FORUM NATIONAL ALTERNATIF : PROPOS INTRODUCTIF DU PRESIDENT GUY ROMAIN KINFOUSSIA

Mesdames et messieurs les Présidents des Partis et/ou groupements politiques, des plateformes et mouvements citoyens engagés dans la lutte pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique en 2016,

Mesdames et messieurs les individualités,

Mesdames et messieurs les Délégués au Forum National Alternatif,

Camarades et chers amis,

Les Dirigeants des Forces Politiques et Sociales opposées au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 qui sont favorables à une alternance démocratique et paisible au Congo en 2016, m’ont fait l’insigne honneur, en ma modeste qualité de Doyen d’âge de procéder au lancement des présentes assises, et de vous adresser les très vives salutations de toutes les forces vives de notre pays ayant été à la base du présent évènement qui marquera de façon indélébile l’histoire politique de notre pays.

Mesdames et messieurs,

Le peuple congolais est, en ces moments, dans une phase politique et historique importante qui lui offre de nombreuses possibilités libératrices.

Aujourd’hui, le combat politique au Congo est le combat pour l’alternance démocratique. Ce combat oppose deux camps.

D’un côté, les conservateurs qui veulent le pouvoir pour eux-mêmes, qui n’ont cessé de profiter des richesses nationales et qui bénéficient des rentes de protection de toute nature. De l’autre, les forces de progrès qui militent pour le NON au changement de Constitution, pour les élections libres, transparentes et crédibles et pour l’alternance démocratique en 2016.

Des composantes de la majorité présidentielle, habitées par l’esprit de la République et de la Nation, ont rejoint ce second camp, devenu un mouvement salutaire pour le pays. Je tiens à les saluer en votre nom.

C’est dire que l’élément nouveau et structurant dans le pays, au plan politique, est le rassemblement élargi et ouvert des forces de progrès et de modernisation autour de la question majeure de l’alternance démocratique en 2016. Ce rassemblement contribue à fonder le socle patriotique et national de la gouvernance alternative et républicaine de l’après Sassou-Nguesso.

Il se passe quelque chose au Congo qu’exprime la prise de conscience des populations sur la nature véritable du régime du président Sassou-Nguesso. L’exaspération est profonde traduisant un désir ardent et inéluctable de changement, le peuple congolais étant décidé à reprendre en mains son destin.

Au moment où, Nous, Forces politiques et sociales congolaises, nous nous réunissons, ce dimanche 26 juillet 2015, à Brazzaville au siège de l’UPADS, tous les maux relevés à la Conférence Nationale Souveraine de 1991 sont encore vivaces dans le pays en dépit des revenus financiers colossaux générés par les recettes pétrolières et les autres ressources du pays.

Les nobles idéaux de la Conférence Nationale Souveraine qui reposent sur les principes d’unité nationale, de paix, de démocratie, de liberté, de justice, d’humanité, de répartition équitable de richesses nationales, de dialogue constructif et d’alternance démocratique ne sont pas toujours atteints.

La pratique gouvernementale du président Sassou-Nguesso continue de plonger le Congo dans une grave crise qui a détruit la confiance entre ses dirigeants et la société congolaise. Le lien organique et politique entre celle-ci et le pouvoir est totalement rompu.

De cette situation chaotique, le pouvoir se rétrécit en peau de chagrin, n’ayant plus le contrôle effectif du pays et sans capacité politique d’asseoir la concorde et l’unité nationales.

Avec le président Sassou-Nguesso, le Congo n’est plus en phase avec le fonctionnement normatif des Etats modernes. Le Congo régresse. Il n’a pas atteint les OMD en cette année 2015 finissante. Il tourne le dos aux valeurs de la République, de la démocratie et de l’humanisme.

Le président Sassou-Nguesso n’offre plus d’autre alternative en dehors de la conservation du pouvoir. D’où son intention suicidaire de changer de Constitution pour s’octroyer un troisième mandat illégal alors que la Constitution du 20 janvier 2002 le lui interdit formellement.

Le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 est un coup d’Etat Constitutionnel parce qu’en rupture avec l’esprit, les principes et le respect de ladite Constitution.

Le NON radical à ce changement et à un illégal référendum sur une nouvelle Constitution doit sans cesse résonner en dénonciation à ce Coup d’Etat constitutionnel. Des militants dissidents du PCT parlent même d’une escroquerie politique et prévoient une fin tragique d’une telle problématique au cas où elle serait matérialisée.

Par cette Constitution, en son titre XVIII et aux articles 185, 186 et 187, il est fixé les conditions dans lesquelles elle peut être révisée. L’article 185, alinéa 3, dispose que la forme républicaine, le caractère laïc de l’Etat, le nombre de mandats du président de la République ne peuvent faire l’objet de révision.

L’article 57 énonce par ailleurs que le président de la République est élu pour 7 ans au suffrage universel direct. Il est rééligible une fois. Le deuxième mandat du président Sassou-Nguesso s’achevant en aout 2016, il n’a plus légalement le droit d’en briguer un autre.

Ainsi la Constitution congolaise a prévu l’alternance en 2016 en posant le principe de la durée de l’exercice présidentiel à deux mandats de 7 ans non renouvelables. C’est un progrès démocratique que le peuple doit à tout prix défendre.

La crise qui tient le Congo dans l’impuissance est une crise de direction politique et morale, de modèle de gouvernance et des valeurs sous-jacentes à ce modèle. En aucun cas, ce n’est une crise institutionnelle.

Du fait de l’incapacité organique du pouvoir à juguler cette crise, se dessine une fracture politique et sociale entre ce pouvoir et le peuple congolais. D’où l’intérêt d’une riposte par les forces démocratiques et patriotiques pour sauver la Nation des tendances qui voudraient la détruire.

La riposte en question, c’est d’abord de contraindre par le rassemblement populaire, assumé et déterminé, en expression dans le pays, le pouvoir à s’aligner sur la problématique du Congo.

Cette problématique procède :

1. du respect scrupuleux de la Constitution du 20 janvier 2002

2. de la fin du mandat constitutionnel du président Sassou-Nguesso en aout 2016

3. de la maitrise des instances, des procédures et des textes qui doivent désormais encadrer le processus électoral national.

4. de la pacification de la succession du pouvoir du président Sassou-Nguesso, succession qui passe par l’organisation d’élections démocratiques, libres et transparentes du nouveau président de la République, successeur légal de Mr Sassou-Nguesso

5. de l’affirmation de l’unité nationale et du renforcement du caractère républicain de la force publique.

Pour rendre réalisable et effective cette problématique du Congo dans le contexte politique actuel, la clé réside dans la consolidation structurante des forces politiques et sociales congolaises, base essentielle pour construire l’avenir du Congo et interrompre par tous les moyens constitutionnels, le règne politique du pouvoir injuste du PCT.

Nous en appelons à la lucidité, au courage et à l’esprit républicain des patriotes et démocrates congolais de l’intérieur comme de la diaspora pour que leur rassemblement s’approprie cette problématique.

La déclaration du président de la République, en lançant le dialogue de Sibiti, est la preuve que le modèle incarné par le président Sassou-Nguesso est politiquement dépassé. Il ne correspond plus aux attentes des Congolais. Il s’y fait jour une grave crise de méthode qui trahit la volonté du président de la République de ne trouver des solutions aux problèmes du Congo qu’à l’intérieur de son clan par un dogmatisme d’autorité.

C’est ainsi que, de façon unilatérale, l’ordre du jour de ce dialogue a été imposé. La commission préparatoire du dialogue, à sens unique, toute constituée des gens du pouvoir, est contre le principe d’équilibre, de consensus et de représentativité nationale. Ce à quoi s’est ajouté le caractère expéditif du dialogue comme pour en finir avec une affaire à laquelle nul ne croit, et qui n’aurait été convoquée que pour contrer l’aspiration populaire au changement du régime.

Mesdames et messieurs,

Notre présence à ce monologue, n’a jamais été souhaitée, pour n’avoir pas répondu favorablement aux consultations organisées à la présidence de la République sur la vie de la Nation et de l’Etat, en réalité sur la réforme des institutions, formule malicieuse pour tenter de diluer le funeste projet de changement de Constitution.

Dans sa volonté de s’offrir un mandat à vie qui est sa seule préoccupation, le président de la République a progressé complètement masqué pour tenter de tromper la vigilance du peuple Congolais. Mais pour son malheur, notre peuple veille et le masque vient de tomber… à Sibiti.

En effet, à la suite de ce qui s’est passé à Sibiti, on observe que :

1. Il n’y a pas eu de consensus sur les 2 questions inscrites à l’ordre du jour ;

2. Les participants au dialogue de Sibiti, devant cette impasse, s’en sont remis au Président de la République, initiateur du dialogue pour qu’il en tire les conséquences conformément à ses prérogatives constitutionnelles !

Or nous savons tous que les dites prérogatives ne lui donnent aucune possibilité de changer la Constitution du 20 janvier 2002.

Autrement dit, le PCT et ses affidés ont botté en touche pour se sortir de cet imbroglio. A malin, malin et demi, monsieur le Président ont-ils semblé dire au président Sassou-Nguesso. Bravo donc au PCT et à ses affidés pour leur attachement inattendu au respect de l’ordre constitutionnel ! Au final, monsieur Sassou-Nguesso se retrouve aujourd’hui SEUL devant sa conscience et devant l’Histoire !

Face à cela, le Forum alternatif des Forces politiques et sociales est la légitimité historique d’aujourd’hui. Il nous revient de capitaliser cette légitimité, de savoir nous en servir en modifiant le rapport de forces dans le pays. Nous en avons les moyens et les capacités. Le peuple congolais est avec nous. Nul ne lui résistera.

Au sortir de ce Forum alternatif, dont la vocation est de dénoncer la mise en œuvre du projet anticonstitutionnel de changement de Constitution et de refuser ce que l’on veut nous faire accepter comme consensus, la Nation congolaise doit être prête pour le changement dans le pays.

L’année 2016 n’est pas seulement la fin légale du mandat du président Sassou Nguesso, c’est également la fin de son système et la marche vers l’alternance démocratique avec une ère nouvelle qui tranche avec l’ancien régime.

D’ores et déjà avec notre légitimité historique reconquise, accélérons ce mouvement populaire.

Faut-il le rappeler, aussi bien au sommet de l’Elysée d’août 2013 qu’à celui de Washington en août 2014, sans omettre le sommet de la Francophonie de Dakar en 2014, et dernièrement au Bénin, la France et les USA ont rappelé aux présidents africains, leur attachement à ce qu’en Afrique, comme partout ailleurs, soient respectés les échéances électorales et les textes constitutionnels, la stabilité des institutions conditionnant en effet celle du pays.

L’heure n’est plus aux approximations et aux schémas hasardeux de sortie de crise au Congo. Toutes initiatives politiques construites, orientées et maîtrisées par le pouvoir au détriment des intérêts supérieurs du peuple congolais pour créer dans l’opinion congolaise et internationale l’illusion d’une solution à la crise que le pays traverse, n’auront aucun effet bénéfique pour la Nation. Bien au contraire, elles aggraveront la crise.

Nous en appelons donc au peuple congolais pour qu’il refuse l’immobilisme destructeur que lui impose le régime du président Sassou-Nguesso particulièrement préoccupé par la conservation du pouvoir d’Etat.

Mesdames et Messieurs,

Nous demandons à toutes les bonnes volontés républicaines, aux démocrates et aux patriotes, de nous suivre afin que soit infléchie de manière décisive dans le sens des intérêts supérieurs du peuple congolais toute intention du pouvoir à s’éloigner de ces intérêts.

Car notre combat est noble et le présent Forum Alternatif auquel nous souhaitons pleins succès, devra le prouver à travers ses propositions et recommandations sur la Gouvernance Électorale et le Respect de l’Ordre Constitutionnel qui sont les deux thèmes inscrits à son ordre du jour et soumis à la sagacité des Délégués.

Je déclare ouvert le Forum alternatif des Forces politiques et sociales hostiles au changement de Constitution.

Vive le Congo, Vive la République Vive la Démocratie.

En avant tous pour l’alternance démocratique autour des forces politiques et sociales du pays.

Je vous remercie.

Brazzaville, 26 JUILLET 2015

PRÉSIDENT GUY ROMAIN KINFOUSSIA