ET SI NOS FRÈRES DU NORD S’AVOUAIENT INCAPABLES…
Prêtre Congolais
Le ras-le-bol avait atteint son sommet en 1995 lors du changement imposé de la constitution. Depuis lors, il est acquis pour bien de congolais du nord comme du sud que ce n’est que par les armes qu’il faut congédier l’imposteur-dictateur de notre République. Les multiples appels adressés aux militaires pour perpétrer un coup d’état le suggèrent. A tort ou à raison, beaucoup pensent que les militaires issus du nord paraissent mieux placés pour réussir un coup de force. Mais malgré les espoirs entretenus, il y a peu, sur l’imminence de cette action, force est de constater que celle-ci n’est jamais arrivée. Raison pour laquelle, l’hypothèse qui consiste à soutenir que nos frères du nord ne veulent pas déchoir leur parent dictateur est à relativiser. Une autre hypothèse, tirée du constat, est susceptible de mieux expliquer cette attitude : et si nos frères du nord s’avouaient incapables…
Le referendum du changement de la constitution en 2015.
Il semblait être entendu qu’il fallait empêcher ce referendum. Et l’action entrevue fut d’organiser un soulèvement populaire. Ce mouvement aurait dû voir une foule venue du nord et du sud de Brazzaville convergée vers le Centre-ville. Mais, nous savons que du côté sud, ce mouvement eut lieu, à la tête duquel se trouvait l’opposant Paulin Makaya. Alors que du côté nord, les vidéos montraient quelques remous ici et là, visiblement étouffés par la police, avec des victimes, certaines insoutenables. Par contre, aucun opposant de premier plan de ce côté-là, trahissant quelque chose comme un manque d’organisation voire de détermination. Pourtant, bien au-delà, ce manquement n’arrêtait d’interroger : pourquoi nos frères et sœurs du nord de Brazzaville n’ont pas suivi le mot d’ordre, si on peut le considérer comme tel ? Le dispositif policier ayant été mis en place pour empêcher tout rassemblement et réprimer la contestation suffisait-il à justifier l’absence de soulèvement ?
Il y a déjà eu des manifestations de désobéissance dans ce pays et beaucoup y ont laissé leur vie. Je ne fais pas allusion à la guerre du 5 juin ayant opposé les cocoyes, appuyés tardivement et timidement par les ninjas, et les cobras.
La guerre du 5 juin 1997.
Cette guerre s’est soldée par la victoire des cobras. De quoi prétendre que nos frères du nord ont montré qu’ils étaient capables de remporter un conflit. On aurait bien voulu y croire. Mais l’histoire sape cette prétention et même nous met en demeure de ne pas y prêter foi. Car, nous savons tous que sans l’appui de l’armée angolaise, cette victoire dont se prévalent les cobras n’aurait jamais été acquise.
Cette intervention angolaise fut la condition sine qua non et suffisante de cette victoire. Et pourtant, les cobras auraient pu se passer de cette intervention, étant donné l’appui logistique de la France et du financement de Total dont ils étaient pourvus. Souvenons-nous des armes découvertes enterrées à l’Aéroport Maya-Maya après le départ de l’armée française venue récupérer leurs ressortissants. Cette nuit-là, les cobras ont attaqué ce site pour récupérer les armes en vain. Le lendemain, le pot-aux-roses fut découvert et reporté aux médias. Tout portait à croire qu’ils avaient les moyens de leur action et qu’ils s’y étaient préparés depuis des mois.
Certains militaires du peloton missionné pour arrêter le prévenu Sassou chez lui ont témoigné qu’ils ont été confrontés à des individus surarmés. Les cobras disposaient d’une artillerie lourde. Mais malgré tout, ils n’ont pu venir à bout d’une armée « régulière » complètement désorganisée et problématique. Cette armée désintégrée à ce moment-là fut suppléée voire remplacée par les cocoyes. Et un peu avant l’intervention des angolais, les cocoyes étaient en passe de reprendre du terrain aux cobras, visiblement dans la débandade. Et c’est dans cette situation que l’armée angolaise débarqua pour mettre en déroute les cocoyes et le reste de l’armée congolaise.
N’eût été donc cette armée étrangère, les cobras n’auraient jamais pillé le sud de Brazzaville. Cette victoire ne fut pas la leur si l’on veut être rigoureux, mais celle de l’armée angolaise. Alors, de quoi sont capables nos frères du nord ?
Des menaces sans lendemain…
Concernant le colonel Ntsourou et le général Adoua, nous avions, en son temps, entendu leurs partisans promettre l’hécatombe en cas de décès de ces derniers. Et, à titre de rappel, le premier fut incarcéré et le second empoisonné par le pouvoir de Brazzaville. Les défenseurs de ces infortunés semblaient par cette promesse défier le pouvoir et projeter un coup de force pour le faire tomber. Hélas, ce n’était que de la fumée. Ces deux militaires sont sous terre aujourd’hui, et nous attendons toujours la réaction de leurs partisans.
Il n’y a pas très longtemps, des audios laissaient entendre l’imminence d’une action militaire contre le pouvoir de Brazzaville. Pour en manifester le sérieux, non seulement des dates furent indiquées, mais encore la population fut priée de se terrer, chacun chez soi, le jour j. A en croire le Porte-parole, locuteur de ces audios, tout était fin-prêt pour prendre d’assaut Brazzaville et ce n’était qu’une question de temps et de mot d’ordre. Ce Porte-parole ne faisait pas mystère de l’appartenance territoriale des éléments de cette sorte de rébellion : ils sont du nord.
Résultat de ce tintamarre : nul, rien de concret. Ce n’est nullement une injure que de dire que nos frères du nord sont des incapables et ce, comparativement aux gens du Pool. Si ces derniers disposaient de la même artillerie qu’eux, Sassou aurait été chassé depuis longtemps. Sassou a compris que ces congénères sont des poltrons, des froussards et des trouillards, au point de les sous-estimer voire de les asservir. Il redoute plutôt le Pool avec sa témérité dont la résistance et la défiance vis-à-vis des pouvoirs autoritaires ne sont plus à démontrer. Sans risque de me tromper, j’argue que nos compatriotes du nord attendent que le salut du Congo vienne du sud, particulièrement du Pool.
Prêtre Congolais
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