obligations en devises étrangères.
Quant à la note /C ou Caa1 de l’agence Moody’s signifie que les obligations du Congo sont spéculatives et , de piètre qualité. Elles sont sujettes à un risque de crédit élevé.
Rappelons au passage que cette notation CCC+/C est seulement à deux crans avant le défaut de paiement.
Le Congo est il aux portes de l’enfer ? Non. En effet, la notation CCC+ signifie aussi que les perspectives économiques, financières du Congo sont STABLES.
La véritable question est celle de savoir jusqu’à quand ces perspectives resteront Stables ?
Tant que la solvabilité du trésor public sera suffisante, les perspectives resteront stables. Or, pour que la solvabilité du trésor public demeure suffisante, cela va dépendre de la capacité du gouvernement congolais à retrouver les marges budgétaires.
D’où la seconde interrogation : le Gouvernement congolais peut il retrouver les marges budgétaires à partir de 2023? Ou dans les 3 ans à venir ( 2023-2026)?
Au regard de la LF 2023, et malgré l’excédent budgétaire prévu,le poids de l’amortissement de la dette reste trop important aussi bien en 2023 et pendant les 3 ans à venir. Autrement dit, le remboursement de la dette publique réduit drastiquement les marges budgétaires de l’Etat. Donc si le Gouvernement ne parvient pas à restructurer sa dette publique, le risque d’un défaut de paiement sera d’autant plus élevé.
Mais, une restructuration de la dette ne suffira pas. Il faudrait impérativement que le Gouvernement rentre dans un cycle de croissance économique créateur d’emplois et de richesses.
Il est plus qu’urgent de réduire de façon volontariste la dépendance du pays à l’égard du secteur pétrolier en raison même du risque prévisible d’un ralentissement des prix du baril et d’une croissance de la production du secteur pétrolier atone qui freineraient la croissance économique et par conséquent les soldes budgétaires et les soldes courants.
Pour preuve, avant la crise Covid-19, la production du secteur pétrolier congolais représentait environ 45 % de l’économie.
Elle devrait selon les prévisions du gouvernement remonter progressivement à 320.000 barils par jour d’ici 2026. Une progression inférieure aux 337.000 barils/jour de 2019. Et, en 2019, le Congo était en récession. Donc la progression de 320 000 barils/jours d’ici 2026 , ne garantit pas un cycle de croissance économique durable.
Si le Gouvernement veut retrouver des marges budgétaires il lui faut résoudre une équation à deux inconnus : restructurer la dette publique (1) , diversifier l’économie (2).
La restructuration de la dette publique ne dépend pas uniquement de la volonté du gouvernement. Elle dépend principalement de la capacité du Gouvernement à avoir la confiance de ses divers créanciers.
La diversification de l’économie dépend uniquement de la volonté du gouvernement.
Dans une équation à deux inconnus, les « matheux » vous diront , il suffit parfois de résoudre un inconnu pour résoudre l’équation.
La diversification de l’économie est donc l’inconnu à résoudre afin que le gouvernement retrouve des conditions favorables sur le plan commercial, économique et financier.
Si cette diversification n’est pas faite dans les 3 ans à venir , alors comme le rappelle l’agence S&P Ratings Global:
« Si le Congo-Brazzaville « bascule en enfer », il n’en sera pas à sa première expérience. Ce pays a fait défaut à deux reprises sur son euro-obligation en 2016 et en 2017.
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