Figure de proue de la fédération de l’opposition congolaise, Claudine Munari, présidente du MUST, est sortie de sa réserve, en animant le vendredi 1er septembre une conférence de presse à l’hôtel Bold, à Brazzaville. Pour passer au vitriol la situation, selon elle, dramatique au Congo au triple plan politique, économique et social. Sans faire de propositions concrètes pour sortir le pays du marasme économique dans lequel il est plongé, l’oratrice n’y est pas allée par quatre chemins pour fustiger la nouvelle équipe gouvernementale. «On prend les mêmes et on continue, comme pour être sûr de perpétuer l’inefficacité de l’exécutif», a-t-elle dit.
Très détendue mais intransigeante, elle a soutenu que le pays était en état de siège et le département du Pool en état d’urgence. «La guerre du Pool est un acte de haute trahison. Elle porte atteinte à la solidarité et à la cohésion républicaine», a fait savoir Claudine Munari, qui regrette que l’allocution du président de la République, le 14 août dernier, n’ait pas mentionné la mémoire des morts civils de cette crise qui a occasionné autant de déplacés. Sur le plan économique, la présidente du MUST a peint un tableau apocalyptique de l’économie congolaise qui a engrangé des excédents budgétaires mais qui, malgré une embellie financière exceptionnelle, n’a pas su tirer profit de cette manne. «Le pays va mal aujourd’hui…Les choix hasardeux et la nature des politiques publiques mises en œuvre dans l’euphorie financière n’ont permis aucune amorce de diversification de l’économie nationale», a soutenu Claudine Munari qui pense que l’avenir du Congo est incertain aujourd’hui. Selon elle, «la gestion financière a été opaque. L’argent du Congo a été confisqué et placé dans les paradis fiscaux. Les effets de la chute des cours du pétrole auraient pu être maîtrisés grâce à une gestion rationnelle des excédents budgétaires. Mais, la gestion financière généralisée, l’impunité, l’incivisme, la cupidité et l’incompétence ont sacrifié l’intérêt général du pays sur l’autel des intérêts privés», a-t-elle indiqué. Si tel n’était pas le cas, «comment a-t-on pu atteindre une dette extérieure avoisinant aujourd’hui 120% du PIB ?». Pour elle, «le Fonds pour les générations futures maintes fois évoqué comme la panacée contre les aléas des cycles économiques n’est plus mentionné par personne. Aucun organe de contrôle, du Parlement à la Cour des comptes et de discipline budgétaire, ne fait état de ce que sont devenus les milliers de milliards versés dans ce fonds». Pourtant, «on prend les mêmes et on continue comme pour être sûr de perpétuer l’inefficacité de l’exécutif. Comment ceux qui n’ont pas su gérer le pays pendant l’abondance sauront-ils, dans la pénurie, le sortir du chaos dans lequel ils l’ont plongé ?», a fait remarquer la présidente de la Fédération de l’opposition congolaise, en parlant de la nouvelle équipe gouvernementale. Quant au social, Claudine Munari n’a pas fait de cadeau au pouvoir. «Les retraités sont à sept mois sans pension. Les fonctionnaires payés en numéraires cumulent deux à quatre mois de retard de salaires. Les agents de l’Université Marien Ngouabi sont à trois mois sans salaires et ceux du CHU à deux mois. Les étudiants et stagiaires congolais ici ou là sont privés de bourses et de droits d’inscription. Des centaines de travailleurs sont abusivement licenciés depuis 2014», a-t-elle dénoncé.
Cyr Armel
YABBAT-NGO
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