Le ministre-menteur BOWAO, les généraux NDOLOU, MONDJO, DABIRA et cohorte ont comparu au Tribunal
Jeudi 23 août 2012 au Palais de justice de Brazzaville, le Doyen des juges d’instruction du Tribunal de grande instance, OKO-NGAKALA, a auditionné et confronté plusieurs personnes suspectes dans l’Affaire des explosions des munitions survenues le 4 mars dernier à l’ECRAMU (Mpila), dans la capitale congolaise. Parmi ces suspects se trouvaient le général Charles Richard MONDJO, chef d’Etat–Major Général (CEMG) des Forces Armées Congolaises (FAC), le général Norbert DABIRA, inspecteur général des FAC, l’ancien ministre délégué à la Défense, Yvon NDOLOU, et le ministre-menteur Charles Zacharie BOWAO, délégué à la Défense nationale.
L’on se souviendra, au passage, que M. BOWAO avait induit en erreur, le jour du drame, non seulement le Commandant suprême des FAC, ministre de la Défense nationale et président de la République, Denis SASSOU NGUESSO, mais aussi le peuple congolais tout entier, pour avoir minimisé le nombre de morts, en indiquant qu’ils n’étaient que « 4 » au lieu de plus de 200 !!!
Ce jour–là, l’indignation était à son comble, au point que la nation tout entière avait réclamé sa démission immédiate du gouvernement, question de « l’éloigner de l’entourage du Chef de l’Etat où il fait ombrage », selon plusieurs observateurs.
Pour revenir à la journée du 23 août 2012, signalons qu’un fait curieux a été observé au Palais de justice. En effet, pendant que tout le monde avait aperçu les personnes interpellées dans le hall où elles attendaient d’être reçues dans le bureau du Doyen des juges, Charles Zacharie BOWAO n’était pas visible. Il était introuvable. « Mais, où est –il passé ? », s’est interrogé le public.
Vérification faite, le ministre–menteur s’était terré dans le bureau des substituts du Procureur de la République (porte 16). Et il avait pris le soin de laisser surveiller l’entrée par ses gardes du corps. Comme s’il se trouvait dans son cabinet ministériel !
Et, du coup, les gardes du corps du fameux ministre délégué à la Défense nationale ont bloqué le passage aux usagers et autres visiteurs qui voulaient rencontrer les substituts du Procureur.
Cet excès de zèle, logiquement blâmable, est à mettre au passif du ministre – menteur et de ses lieutenants.
Chacun a fait sa déposition, mais les vrais responsables sont libres, à commencer par M. SASSOU NGUESSO
Lorsqu’est venu le temps de l’audition au bureau du Doyen des juges d’instruction, chaque personne concernée a fait sa déposition.
Pour le général DABIRA, par exemple, l’on se souviendra que bien avant le 4 mars 2012, il avait dressé son Rapport en attirant l’attention de sa hiérarchie sur le fait que les casernes étaient devenues vétustes, que les munitions et armes étaient mal entreposées, etc., et en suggérant leur déplacement hors de la ville.
L’on se souviendra aussi que le président de la République, Denis SASSOU NGUESSO, avait laissé entendre, le jour du drame, que « l’ordre de délocaliser les casernes militaires avait été donné depuis deux ans et demi (soit depuis mi-2009) ; que le financement pour la construction de nouvelles casernes avait été débloqué ; que les entreprises chargées de les construire étaient identifiées ; que les sites devant accueillir ces nouvelles casernes avaient été choisis et que cette construction allait commencer en 2012 ».
Mais, plusieurs observateurs de la scène politique congolaise depuis la survenue du drame de Mpila, pensent que le président de la République dit une chose et son contraire, ou n’est pas convaincant dans ses déclarations ou dans son justificatif.
La preuve ? Son ministre des Finances, du budget et du portefeuille public, Gilbert ONDONGO, l’a contredit devant le Parlement, en affirmant que dans aucun budget de l’Etat depuis 2009, il ne figure une ligne correspondant à la construction de nouvelles casernes militaires ! Et puis, le démenti du ministre a été soutenu par Clément MIERASSA, président du Parti social-démocrate congolais (PSDC), membre du Front des partis de l’Opposition congolaise (FPOC), au cours d’une récente conférence de presse.
De qui se moque-t-on ?
Du peuple souverain, bien sûr ! Mais le peuple n’en est pas dupe. Il a plutôt le sens du discernement. Pour établir les responsabilités des uns et des autres, le peuple ne passe pas par quatre chemins pour demander des réponses à ces quelques questions :
– Où est passé cet argent dont parle M. SASSOU NGUESSO, puisqu’il ne se trouve pas au Trésor public d’après le ministre ONDONGO ?
– S’il ne se trouve pas au Trésor, pourquoi ne le chercherait-on pas auprès de M. Jean Jacques BOUYA, ministre délégué général aux Grands Travaux, lui qui est compétent pour faire exécuter les marchés publics (comme les casernes militaires) dépassant 500 millions de FCFA ?
– Pourquoi le chef de l’Etat entretient-il un flou artistique autour du drame du 4 mars 2012 en évoquant le thèse d’un « complot » contre son régime, fomenté par quelques personnalités hostiles, alors que les auteurs du drame de Mpila sont connus ?
La chaîne des responsabilités
De l’avis du peuple, ces auteurs sont :
– Le président de la République, qui a ordonné l’achat de ces armes et n’a pas suivi l’application de ses propres instructions depuis 2009 ;
– Les personnes qui sont allées acheter ces armes et qui sont venues les entreposer à des endroits inappropriés. Notons, à ce sujet, que ces armes cohabitaient avec des engins appartenant aux entreprises de construction (comme SGE-C) qui utilisent de la dynamite pour concasser les pierres ;
– Les hommes chargés de gérer les casernes militaires ;
– Les spécialistes en armements, qui n’ont pas indiqué les précautions à prendre lorsqu’il s’agit de conserver des armes selon qu’elles sont vieilles ou neuves ;
– Le CEMG que l’on veut disculper certainement au nom du principe « les loups qui ne se bouffent pas entre eux » (entendez par là, le juge et les suspects membres d’une même loge maçonnique).
Voici aujourd’hui cinq mois passés depuis la tragédie de Mpila. Et l’on en est encore à l’étape de l’instruction qui a tout l’air d’être une diversion. D’aucuns se demandent si le procès tant attendu sur les responsables des explosions du 4 mars ne va pas déboucher sur une parodie…
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Pendant que la grogne gagne les rangs des victimes du drame du 4 mars 2012, le général MOIGNY s’enferme dans son bureau
« Tous les cas se valent, le gouvernement traîne trop. Si rien n’est fait dans un délai raisonnable, nous prendrons d’autres dispositions. Au revoir les législatives, Adieu le 52ème anniversaire de l’indépendance de la République, revenons donc à nos moutons », dixit une victime en colère.
Depuis le 4 mars 2012 à ce jour, cinq mois se sont déjà écoulés, sans qu’aucun contact prometteur ne soit établi entre les familles sinistrées et le comité de crise commis à la gestion des situations nées du drame de Mpila. L’ultime contact date depuis les obsèques des personnes décédées au cours de cette tragédie.
Le gouvernement peut se targuer d’avoir octroyé l’aide d’urgence qui, malheureusement à peine lancée, a vécu le temps d’un feu de paille, avec toutes les difficultés auxquelles ce processus a été confronté. C’est un secret de polichinelle. La nonchalance du gouvernement doublée de l’incivisme et de la cupidité des agents du ministère des finances, qui, pour assouvir leurs appétits égoïstes – disons-le sans sourciller – ont privilégié les pseudo-sinistrés au détriment des vrais, qui, depuis, vivotent encore sur le pavé.
Une jeune fille, la trentaine révolue, mère de deux enfants à sa charge et vendeuse au marché Ouenzé jusqu’au 4 mars 2012, amputée du pied gauche à hauteur de la cuisse, se dit indignée par l’attitude du gouvernement et de son chef SASSOU NGUESSO. En effet, devenue inapte par la faute de ce gouvernement incapable d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, cette dame n’a reçu ni la fameuse allocation d’urgence de trois millions de francs CFA, ni l’aide des services sociaux, constituée d’un modique sac de riz de cinq kilogrammes et de quelques boîtes de tomate. Qui alors assurera sa pitance et celle de ses enfants ?
C’est à ce titre, qu’un comité informel, représentatif des mutilés, a improvisé une visite le jeudi 2 août 2012 à Brazzaville, au bureau du général MOIGNY, officier supérieur, responsable de la sécurité des sites des sinistrés pour aborder la question relative à leur prise en charge. Mais ce dernier s’est terré, comme un gamin, dans son luxueux bureau, esquivant les visiteurs en quête à la fois de la bonne information les concernant et de la suite donnée à cette crise.
Cette attitude que l’on pourrait qualifier de démissionnaire, sans être taxé de défenseur aveugle, n’est-elle pas une injure de la République aux sinistrés de la tragédie de Mpila ? Sinon, comment comprendre que le général MOIGNY puisse se comporter de cette manière, lui qui a bénéficié de la confiance du chef suprême des armées de notre pays, pour gérer une crise sans précédent ayant endeuillé plus de deux cent familles congolaises ? Cette catastrophe, rappelons-le, a laissé derrière elle des orphelins, des veuves, des mutilés à vie. Le refus de général MOIGNY de recevoir ces sinistrés n’est-il pas un affront ? Alors que certaines fondations telles que Congo-Assistance s’attèlent à résoudre, tant soit peu, ces cas extrêmes aux côtés d’autres organismes caritatifs, la cadence ne semble pas être relayée par certaines personnalités, à l’image du général MOIGNY qui, après avoir fait la cuisine au beurre avec des primes perçues, dit-on, ne veulent plus rien entendre, encore moins communiquer avec les sinistrés.
Elles ignorent l’importance du dialogue, véritable antidote de la rumeur. Il faut peut-être rappeler au général MOIGNY que la communication est une arme sûre pour combattre l’intox et la manipulation. Le mutisme dont a fait montre ce général, faucon du régime SASSOU, avant la célébration à Kinkala dans le Pool du 52ème anniversaire de l’indépendance du Congo, constitue une véritable raillerie à l’égard de ces personnes meurtries par ce drame.
Deux d’entre elles ont rappelé : « Si rien n’est fait dans un délai bref, nous prendront des contacts avec d’autres ONG des droits de l’homme à l’étranger, qui porteront plainte à notre profit contre l’Etat congolais, responsable présumé de notre situation. Comme notre justice pue, nous irons ailleurs ».
N’est-ce pas là, après les affaires aux nombreux rebondissements comme les disparus du Beach et les biens mal acquis, une autre épine dans le pied de SASSOU NGUESSO ? Visiblement, les nuages s’amoncellent au-dessus du toit du palais présidentiel du plateau
Par Ghys Fortuné DOMBE BEMBA (Talassa)