FORUM NATIONAL ALTERNATIF : DISCOURS du Pdt René Serge Blanchard OBA

Allocution du président de la Commission Préparatoire à la cérémonie d’ouverture du Forum National Alternatif de l’Opposition Congolaise.

Mesdames et Messieurs

La tenue de cet alter dialogue traduit notre droit démocratique à exprimer la façon dont notre pays est géré.

Année après année, un certain relâchement s’est institué dans l’observation des principes et des règles de l’art de gouverner.

Peu à peu, la gestion des finances publiques a viré vers la privatisation de ce pays par une caste de possédants qui ne sont pas des capitaines d’industries, mais des fonctionnaires dont l’audace des réalisations choquent énormément.

Un système s’est installé, a érigé ses propres codes, s’est placé hors d’atteinte du droit pour profiter d’une impunité qui nargue notre peuple sévèrement paupérisée devenu un simple spectateur de sa propre histoire.

Des fortunes immenses ont germé ex nihilo devant une dégradation de la vie sociale de l’habitant.

Pendant ce temps, l’eau, l’électricité et la santé demeurent des préoccupations récurrentes jamais satisfaites.

Que dire de notre jeunesse complètement placées dans les serres d’un chômage endémique qui, comme une lèpre, l’absorbe complètement.

Ce Congo décalé qui présente des nouveaux nababs chaque jour, fait les délices des musiciens de Kinshasa qui ont trouvé là, un film intarissable en chantant les louanges de ces beaux messieurs très sensibles au genre.

Plus va le temps, plus la dérive quitte la dimension du petit cours d’eau pour devenir un océan.

Pris par le vertige de tous les crans qu’il dépasse, le système est devenu sourd à tout.

Le nez dans le guidon, il fonce droit devant lui et ne discerne plus rien ; sa boulimie l’emporte.

Si le 21ème siècle pari sur le progrès des sociétés, au Congo le peuple voit ses conditions se délitées chaque jour d’avantage.

Cela se passe en 2015 dans un pays gorgé de pétrole et sous peuplé, ou tous les bonheurs devraient être permis, mais où l’on souffre comme dans un bagne.

Ne le demandez pas à ceux qui ont perdu le pouvoir en 1997, ils marchent à l’ombre de la richesse nationale sans être concernés.

Tout ceci parce que la réconciliation nationale pour refonder le pays ne s’est jamais réalisée.

On a pourtant crée des institutions pour aider à cette réconciliation, mais elles ont quitté leur objectif pour devenir des structures permanentes qui pompent l’argent de l’Etat pour rien.

Pire, ce n’est plus qu’un argument de propagande. La propagande, première industrie dans notre pays parce que survivances du « mono » utilisée pour maquiller tous les échecs successifs d’un pouvoir qui oppose la réalisation de quelques aéroports et quelques kilomètres de routes plus des éléphants blancs comme IMBOULOU à la misère grave du peuple, voilà la toile de fond du constat.

Qui est heureux dans ce pays ? Les fonctionnaires ? Les opérateurs économiques essoufflés par le non-paiement de la dette intérieur ? La jeunesse ? Pas d’équipements sportifs ?

Que font nos enfants pendant les vacances ? A l’époque il y’avait au moins les colonies de vacances ?

Que dire de la démocratie et du droit ?

Une indication sur la démocratie : l’opposition n’a pas le droit de citer sur les médias d’Etat, ne peut plus tenir de meetings ou réunions dans les salles publiques à l’instar de notre de notre Forum actuel dans tous les cas nous sommes chez nous.

Et le droit ?

Chacun dans notre vécu voit très bien que c’est devenu une notion étrangère.

On bassine le peuple avec des discours sur la paix et quand celui-ci à travers les partis politiques entreprend de vouloir comprendre où l’on va avec cette dérive sans fin, l’on dit que les armes risquent de sortir. Mais quelles armes ? Le peuple pacifique n’en a pas et le président est l’apôtre de la paix pour laquelle il se dépense sans compter en Centrafrique.

Le système essaie de contraindre le Président à changer de constitution. Un homme qui a fait tant d’année au pouvoir s’est réalisé. Il a côtoyé les grands de ce monde, il a fait pour son pays ce qu’il pouvait faire et pour ceux qui le connaissent bien, il serait acquit à l’idée d’une alternance qui l’habille en démocrate.

Aura-t-il la force et la solidité d’être grand en allant dans le sens de l’histoire ? C’est sa responsabilité.

Celle du peuple congolais c’est le devoir d’inventaire et le respect sans faille d’une constitution qui a garanti la sécurité des congolais jusqu’ici.

C’est de cela qu’il s’est toujours agit tout le temps que l’on a demandé les états généraux et le dialogue sans exclusif.

Un pouvoir qui se targue d’avoir des résultats aurait été heureux d’aller vers les états généraux, rien n’y fait.

S’agissant du dialogue, si le Président a admis la pertinence d’une telle chose, le système a créé une bifurcation. Au lieu de voir le génie national jaillir et la sagesse nationale l’accompagner, on a créé Sibiti.

Nous aurions pu mener une campagne contre Sibiti, stigmatiser cette mauvaise subtilité, mais que valent les invectives et la querelle là ou pour sortir de la difficulté, la hauteur de vue s’impose.

C’est ainsi que nous avons entendu Sibiti comme l’expression des partisans du OUI au changement de la constitution, auxquels nous opposons notre différence aujourd’hui.

Fort de ces deux tonalités, le Président de la République aura une grille plus complète des sentiments qui montent du pays.

A partir de là, l‘idée d’un vrai dialogue sans exclusive tenue dans le sens de la mesure et de la responsabilité pourra être défendu par lui.

Notre alter dialogue ne montera pas de potence de mon point de vue et celui de tous, c’est une contribution responsable qui révèle la détermination du pays à retrouver le droit et ça, ça ne devrait pas être négociable.

Je vous remercie.

René Serge Blanchard OBA