Dans le débat sur le changement ou non de la Constitution du 20 janvier 2002 et la question du dialogue national, l’U.d.r-Mwinda (Union pour la démocratie et la République), qui avait déjà associé sa voix à celles des autres partis de l’opposition, est montée au créneau, pour réitérer sa position.
C’était au cours d’une conférence de presse animée, vendredi 27 mars 2015, à l’hôtel Le Phoenix, à Brazzaville, par Guy-Romain Kinfoussia, président de cette formation politique.
A cette occasion, ce dernier s’est indigné devant l’attitude du pouvoir qui a réservé une fin de non-recevoir à la demande pressante de l’opposition de convoquer le dialogue national inclusif avant la fin du mois de mars. «Faire la sourde oreille n’est pas la solution pour un homme qui a en main le destin de notre pays», a-t-il déclaré.
Tout d’abord, Guy-Romain Kinfoussia s’est dit honoré de tenir sa rencontre au cours du mois de mars, célébré comme le mois de la femme. «Il a, aussi, hélas, pour nous Congolais, une connotation douloureuse. L’U.d.r-Mwinda voudrait se saisir de ce jour pour s’incliner humblement sur la mémoire des victimes de la barbarie politique du 18, 22 et 25 mars 1977 et du 4 mars 2012», a rappelé le président de l’U.d.r-Mwinda qui a fait observer une minute de silence en mémoire des victimes que rappellent ces dates.
Rentrant ensuite dans le vif du sujet, Guy-Romain Kinfoussia considère le débat sur le changement de la Constitution comme un «vrai faux débat». D’ailleurs, il est définitivement clos pour eux. En revanche, il pense que c’est le président de la République lui-même qui est l’instigateur des stratégies du P.c.t et donc de la campagne sur le référendum constitutionnel. «Au lieu de s’inspirer d’un grand homme comme Nelson Mandela, le président Sassou-Nguesso préfère s’inscrire dans la logique du dictateur pour faire un coup d’Etat constitutionnel», a dit le conférencier qui reproche au président de la République de «faire la sourde oreille aux appels répétés de l’opposition qui lui a demandé de convoquer un dialogue avant la fin de ce mois de mars». Pour lui, le chef de l’Etat veut gagner du temps, pour ne prendre sa décision qu’après les Onzièmes Jeux africains dont il souhaite une préparation sans heurts. C’est tout le sens du: «Travaillons d’abord», estime-t-il.
«Retranché dans son autisme et fidèle à sa politique de pourrissement des faits, le président n’a toujours pas donné écho à l’appel de l’opposition, même pas au cours du dernier conseil des ministres, tenu le 25 mars 2015… Faire la sourde oreille n’est pas la solution pour un homme qui a en main le destin de notre pays», a-t-il poursuivi. Citant Charles Zacharie Bowao, il a dit: «Le Congo est à la croisée des chemins. Denis Sassou Nguesso est un homme seul face à son peuple, un mythe seul face à l’histoire, une légende seule face à l’avenir. A lui de savoir et de savoir-faire. Sa sortie intelligemment négociée est une promesse à tenir, qui fait signe à la capacité des Congolais à se projeter dans un avenir épanoui». C’est pourquoi il appelle le chef de l’Etat à écouter la voix de la sagesse qui a toujours caractérisé, selon lui, les grands hommes devant l’histoire. Car, pour lui, le président Sassou-Nguesso n’est pas le seul homme capable de diriger le pays: «Avant lui, il y a eu des chefs d’Etat. Après lui, il y aura d’autres chefs d’Etat. Le Congo ne mourra pas».
Convaincu que le combat de l’opposition est juste, Guy-Romain Kinfoussia a laissé entendre que ses leaders devraient plutôt se battre collectivement. «Nous allons tout faire pour que le président Sassou ne trouve, en face de lui, qu’une opposition groupée et unie. En 2016, il doit partir. Nous allons le pousser dehors, en toute tranquillité et il partira», prédit-il. Rien ne fera peur à l’opposition, même si, selon lui, «le pouvoir est prêt à tout, pour demeurer en place, en réaffirmant sa volonté d’attenter à la tranquillité et à la paix du peuple congolais, par l’achat et l’exhibition publique d’armes et de munitions de destruction massive, la réactivation des milices, le recrutement des ex-combattants dans la police publique, le recrutement et le positionnement des mercenaires et autres ex-combattants dans certaines contrées de notre pays».
Il est convaincu que les dirigeants de l’opposition resteront fermes sur leur position: «Nous ne sommes pas des gens qu’on peut piéger. Nous sommes des responsables lucides et pleins de discernement».
Enfin, Guy-Romain Kinfoussia s’en est pris aux membres du gouvernement et pour cause: «Ils n’osent pas prendre des décisions; ce sont des bénis oui-oui. Au cours d’un conseil des ministres, ils sont comme des enfants dans une salle de classe, avec le maître qui a un fouet. Ils n’osent pas parler et quand ils demandent la parole, ils lèvent le petit doigt, en regardant le voisin qui est à côté».
Pourquoi leur fait-il ce reproche? Parce qu’à ses yeux, «ce sont des gens qui ne peuvent pas entériner les décisions du dialogue. C’est pourquoi, en théorie, il est mieux d’avoir une structure autre qui gère ce problème».
Cyr Armel YABBAT-NGO
Source La Semaine Africaine